Chapitre 1, versets 3, 4 et 5
Nous
allons relire les 2 premiers versets pour bien situer le récit : «La
parole de l’Eternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï en ces mots :
Lève-toi, va à Ninive la grande ville et crie contre elle ! car sa méchanceté
est montée jusqu’à moi. »
Nous
étions arrivés là dans notre étude, et maintenant nous poursuivons avec le
verset 3 : « l’Eternel lui dit « lève-toi. et Jonas se leva, mais pour
s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit à Japho, et
il trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du transport, et
s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. »
Je
suis heureux d’avoir un petit quart d’heure en plus, à cause de l’absence
des chants, ce qui me permettra de traiter plus complètement ce verset 3 ce
soir ; j’espère que vous avez des estomacs spirituels capables
d’absorber l’étude « microscopique » ou au mot à mot de ce
verset.
En
premier lieu, Dieu avait des grandes choses en vue en envoyant Jonas à Ninive
qui commençait à menacer la Palestine et exerçait une influence négative sur
ses habitants. Des divinités assyriennes avaient déjà fait leur apparition en
terre Sainte. Par Jonas, Dieu veut se faire connaître à la fière cité
comme le Dieu suprême, le Dieu des dieux.
Deuxièmement,
Dieu voulait éloigner de l’esprit des princes assyriens, les projets
d’asservissement qu’ils nourrissaient en vue de l’annexion de la
Palestine. Il voulait anéantir leurs projets ou tout au moins en reculer l’exécution.
Troisièmement,
Dieu voulait, et cela est important, par sa seule parole,
humilier l’orgueil du plus puissant royaume de cette
époque.
Quatrièmement,
Dieu voulait déjà faire pressentir la vocation des païens, et par avance nous
parler de ce grand jour où la connaissance de l’Eternel remplira la terre et
où, comme c’est écrit, les hommes de toutes nations, peuples, langues et
tribus rechercheront le Seigneur et se prosterneront devant Lui.
Voilà
quel était le but de Dieu en envoyant son prophète, mais Jonas n’a compris
ni la pensée ni la volonté de Dieu. Chez lui, le patriote prévaut sur le
saint. Au lieu d’obéir à la vision céleste, il prend conseil avec lui-même.
Dans le langage du Nouveau Testament, il consulte la chair et le sang et
à l’ordre de Dieu « lève-toi » il se lève bien, mais dans une
obéissance à rebours il part en occident alors que Dieu l’envoie en
orient. On saisi ce que sa conduite peut avoir d’égoïste et de coupable.
Mais sous une forme ou sous une autre, ce malheureux penchant se rencontre
partout dans le monde. Si le bonheur pour l’homme est dans le sentier de Dieu,
la misère est dans le nôtre. Au début, comme dans le livre de Ruth, nous
appelons notre chemin, « Naomi », c’est-à-dire agréable, mais
nous ne tardons pas à découvrir qu’en réalité son vrai nom est « Mara »,
c’est-à-dire, amertume. Et comme le jeune prophète infidèle dont
l’histoire nous est racontée en 1 Rois 13 qui, sur le chemin de son erreur à
trouvé un lion pour le déchirer, Jonas sur son chemin, va aussi rencontrer la
tempête et se retrouver avec la mort dans l’âme.
L’Hyper-patriote !
Nous
allons nous poser une question : d’où lui vient cette répugnance à obéir
au commandemant divin?
-
Est-ce chez lui de la paresse, l’amour d’un certain repos charnel et
physique ou le manque de bonne volonté ?
-
Craint-il les dangers personnels ? A-t-il a peur d’aller dénoncer la
culpabilité de tout un peuple ? Mesure-t-il par avance la colère des
Assyriens ?
-
Peut-être a-t-il dit « qui est suffisant pour ces choses ? » mais
n’a pas ajouté cette la deuxième partie de la parole de Paul: « notre
suffisance vient de Dieu ».
