Reprenant nos entretiens sur les trois aveugles qui ont été guéris par le Seigneur, nous allons maintenant parler des obstacles qui se sont dressés entre eux et leur guérison.
De celui de Bethsaïda en Marc 8, il est dit qu’après lui avoir touché les yeux avec sa salive, Jésus lui a demandé s’il voyait quelque chose et il a répondu : "J’aperçois les hommes, mais je vois comme des arbres et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand il regarda fixement, il vit tout distinctement".
De celui de Jéricho en Marc 10, il est dit. " …il se mit à crier…plusieurs le reprenaient pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort: Fils de David, aie pitié de moi !"
De celui de Jérusalem en Jean 9 il est rapporté tant de choses que toute une étude devra lui être consacrée.
Ces trois situations vont illustrer pour nous les obstacles qui, de tout temps, se sont tenus entre les hommes et le salut que Dieu voulait leur donner. Il ne faut jamais oublier que Satan ne lâche pas facilement ses victimes. Ce n’est jamais sans lutte que l’on entre dans le royaume de Dieu. Jésus a d’ailleurs dit : "Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite car je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas" (Luc 13 :24). Celui qui se décourage facilement et qui n’a pas un minimum de persévérance ne peut jamais espérer entrer dans le salut de Dieu, mais si nous y tenons vraiment, l'enfer aura beau amonceler une montagne d’obstacles sur votre chemin, le Seigneur d’un revers de main les balaiera tous. S’il y a en nous la détermination qu’il y avait chez Bartimée, tout ira bien.
I
.- Quand le Seigneur l’a appelé, il s’est mis debout d’un bond et il a jeté son manteau; il ne voulait pas d’entrave et cela nous montre l’ardeur de son désir. Quand Jésus lui a posé la question: "Que veux-tu que je te fasse", il n’a pas confondu autour et alentour; il est allé droit au but et dans une courte phrase qui démontrait sa ténacité, il a répondu: "Seigneur que je recouvre la vue". Bartimée savait ce qu’il voulait, parce qu’il connaissait quel était son besoin.Avons-nous compris quel était notre besoin numéro Un ? Y a-t-il quelqu’un qui dise: "Je veux que mon âme soit sauvée"; quelqu’un qui dise: "Je veux voir clair quant à l’éternité"; quelqu’un qui se dise: "Je veux savoir où j’en suis quant à l’au-delà" ? ! Y a-t-il quelqu’un qui, comme le patriarche Jacob autrefois, dans un combat homérique avec Dieu a dit: "Je ne te laisserai pas partir que tu ne m’aies béni". De tels hommes sont sûrs de trouver Dieu au bout de leur recherche, d’autant plus que Dieu a fait la promesse que voici: "Je me laisserai trouver par vous, dit l’Eternel, si vous me cherchez de tout votre cœur" (Jérémie 29 :13). C’est la promesse de Dieu à tous ceux qui se confient sérieusement en lui.
L’obstacle des convenances
.Précisons maintenant l’obstacle qui contrecarrait la guérison de l’aveugle de Jéricho. Quand Bartimée entendit que c’était Jésus qui passait par là, il éleva la voix et cria: "Fils de David, Jésus, aie pitié de moi". Il n’avait pas fini cette phrase qu’immédiatement la plupart de ceux qui étaient là, lui ont dit: Silence, tais-toi, ne crie pas si fort, n’ameute pas tout le quartier !
Il s’est trouvé là des gens qui l’ont empêché de venir à Jésus. Comment allons nous appeler cet obstacle, si universel qu’il se retrouve à tous les niveaux de la vie des hommes ? Nous allons l’appeler l’obstacle des convenances. Pour actualiser mon propos, je dirai que quelqu’un lui a dit : " Ne criez pas si fort, voyons !". Un autre lui a dit : "Monsieur, il y a des endroits pour crier, dans un stade, dans les hauts parleurs de la publicité électorale ou dans les micros d’un chanteur de pop, mais pas ici !" Un autre est venu lui dire: "Mon cher, quelle idée de gaspiller les décibels alors qu’on nous parle d’économies !". Un autre, probablement agent de police, lui a signifié sans ménagement: "Monsieur, l’échappement libre est interdit !". Un cinquième lui a dit : "Quelle idée de se faire remarquer comme un mal élevé !". Un sixième lui a dit: "Maîtrisez-vous et mettez une sourdine à vos élans je vous prie !". Et un septième lui a dit: "De la tenue mon cher, de la retenue".