Mais,
voyez-vous, il y a plus que cela ; Jonas est abusé par une fausse idée
religieuse. Jonas est imprégné des préjugés de son peuple ; il
n’entend pas que Dieu s’intéresse aux païens, et en tout cas, il ne veut
pas être l’instrument de la grâce de Dieu pour leur salut.
En cela Jonas rejoint les premiers chrétiens, les apôtres du livre des
Actes qui reprochèrent à Pierre d’avoir été annoncer l’évangile à la
maison du païen Corneille. On trouve dans cette attitude, le Juif tout entier.
Mais
il y a aussi chez Jonas un autre sentiment qui le préoccupe : sa vision de
prophète, éclaire sa lanterne patriotique ; et que voit-il ? Il voit
peut-être ce qu’Elisée a vu un jour. Je vais vous lire ce récit qui est
rapporté dans le 2ème livre des Rois au chapitre 8. Elisée
est envoyé prophétiser sur Hazaël le général en chef des armées Syriennes.
Il est dit ceci à partir du verset 11 : « Elisée,
l’homme de Dieu, arrêta son regard sur Hazaël, et le fixa longtemps, puis il
pleura. Hazaël dit : mais pourquoi mon seigneur pleure-t-il ? Et Elisée
répondit : Parce que je sais le mal que tu feras aux enfants d’Israël ;
tu mettras le feu à leurs villes fortes, tu tueras avec l’épée leurs jeunes
gens, tu écraseras leurs petits enfants,… » et le récit se
continue par une phrase que je ne vous lirai pas tellement elle est terrible.
Je
crois que Jonas, en tant que prophète, a aussi cette vision de la guerre. Il
voit Samarie occupée par cette puissance armée, il voit
l’affreux siège de Samarie, il voit ces monceaux de cadavres, il voit
la déportation et la cessation de l’existence de dix tribus d’Israël….
alors, non, non et non ! son patriotisme ne peut pas supporter ça !
Voyez-vous, ce que craint Jonas, ce n’est pas la destruction de Ninive, au
contraire, ce qu’il craint, c’est ce
qu’il va dire à la fin du livre au chapitre 4 au verset 2 : « Ah !
Eternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ?»
Et ce qui est au fond de son cœur jaillit ici ; « c’est
ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis, car je savais que tu es un Dieu
compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté et qui te
repens du mal ! »
Oui,
Jonas connaît le cœur de Dieu et il sait qu’au premier signe de repentance,
il va suspendre sa colère et ses jugements, et ça il ne le veut pas.
Triste fruit d’un patriotisme aveugle qui vous dessèche le cœur et
qui vous dégrade les plus beaux caractères. Dieu avait fait une promesse à
Israël : c’est que toutes les nations de la terre devaient être bénies
à cause d’Israël, et Jonas devait connaître cette prophétie. Le message
que Dieu lui envoie dire, était le prélude à son accomplissement final. Hélas,
Jonas était trop aveugle pour voir l’application de cette prophétie.
Où fuirais-je loin de sa face ?
Alors,
sa décision est vite prise et nous le voyons s’enfuir loin de la face de l’Eternel :
pauvre Jonas !
Est-ce
que Jonas ignore les fameuses paroles du psaume 139 : « Où
fuirai-je loin de ta face, et où irai-je loin de ton esprit ? »
Non bien sûr ! Il sait fort bien que partout où il ira, Dieu s’y
trouvera, mais il s’imagine que loin du pays promis, loin de la terre où le
Saint-Esprit rendait ses oracles, il serait allégé du fardeau prophétique. Il
ne pense pas que Dieu ne sera pas là, mais il espère que là où il va, Dieu
ne le saisira pas. Il essaie de se mettre dans une condition telle que Dieu ne
pourra plus lui parler ni le faire parler. Quelle
folie ! Ne sait-il pas que si lui, Jonas, se tais, les pierres
crieront ? N’est-ce pas aussi ce que Mardochée a dit à Esther ? « N’as-tu pas été suscitée pour un jour comme celui-ci ?