C’est là l’obstacle des convenances. J’admets que la Bible nous parle des convenances et dans le grand chapitre de l’amour, 1 Corinthiens 13, il est dit que "l’amour ne fait rien d’inconvenant". Mais mettez-vous à la place d’un homme qui a été aveugle toute sa vie. Pis encore, mettez-vous à la place d’un homme qui sent tout à coup que l’horrible fournaise de l’enfer va absorber son âme et qui, dans la seule occasion qui lui est donnée d’être sauvé, crie à Dieu à la fois son désespoir et son espoir, croyez-vous que cela soit inconvenant ? Eh bien, quitte à passer pour un excentrique, si mon salut dépendait d’un rugissement, fut-ce en présence d’un président, d’un roi ou d’un empereur, je pousserais ce rugissement. Mes amis, j’aime mieux aller au ciel en bousculant le protocole que d’aller en enfer en le respectant.
D’ailleurs on crie à haute voix pour moins que çà. J’ai une fois fait du camping dans le Midi de la France, au Grau du Roi. La nuit commençait à tomber quand notre petit garçon de 8 ans s’est égaré. Il y avait des kilomètres de plage et des milliers de tentes. Je vous assure que j’ai mis les convenances de côté; les mains en porte-voix et au maximum de la force de mes poumons j’ai crié à tue-tête jusqu’à ce qu’on le retrouve. Bartimée va-t-il laisser passer l’occasion d’être sauvé par souci du "qu’en dira t-on ? ". Dans le monde on élève la voix pour beaucoup moins que çà. Que deux hommes se disputent pour des motifs peu recommandables et les conventions sont mises de côté. La Bible nous raconte que dans une autre occasion les hommes se sont opposés à la résurrection d’une jeune fille en disant à son père qui venait chercher du secours auprès de Jésus : "N’importune pas le maître ! ". Les hommes trouvent que c’est inopportun de "forcer la dose", pourtant c’était pour Bartimée la seule occasion d’être sauvé. Cinq minutes plus tard et c’eût été trop tard. C’est pourquoi la Bible dit : "Insiste en temps et hors de temps". Une autre fois ce sont les prêtres qui se sont fâchés tout rouge parce que le Seigneur avait guéri un homme le jour du sabbat et ils ont dit : "Il y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là ! ". Mais demain ce n’est jamais le jour de Dieu. La Bible dit : "Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur", et jamais demain parce que demain ne nous appartient pas.
On raconte que le Prince Impérial, le fils de Napoléon III et d’Eugénie de Montijo, depuis tout petit avait développé l’habitude de répondre à propos de tout, "attends encore un peu". Quoiqu’on lui dise et qu’on lui demande de faire, il répondait "attends encore un peu" et, devenu grand, il n’avait jamais perdu cette habitude. Un jour que, devenu homme, il faisait partie d’une expédition britannique dans la terre des Zoulous, ils avaient mis pied à terre. Tout à coup ils se trouvèrent entourés par une armée de sauvages. On a crié : "à cheval, on part"; il a dit "attends encore un peu", juste le temps pour qu’une sagaie siffle dans l’air et le transperce. C’est ainsi que le Prince Impérial de France est mort sur la terre des Zoulous parce qu’il a dit : "attends encore un peu". J’affirme avec la Bible qui est la Parole de Dieu que aujourd‘hui est le seul jour de notre vie dont nous soyons sûrs.
Et puis, je constate que ceux qui ont fait taire Bartimée ont agi comme si Jésus n’était pas venu pour lui. Quelle incompréhension de la part des hommes concernant les plans de Dieu ! Avis à ceux qui veulent se confier aux hommes !
Ce qui me frappe et qui me touche, c’est que, si dans les cris de Bartimée les hommes n’ont entendu qu’une clameur, Jésus, lui, y a entendu un appel. Et là encore nous mesurons toute la distance qui sépare le divin de l’humain. Soyez-en sûrs, les hommes viendront toujours avec des arguments qui ne sont que des obstacles pour dire : "La conversion n’est pas nécessaire; il n’est pas nécessaire de venir à Jésus-Christ d’une façon personnelle". Il faut leur résister. Quand on lui a dit de se taire, l’aveugle a crié de plus belle, aussi fort qu’il le pouvait.
La Bible dit : "Résistez au diable et il fuira loin de vous" et "Le royaume de Dieu est forcé et se sont les violents qui s’en emparent". Il a fallu que Bartimée se fasse violence, il a crié plus fort et le Seigneur l’a entendu. Il a vaincu l’obstacle des convenances.
II
.- Nous passons maintenant à l’aveugle de Jérusalem.Cet aveugle-là n’avait pas d’autres obstacles que la cécité. Admettons que c’était un obstacle de taille, mais il n’était pas différent de celui des autres. Et si cet homme n’a pas eu ses difficultés avant, il va les avoir après sa guérison. N’oublions jamais que Satan conteste toujours les victoires de Jésus-Christ. Et notre homme ne perd rien pour attendre, parce que si les difficultés des autres nous sont résumées en quelques versets seulement, un paragraphe de 21 versets va faire l’objet des obstacles que va rencontrer cet homme.
III
.- Passons maintenant aux obstacles rencontrés par le troisième aveugle, celui de Bethsaïda.Quels étaient ses problèmes ? Outre sa cécité, cet homme avait deux gros problèmes. Le premier c’était qu’il vivait dans le climat d’incrédulité propre à la ville de Bethsaïda, dont nous avons parlé précédemment. C’est une ville dont le Seigneur avait dit : "Malheur à toi Bethsaïda, car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome et Gomorrhe, il y a longtemps qu’ils se seraient repentis sur le sac et la cendre". Les gens de Bethsaïda étaient non seulement adonnés, mais ils étaient même abonnés au scepticisme. Le climat d’incrédulité de la ville de Bethsaïda était suffisant pour contrecarrer l’œuvre du Seigneur. Alors Jésus a pris l’aveugle par la main et il l’a fait sortir de cette ambiance de perdition; il l’a fait aller à contre-courant afin d’être seul avec lui pour mieux l’entreprendre et le guérir. Maintenant, sortir tout seul de cette ambiance mortelle, l’aveugle ne pouvait le comprendre, ni le faire de lui-même. Aussi Jésus ne le lui a-t-il pas demandé, il le lui a imposé d’office. Parfois la Providence, pour nous amener au salut, nous détache d’amis dont la compagnie ne saurait nous être profitable. Je ne sais pas si le geste du Seigneur fut doux, ferme ou contraignant, mais je sais qu’il s’est fait malgré l’intéressé. Le Seigneur l’a pris par la main et l’a fait sortir de sa ville. La nécessité d’une mise à l’écart ne nous vient pas toujours à l’esprit, ni ne nous apparaît pas comme impérieuse. La main de Dieu qui nous éloigne de nos funestes entreprises ne se discerne pas toujours du premier coup.
Il y a peut être parmi ceux qui me lisent quelqu’un qui pense: "Si vous saviez par quels chemins je passe ces temps-ci ; je suis tiré de mes projets, de mes habitudes, de mon milieu, tout est bouleversé, tout est bousculé, je tourne en rond. Je ne sais plus où j’en suis." Voyez-vous, à cause de notre aveuglement et de notre endurcissement, l’amour de Dieu doit parfois se faire contraignant.
Et il s’appelle l’accident, le deuil, le séjour en clinique, l’opération délicate, afin que nous soyons tout seul avec le grand médecin qui veut nous sauver. Jésus l’a fait sortir de son milieu pour être seul avec lui et le guérir.