Si tu te tais, le salut et la délivrance viendront d’ailleurs ! ».
Mais, voyez-vous, Jonas est
tellement patriote qu’il n’en est plus prophète. A-t-il seulement
pensé ce qui arriverait si Dieu le prenait à son jeu, le laissait à
son entêtement et à son patriotisme étriqué ? Comment Jonas, tu n’as
pas peur d’aller enfouir ton talent comme Jésus nous l’a raconté, tu
n’as pas peur que Dieu prenne ce talent et qu’il le donne à un autre ?
Moi, j’ai toujours eu peur de cela ; j’ai toujours eu
conscience que le Seigneur m’avait appelé pour une tâche, et j’ai
eu la tentation comme n’importe qui de décrocher… un jour ou l’autre.
J’en ai parfois eu par-dessus la tête de certaines situations, mais j’ai
toujours pensé que si j’allais enterrer ce talent, le Seigneur me
redemanderait des comptes, et qu’il le donnerait à un autre. Si Dieu le
prenait à son jeu, Jonas se serait retrouvé,
au jour du jugement avec deux millions de doigts accusateurs pointés
contre lui.
Japho, Joppé, Jaffa, Tarsis !
« Jonas
se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit
à Japho, et il trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du
transport, et s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la
face de l’Eternel ».
Japho,
est une ville qui a porté trois noms comme aussi par exemple
Constantinople, Byzance et Istanboul . Japho c’est le nom de l’Ancien
Testament ; Joppé c’est celui du Nouveau Testament ; aujourd’hui
c’est Jaffa et ses agrumes.
-
Par contre on est moins au clair
en ce qui concerne Tarsis .
-
Les uns pensent que c’était la
Tarse du livre des Actes, éloignée de quelques deux cent lieues marines ;
-
D’autres pensent que c’était
Carthage sur les côtes d’Afrique du Nord, ou l’Espagne méridionale.
-
D’autres encore la voient dans
le golfe d’Akkaba, là où le roi Josaphat a fait construire sa flottille de
la Mer Rouge, des vaisseaux dit de Tarsis, pour aller chercher l’or d’Ophir.
-
On ne peut trancher sur ce point.
Selon d’autres sources il
s’agirait de parages lointains de la Méditerranée ou même de
l’Atlantique.
-
Le mot Tarsis désignait des
navires plus grands qui entreprenaient des navigations au long cours
par opposition aux plus petits bateaux qui ne faisaient que le trafic côtier.
Mais
là n’est pas l’important, Jonas s’enfuit vers Tarsis, même si nous
savons pas très bien où est la Tarsis dont il est ici question,.
Regardez
ce qu’il fait, il paie le prix de son passage, il paie le prix du transport,
mais bientôt il va devoir payer un autre prix ! Tel est juste dans ses
transactions avec les hommes et qui ne craint pas de voler Dieu ; Jonas
rend à César ce qui appartient à César, mais il n’a aucun scrupule de
ravir à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Remarquez
que Jonas ne calcule pas la dépense ; il paie le prix intégralement sans
discuter. L’homme qui suit son propre chemin est souvent avare pour Dieu et
pour le pauvre mais très libéral envers lui-même. Jonas paie le prix et monte
à bord.
Tarsis, l’exotique ?
Je
me permets ici de faire une petite digression (j’aime transposer mes scènes
bibliques au vingt et unième siècle ; ce n’est pas très sérieux, je
l’admets, mais je ne suis pas toujours sérieux non plus !).
Supportez-moi !
Qu’est-ce
qui l’a motivé pour aller à Tarsis ? Peut-être qu’en faisant la file
au guichet, il a été accroché par un panneau publicitaire, ventant les mérites
de Tarsis, ses hôtels quatre étoiles, ses plages de sable fin, le folklore régional,
ses eaux thermales, le nouveau téléphérique, l’eau courante chaude et
froide dans les chambres, la télévision par satellite, la salle de bains avec
un léger supplément pour le coffre-fort le « safe »
d’appartement… peut-être que c’est cela, qui l’a finalement décidé
pour Tarsis !
Toujours
est-il que nous le retrouvons à bord, lui le seul adorateur du vrai Dieu, au
milieu de tous ces païens idolâtres ; eux, tout à leur spéculation
commerciale, lui, tout à sa fuite honteuse ; eux, le cœur libre, vaquant
à leurs occupations ; lui, la conscience chargée et le cœur triste, se
rendant là où Dieu ne l’envoie pas pour chercher un repos qui s’éloigne
de lui, à mesure qu’il croit s’en rapprocher.
Maintenant,
plaignons Jonas, blâmons-le, mais ne lui jetons pas trop durement la pierre.
Bien sûr que son péché est grand, d’autant plus grand que précédemment
Dieu l’avait honoré d’un ministère béni et fructueux. Mais, soit dit
entre nous, quelle mission difficile que la sienne ! Il y avait ce long et
périlleux voyage, il y avait cette pénible proclamation, il avait à affronter
la fureur et peut-être plus que la fureur, le dédain, le mépris, la moquerie
des Assyriens, il y avait ses impressions juives à surmonter, son atavisme à
vaincre, puis sa vanité à immoler, il y avait aussi le « moi » à
crucifier, et chez Jonas, le « moi » était très grand.
Tout cela en fait une montagne devant laquelle, il défaille.
Les Jonas sont-ils rares parmi nous ?
Dites-moi,
les Jonas sont-ils si rares parmi nous ? Que le sentier de Dieu aille
en parallèle avec le nôtre et présente peu de difficultés, et nous nous
persuadons facilement que notre volonté s’harmonise merveilleusement avec la
volonté de Dieu. Mais que tout à coup le sentier de Dieu bifurque et qu’il
comporte des renoncements et des sacrifices, combien vite alors la chair qui est
en nous résiste, regimbe et se cabre. Combien alors nous ressemblons à Jonas !
Comme Jonas nous avons nos agréables Tarsis vers lesquelles nous entraîne
l’impétuosité de nos désirs secrets. Comme Jonas, nous avons nos Ninives
abhorrées que nous fuyons avec toute l’énergie de nos répugnances. Blâmons
Jonas pour le calcul odieux qui le fait partir dans un bateau, d’où, le
voudrait-il, il ne peut plus sortir et où il se met dans l’impossibilité
d’aller là où Dieu l’envoie. Mais nous, nous n’agissons pas autrement
quand, pour nous dispenser d’accomplir la volonté de Dieu, nous nous créons
des devoirs, nous multiplions des occupations qui ne nous laissent plus le
loisir de faire une visite, de pratiquer l’hospitalité ou de servir le
Seigneur. Nous trouvons mille et un prétextes pour nous taire et pour ne
pas annoncer l’évangile à nos semblables. Or, le message que nous avons à
annoncer, n’est pas aussi pénible que celui de Jonas. Bien sûr, il comporte
une idée de jugement, mais qu’avons nous à annoncer au monde sinon ce que
Ephésiens 3 :8 appelle les
insondables richesses de Christ? Nous aussi nous redoutons la froideur des
gens, leur mépris, et leur sourire moqueur. Nous aussi nous redoutons la perte
d’un avantage, la perte d’un client, d’une relation. L’égoïsme en nous
calcule, alors que l’amour devrait déborder. Comme des nouveaux Jonas, nous
fuyons dans le replis et le silence. Oui, quelque part nous sommes membres
de sa famille.
Embarquement immédiat.
La
bible nous dit qu’il s’embarqua ; voyez-vous, nous faisons du mot à mot car
ce récit est riche, chaque mot a sa valeur et vaut son pesant d’or. Il
s’embarque et la Providence paraît être de son côté, les circonstances
semblent lui donner raison. Un léger vent favorable gonfle les voiles du bateau
qui quitte le port de Japho. La Méditerranée est calme, la mer est d’huile.