Les obstacles personnels
.Mais cet aveugle avait aussi des obstacles personnels. Non seulement il y avait son entourage, les autres, mais il y avait aussi lui-même. Il avait des problèmes au point que, si vous avez bien suivi le récit, la guérison s’est faite en deux temps. Il est arrivé au plein salut mais par paliers. Il est vrai que certains n’arrivent à l’assurance du salut, à la lumière de l’évangile, que graduellement. Ils entendent l’évangile une première fois, peut être cinq fois, peut être cent fois avant d’être sauvés. Une certaine foi (ou une foi incertaine) naît en eux. Pour un temps, bien que touché par l’Esprit de Dieu, influencés par l’évangile, leur vision reste imprécise. C’était d’ailleurs mon cas; j’ai eu une conversion assez radicale, du jour au lendemain ma vie a été bouleversée. Mais j’ai dû apprendre à voir clair dans cette nouvelle vie dans laquelle Dieu m’avait introduit. Car j’avais des idées préconçues, démesurées, distordues sur la vie de foi, et j’ai dû réviser plus d’une conception erronée due à ma jeunesse, à mon immaturité, mon éducation, mon inexpérience et mon ignorance. J’ai du réajuster beaucoup de choses dans cette nouvelle vie. Et aujourd’hui, quand je me retourne et que je pense à ce chemin parcouru, je m’émerveille de la patience du Seigneur envers moi et de la patience de son Eglise. Comme Jésus a imposé les mains à cet homme, plusieurs de mes vieux frères chrétiens m’en ont imposé par leur spiritualité. Puis ils m’ont accordé l’imposition de leurs bons conseils et de leur expérience tandis que Dieu, lui, s’imposait à moi par sa Parole et par son Saint Esprit. Et ma vision s’est clarifiée. Dieu ne fait jamais son travail à moitié. Il est écrit : " Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre, il l’achèvera… ". (Philippiens 1: 6). C’est ce qui s’est passé dans le cas qui nous intéresse. Le Seigneur l’a touché, la lumière est venue en lui mais, d’après ses réponses, on comprend qu’il ne voyait pas encore parfaitement.
Cette première partie de vision qui n’est pas complète, nous allons l’appeler "une expérience" et la deuxième partie "la sanctification ".
Faire, comme certains le disent, une expérience est une chose; la sanctification en est une autre. Peut être que quelqu’un demandera ce que veut dire ce mot savant "sanctification" ? C’est le progrès dans ce qui est saint, d’où le mot sanctification. De même il ne faut jamais mélanger les deux mots "salut" et "sanctification". Il faut laisser à chacun sa spécificité, mais Dieu fait toujours suivre le salut de la sanctification. Les deux sont inséparables au point qu’il est écrit que "sans la sanctification personne ne verra le Seigneur" (Hébreux 12 : 14).
Je voudrais vous faire voir ce qui arrive quand on se contente d’une expérience de surface, d’une émotion qui vous court le long de l’échine dorsale, comme lorsque le messager est éloquent ou qu’il a une belle plume, lorsqu’on entend de beaux chants, qu’une certaine émotion traverse l’auditoire. Il se passe alors ce qui s’est passé chez cet homme pourtant indiscutablement touché par le Seigneur. Quand Jésus lui a posé la question : " Que vois-tu ?" il a répondu : "J’aperçois des hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent". Il a associé deux choses impossibles: des hommes et des arbres qui marchent ! Son explication est bancale parce que sa vision est bancale.
Et s’il en était resté à ce stade-là, sa vie aurait été à la mesure de sa vue, c’est à dire rocambolesque. Et croyez-moi, je parle sérieusement, je rencontre de plus en plus de rocamboles de la religion aujourd’hui. Des gens me disent : "J’ai vu ceci, j’ai entendu cela, le Seigneur m’a dit, j’ai ressenti… ". Ils en ont de la chance ! moi je ne vois rien, je n’entends pas des voix et je ne ressens rien. D’ailleurs si j’avais tout cela je n’aurais plus la foi parce que la foi c’est le contraire de voir, d’entendre et de ressentir. Il est écrit que "la foi vient de ce qu’on entend de la Parole de Dieu" (Romains 10 : 17).
Et quand ces gens vous racontent ce qu’ils ont vu ou entendu ou ressenti, rien ne cadre avec la Parole de Dieu ou même le simple bon sens. J’ai entendu un homme dire publiquement : "Quand j’ai reçu le Saint Esprit dans ma vie, croyez-le ou non, mais il ne m’est pas entré par les yeux, ni par les oreilles mais il m’est entré par la plante des pieds ! !". Et quand on entend des inepties de ce genre à la radio, à la télévision, dans des livres ou dans des réunions publiques, l’impression générale qui se dégage c’est qu’on se demande si ces gens ne sont pas tombés sur la tête. Remarquez que dans le cas de cet aveugle, ce n’est pas sa sincérité qui est sujette à caution, c’est sa vision. Son explication vaut ce que vaut sa vision et sa vision ne vaut rien. Ça ferait sourire si ce n’était pas si triste. Il raconte ce qu’il voit et rien n’est exact ni dans la taille, ni dans les proportions, ni dans le mouvement. Il regarde des hommes et il les voit comme ils ne sont pas, ou plutôt plus grands qu’ils ne sont. Pour bien juger des hommes et des choses et ne les voir ni trop grands ni trop petits ni autrement qu’ils sont, nous avons besoin de la lecture assidue et de l’étude sérieuse de la Parole de Dieu.
L’honneur de Dieu.
Dieu ne juge pas selon les apparences, il regarde au cœur. Et ceux qui se sont contentés d’une approche sentimentale de la conversion, ont du salut de Dieu une idée aussi monstrueuse que le serait un homme qui serait comme un arbre et un arbre qui marcherait. L’image qu’ils en ont et qu’ils en donnent tient de l’extravagance et du délire. Supposons que cet homme en soit resté à ce stade: quelle image aurait-il donné de Jésus-Christ ? Une demi-image ? Un quart d’image ? Même pas; rien, sinon une image déformée que personne ne pouvait prendre au sérieux. A ce stade de son expérience, est-ce qu’il peut dire : "Je sais une chose: j’étais aveugle et maintenant je vois" ? Absolument pas. A ce stade que vaut son témoignage ? Rien. A ce stade peut-il dire avec l’apôtre Paul : "vous êtes une lettre lue et connue de tous les hommes" ? Certainement pas. Quel crédit peut-on apporter à ses descriptions ? Aucun. Il aurait fourni aux ennemis du Seigneur une arme terrible, celle de la dérision. On aurait pu lui rétorquer avec ironie : "Si c’est ça ton petit Jésus, à d’autres, très peu pour moi !". Non, le salut de Dieu, l’évangile, ne se satisfait pas d’infantilisme. Si donc quelqu’un en est encore au stade embryonnaire des fantasmes religieux, il faut qu’il aille plus loin. C’est un grand évangile que l’évangile de Christ. L’apôtre Paul, l’intellectuel de la Bible, en parlant du salut n’a pas dit que c’était un salut ou un grand salut, il a employé le superlatif et il a dit : "Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?". N’aurions-nous pas honte d’habiter dans une bicoque biscornue ou de porter des habits mal coupés ? Nous avons de l’honneur pour nos personnes, si donc nous nous targuons d’appartenir à Christ, l’honneur de Jésus-Christ doit nous tenir à cœur. Et cet honneur c’est d’en donner une image aussi complète et aussi précise que possible.
L’intensité de la foi.
Ceci dit, ce que j’apprécie chez cet homme, c’est qu’il ne s’est pas contenté de demi-mesures. Il n’a pas dit : "J’ai fait une expérience avec le Seigneur, il m’a touché, je vois trouble, mais je vois, çà me suffit !". Non; il a voulu aller jusqu’à la pleine délivrance. Quand y est-il entré ? Il suffit de lire le verset 25 : "Quand il regarda fixement, il vit tout distinctement".
Ce qui laisse nettement sous-entendre qu’il ne l’avait pas fait la première fois. Il n’avait pas regardé fixement. La foi qui sauve réclame toute notre attention, toute notre force de concentration. Déjà le langage de l’Ancien Testament était : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée". Le Nouveau Testament dit la même chose : "Si tu crois de tout ton cœur". Ce n’est pas une foi molle, distraite, détachée vécue en dilettante . C’est au contraire une foi intense.
Quand dans le livre des Actes, l’évangéliste Philippe a rencontré le ministre de la reine d’Ethiopie, il lui a parlé de l’évangile ;et quand ils ont rencontré un endroit avec de l’eau assez profonde pour pratiquer le baptême, le ministre lui a demandé : "Qu’est ce qui m’empêche que je ne sois baptisé ?". Philippe lui a répondu dans le même sens que Paul en Romains 10 :9 "Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible". De même, c’est quand il regarda fixement, qu’il vit tout distinctement. Ainsi la foi requiert cette attention particulière. Jésus a dit : "Celui qui contemple le Fils et qui croit en lui a la vie éternelle". Ce qui sauve, c’est un regard de contemplation où la foi de l’âme est toute entière engagée.