La scène qui nous est ici décrite est semblable
à celle du livre des Actes au chapitre 27, où les armateurs du navire
ont pris l’avis du pilote au lieu d’écouter la parole prophétique de
l’apôtre Paul. Ils ont hissé les voiles et un léger vent vint à souffler ;
il est écrit : « se croyant maîtres de leur destin, de leur
dessein… »… et vogue la galère !
Le
bateau emporte Jonas, déjà les côtes du pays d’Israël s’estompent. Au départ,
le chemin qu’il prend paraît facile, mais dites-moi, est-il
facile vraiment le chemin de celui qui ne marche pas avec Dieu ?
Pauvre Jonas, que de douleurs il va rencontrer ! Il croit fuir l’épreuve
et il va se jeter dans les bras de la détresse.
Nous aussi, il nous arrive de fuir la volonté de Dieu pour ne pas porter
certaines croix que le Seigneur nous a choisies et adaptées à notre vie, croix
qu’il s’engage à porter avec nous.
Nous
allons alors au devant d’autres croix que le Seigneur n’a pas choisies pour
nous, qui sont beaucoup plus lourdes que les siennes et qu’il faudra porter
tout seul, avec en plus, dans le cœur, la saveur amère d’une mauvaise
conscience.
Contrastes.
Oui,
quel contraste entre Jonas appelé ici le fils d’Amitthaï, et un autre fils
de Jonas. Au fait, connaissez-vous cet autre fils de Jonas ? Ce
n’est autre que l’apôtre Pierre. Cinq fois au moins Jésus l’a appelé:
« Simon, fils de Jonas ». Mais quel contraste entre les deux !
Alors que, Jonas, lui, ne veut pas aller porter le message de Dieu aux païens,
et partira de Joppé, dans une direction contraire, Pierre, fils de Jonas, va
aussi partir de Joppé, pour aller porter aux païens la bonne nouvelle de la
repentance et de la rémission des péchés. Quel contraste encore entre Jonas
et l’apôtre Paul ! Jonas qui aura peur de la difficulté, peur du
chemin, peur de rencontrer les Assyriens et qui ne voudra pas aller annoncer le
message d’un salut qui, le croit-il, n’appartient qu’au peuple de Dieu.
Oui quel contraste avec Paul qui va risquer sa vie, qui va vivre des
aventures sans nombres, douloureuses extrêmement, qui va parcourir le monde, dévoré par un sentiment unique,
porter à tous les peuples païens la bonne nouvelle de l’évangile ! Ah !
oui, quel contraste entre Jonas et Pierre, Jonas et Paul ! Mais quel
contraste encore plus grand entre Jonas et Jésus ! Jonas qui ne devait
aller que de Jérusalem à Ninive, et qui au « lève-toi » se lève
et fuit. Tandis qu’à l’appel du Père, le Seigneur se lève et quitte les
gloires du ciel (comme on devait être bien dans le ciel !) pour venir
sur une planète en révolte, aux hommes remplis de méchanceté, pour venir y
apporter le message du salut et venir y donner sa vie sur une croix d’infamie
pour le salut des pécheurs, dont Jonas, lui, veut la perte ! Quel
contraste !
Disposition de cœur.
Deux
choses encore avant de clôturer l’étude de ce soir. Je voudrais aborder la
chute du prophète, vue du côté symbolique, puis nous la verrons du côté
moral.
I.
Les tristes dispositions de cœur et d’esprit que l’on trouve chez le prophète
dès le début du récit, sont un type de la nation juive telle qu’elle
apparaîtra plus tard, ennemie de tous les hommes. Tel prophète, tel
peuple ! L’Israélite Jonas se présente devant Ninive, comme la nation
d’Israël va se présenter devant le monde païen au début de la prédication
de l’évangile. Jonas, c’est le Juif incarné ; même étroitesse
d’esprit, même égoïsme, même dureté de cœur. Jonas, comme Israël, ne
veut décidément pas que la Parole du Seigneur soit annoncée aux nations.
C’est là, le grand tort du prophète et le trait saillant de son caractère.