Maintenant, comprenez-moi bien, je n’ai pas voulu dire que nous étions sauvés par l’intensité de notre réflexion et de notre raisonnement; pas du tout. Le salut tout entier est l’œuvre de Jésus-Christ, ce n’est pas le fruit de nos œuvres et de nos efforts, mais ce grand salut quand il est reçu, a de grandes exigences. La Bible nous apprend que "celui qui est en Christ est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées, voici, toutes choses sont devenus nouvelles". C’est-à-dire que quand on reçoit Jésus dans son cœur, cette puissance qui l’accompagne nous appelle à voir les choses autrement, avec d’autres yeux. En langage d’aujourd’hui, c’est voir l’autre sexe avec d’autres yeux et on sait comment les hommes regardent les femmes et ce n’est pas toujours édifiant. C’est voir l’argent sous un autre angle, fréquenter d’autres personnes, prendre de nouvelles habitudes, un nouveau langage et acquérir une nouvelle mentalité. Regarder fixement, voir en face que "la grâce de Dieu nous est apparue et nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux convoitises mondaines et à vivre dans le siècle présent sobrement, justement et pieusement, en attendant la venue du Seigneur". (Tite 2 :11-13)
Ce programme est grand, il nous dépasse; mais laissez-moi vous dire qu’aujourd’hui comme autrefois il y a une formidable puissance de transformation cachée dans la prédication de la Croix. Il est écrit "qu’il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient par la prédication de la Croix", et cette puissance dépasse de beaucoup cette énergie, pourtant mystérieuse qui, sans explication possible, à redonné la vue aux aveugles. La Bible nous révèle que la transformation d’une vie, le salut d’un homme est possible parce qu’un jour, il y bientôt vingt siècles, à la Croix, en dehors des murs de Jérusalem, un homme qui n’était autre que Dieu fait homme, a porté les péchés des hommes et les a expiés jusqu’au dernier. Il a porté là nos aveuglements, en un mot "nos péchés", car ne l’oublions pas, ce sont bien nos péchés qui nous aveuglent, qui nous châtient, qui nous font souffrir et qui nous préparent pour les ténèbres du dehors, où il y a des pleurs et des grincements de dents. Sur la Croix, Jésus-Christ a connu l’aveuglement de midi parce que, à midi juste, au moment où le soleil était à son zénith, la lumière est partie.
Et pendant trois longues heures, l’infini de sa personne, l’infini de son âme pure, a connu les ténèbres de l’abandon. Le prophète Esaïe a dit que: "Ce sont nos péchés qui ont fait séparation entre nous et notre Dieu" et il a ajouté : "L’Eternel a mis sur Lui les péchés de nous tous". Et la preuve que Jésus-Christ sur la Croix a fait totalement corps avec nos péchés, c’est qu’il s’est écrié: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ?". Il était séparé de Dieu pour que nous ne le soyons jamais. Mais il a été plus loin que ces ténèbres-là; il a sombré pendant trois jours dans la nuit de la mort. Il est entré dans le repère du prince des ténèbres, dans l’antre du lion rugissant. Tous ceux qui y sont entrés avant lui, n’en sont jamais sortis car, comme chacun le sait, le cimetière n’a jamais lâché sa proie. Lui aussi a été conduit à la tombe, mais le grand matin du dimanche de Pâque, il sortait triomphant des
mondes infernaux. Il en sortait plus puissant, plus accessible et plus présent que jamais. La démonstration était faite une fois pour toute, que la grande inconnue de l’au-delà était levée. La redoutable puissance des ténèbres avait lâché prise, elle était vaincue par Jésus-Christ dans le triomphe de sa résurrection.Qu’est que cela veut dire pour vous et pour moi ? Cela veut dire que ceux qui n’avaient qu’une seule et triste certitude dans la vie, celle du cimetière, ont maintenant, par la foi en un Sauveur mort pour leurs péchés et ressuscité pour les rendre justes, la prodigieuse assurance de la vie éternelle.
Je voudrais lire maintenant un dernier texte au chapitre 17 des Actes des Apôtres, où l’apôtre Paul poussé par l’Esprit de Dieu a dit cette parole tellement bien appropriée : "Dieu a voulu que les hommes cherchent le Seigneur, et qu’ils s’efforcent de le trouver en tâtonnant".