C’est pour cela que la colère de Dieu s’exercera contre lui et que plus
tard, cette colère débordera contre tout le peuple. Cela est expliqué dans
deux verset de la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre 2 et aux
versets 14 et 15 ; c’est l’apôtre Paul, lui-même Juif qui dira:
« … car vous, frères…., vous
aussi vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes, les mêmes maux
qu’elles ont soufferts de la part des Juifs, qui ont fait mourir le Seigneur Jésus
et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et
qui sont ennemis de tous les hommes, nous empêchant de parler aux païens pour
qu’ils soient sauvés, en sorte qu’ils ne cessent de mettre le comble à
leurs péchés. Mais la colère a fini par les atteindre ». C’est ce
qui est arrivé à Jonas, et c’est malheureusement ce qui est arrivé à Israël
en tant que nation, qui a rejeté son Messie et essayé d’empêcher le salut
d’être prêché aux païens. Si Jonas avait pu croire que la proclamation «dans
40 jours Ninive est détruite » était irrévocable, il aurait alors
surmonté sa répugnance. Si Dieu lui avait confié un message de mort, il y
serait allé. Mais Dieu lui confie un message de vie et il n’y va pas, car au
travers de la menace contenue dans le message qu’il doit prêcher, et par-delà
la repentance des Ninivites, il entrevoit la miséricorde de Dieu, et ça il
n’en veut pas pour les païens !
Quel
contraste encore : tandis que le maître qui a reçu l’offense, veut que
les hommes soient sauvés, le serviteur, lui qui n’a pas été offensé, ne
veut pas qu’ils le soient. Et ce même sentiment qui l’éloigne de Dieu et
de sa patrie va lui fermer la bouche. A bord du bateau dans lequel il
s’est embarqué, il y a des païens mais
il ne leur dira pas un mot. Et s’il arrive à Tarsis, là aussi il se taira. Désormais,
partout où il ira, le porteur de la Parole ne dira plus un mot !
La chute morale.
II.
Deuxièmement, voyons la chute du prophète du côté moral. Ce que nous venons
de voir ensemble, nous pousse à la vigilance en nous souvenant que c’est pour
nous que ces choses ont été écrites. Cela nous pousse à nous tenir prêts,
pour le jour où il plaira à Dieu de mettre notre obéissance à l’épreuve
et ce jour-là ne saurait tarder à venir, s’il n’est pas encore venu. Si
vous êtes « engagés » comme on dit aujourd’hui, si vous avez répondu
à une vocation, si vous êtes engagés dans un travail qu’Il vous a confié,
Dieu mettra votre obéissance à l’épreuve car chacun est éprouvé dans la
ligne de son appel.
Ce
récit nous fait toucher du doigt ce que devient l’homme, fut-il le plus
grand, lorsqu’il est livré à ses propres ressources. Cela nous apprend que
notre force est en Dieu et comme le dit le Nouveau Testament, « hors
de Christ, nous ne pouvons rien faire. » Qu’étaient en eux-mêmes
des hommes, des grands hommes, comme Abraham, David, Jonas, Pierre… qu’étaient
même des hommes comme Noé, Job et Daniel, qui sont cités ensemble comme des
hommes de prière… mais, qu’étaient-ils tous ces grands hommes ? Ils
étaient des pécheurs asservis, nous dit l’épître de Jacques, aux mêmes
passions que nous, ayant besoin de la grâce de Dieu pour être sauvés et du
sang de Jésus-Christ pour être purifiés de toute iniquité.