Nous avons là l’image de l’aveugle qui tâtonne. Le texte continue par ces mots "…bien, qu’il ne soit pas loin de chacun de nous…". Dieu a voulu que nous le cherchions en tâtonnant, mais à cela il ajoute : "Je me laisserai trouver par vous, dit le Seigneur, si vous me cherchez de tout votre cœur" (Jérémie 29 :13).
La décision
.Il y a quelques années , j’étais l’orateur invité à Bruxelles pour une longue série de conférences, appelée campagne d’évangélisation, dans une des plus grandes salles de la capitale. Ce fut, je le pense, une campagne bénie où plusieurs dizaines de personnes ont trouvé le salut. Il y avait là un jeune homme élevé dans la religion catholique par une famille pieuse. Jeune encore, il avait des aspirations vers Dieu. Il a pensé que comme le prêtre était le représentant de Dieu, il vivrait plus près de Dieu en vivant plus près du prêtre. Il s’est donc fait enfant de chœur et il servait la messe. Mais comme beaucoup, déçu, puis devenu indifférent pour des raisons qu’il n’a pas expliquées, il s’est écarté de ce chemin et il s’est éloigné de Dieu. Il a vécu dans les plaisirs du monde et a cherché en vain la paix du cœur dans les philosophies orientales. Il est tombé de plus en plus bas moralement, physiquement, financièrement. Un jour qu’il se promenait dans la grande forêt qui ceinture Bruxelles, devant ces grands hêtres qui parlent de la création de Dieu, il a eu comme un élan vers ce Dieu qu’il ne connaissait pas et il a formulé cette prière embryonnaire : "Ô Dieu, si vous vous révélez à moi, je vous servirai". Il a oublié sa prière et quelques années ont passé. Un jour qu’il allait à un rendez-vous mondain, il fut invité à assister à une de nos conférences. Il a dit de façon discourtoise à celui qui l’invitait : "Aller là où il y a quatre pelés et deux tondus, non, merci ; très peu pour moi !". Mais la personne a insisté pour qu’il vienne et, se ravisant, il est venu ce soir-là. Au lieu du petit nombre auquel il s’attendait, il a trouvé une salle pleine qui débordait tellement qu’on avait mis des téléviseurs en relais dans d’autres salles. Quand il a entendu cette foule chanter l’évangile il y a eu un premier frémissement dans son âme.
Il a ensuite écouté la prédication qui ce soir-là portait sur le Fils Prodigue. Et au fur et à mesure que je parlais de ce fils égaré, il se reconnaissait dans cette description. C’était au point qu’il se disait : "Mais cet homme connaît toute ma vie: il décrit tout ce que j’ai fait; j’espère qu’il ne va pas encore dire çà ! !". Et, paraît-il, je disais le çà qu’il craignait que je dise. Et à la fin, quand l’appel a été fait de se donner à Christ, il a craqué. Dans les sanglots et dans les larmes, convaincu de péché et de jugement par le Saint Esprit qui parlait à sa conscience, toute sa vie d’autrefois, toute cette boue remontait à la surface et il s’est donné à Jésus-Christ. Ce qu’il avait cherché pendant dix ans, il l’avait trouvé en une heure. Et c’était tellement réel, que un an et demi après sa conversion, il était pasteur d’une communauté évangélique de la banlieue bruxelloise. Ce sont là des miracles que Dieu fait encore aujourd’hui.
Cet homme qui était spirituellement aveugle avait trouvé la lumière du salut, non dans une nouvelle religion mais dans cette heure cruciale où il a rencontré Jésus-Christ et où il l’a reçu dans son cœur.
Cette expérience radicale peut devenir la vôtre, si vous le voulez. Pourquoi attendre des années pour avoir un salut que vous pouvez recevoir en cet instant, à l’endroit où vous êtes ? Comme ce jeune homme dont je viens de rapporter le témoignage, ouvrez votre cœur à Dieu et dites-lui dans une prière sincère:
"Dieu, j’admets que je suis aveugle; je ne sais pas où j’en suis quant au salut de mon âme; je tâtonne, je n’ai pas de certitudes devant la mort et l’éternité.
Dieu, ouvre mes yeux, pour que je voie les dangers que je cours et que je voie aussi la lumière de ton salut; entends mon appel au secours comme ton Fils a entendu l’appel de l’aveugle Bartimée.
Comme lui je crie : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi et sauve-moi !"