Pour leur bien, Dieu a permis leur chute, et c’est pour notre bien
qu’il permet les nôtres. Nos chutes ont au moins un côté utile, c’est
qu’elles humilient notre orgueil, elles exaltent l’amour que le Seigneur
continue à avoir pour nous, elles rendent le sang de l’alliance infiniment
plus précieux et le secours du Saint-Esprit d’autant plus nécessaire. Nos
chutes ont ceci de bon : elles mettent en évidence que, un seul est saint,
un seul est fort, au monde un seul est digne, « digne
est l’Agneau ! »
Et
pour clôturer, cette soirée, je lis ce texte dans le chapitre 5 de l’Apocalypse où
l’on voit une immense foule rassemblée autour du Trône de Dieu dans le ciel :« Je
regardai et j’entendis la voix de beaucoup d’anges autour du trône… et
leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils
disaient d’une voix forte : Digne est… l’Agneau ! l’Agneau
qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse,
la force, l’honneur, la gloire et la louange ! ». Amen !
Chapitre 1, versets 4 et 5
Lors
de notre précédente rencontre
avec Jonas, nous nous sommes arrêtés sur le verset 3 du chapitre 1. Nous
n’allons pas y revenir mais simplement le relire afin de nous remettre dans
l’ambiance du récit biblique : « Jonas
se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit
à Japho et trouva un navire qui allait à Tarsis. Il paya le prix du
transport et s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la
face de l’Eternel. »
Nous
abordons maintenant les versets 4 et 5. « Mais
l’Eternel fit souffler un vent impétueux, et il s’éleva sur la mer une
grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage. Les mariniers eurent
peur, ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets
qui étaient sur le navire afin de le rendre plus léger. Jonas descendit au
fond du navire, se coucha, et s’endormit profondément. »
Il
n’est pas superflu de le redire, que l’homme, fut-il chrétien dûment
converti, par nature est enclin à s’éloigner de Dieu. Un instant livré à
lui-même, c’est-à-dire à ses propres forces, à son propre raisonnement,
l’homme tombe et pèche contre Dieu. David, livré à ses propres sentiments
se rendra coupable d’adultère et de meurtre, Salomon se prosternera devant
des idoles, Pierre reniera le Maître trois fois avec imprécation et Jonas
deviendra le déserteur de la cause divine.
Heureusement,
Dieu ne va pas le laisser dans sa révolte ; il va envoyer un messager pour
le rappeler à lui. Le messager dans la vie de Jonas, ce ne sera pas le son doux
et subtil qu’a entendu Elie, qui l’a bouleversé et lui a fait se couvrir la
tête d’un voile. Ce ne sera pas le regard de Jésus qui se pose sur
Pierre et qui le fait pleurer amèrement. Ce ne sera pas la voix autoritaire du
prophète Nathan qui reprendra David et le fera s’abîmer
dans la douleur et le conduira à écrire ce bouleversant psaume de
repentance qu’est le psaume 51. Non, pour Jonas, le messager de Dieu sera la
tempête. La voix qui, sur le lac de Génésareth, pour sauver les douze apôtres
va dire à la tempête « tais-toi ! », cette même voix va dire
à la tempête, « jette-toi sur le bateau dans lequel se trouve Jonas ! »
L’histoire de Jonas nous apprend comment Dieu, par le moyen de l’épreuve,
va le forcer à quitter le chemin de sa propre volonté et cela nous
montre que Dieu reste bon, jusque dans ses châtiments. L’amour de Dieu
n’est pas absent de sa sévérité. Il est écrit qu’il châtie ceux qu’il
aime, mais Il le fait pour leur profit. C’est ainsi que la faim ramènera le
fils prodigue à la maison de son père, et la tourmente rendra Jonas à son
Dieu.
Le profane et le sacré.
Le
verset 4 commence par : « Mais
l’Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux » et je
souligne, l’Eternel fit souffler un vent impétueux. C’est ici
qu’on voit la différence qu’il y a entre les écrivains profanes et les
auteurs sacrés. Tandis que les écrivains profanes s’attardent aux causes
secondaires, les auteurs sacrés, eux, remontent aux causes premières. Dans le
cas qui nous occupe il est dit : « l’Eternel fit souffler
sur la mer un vent impétueux… » Un écrivain profane se serait borné à écrire « il y
eut une grande tempête ». S’inspirant des termes utilisés par la météorologie
il aurait sans doute expliqué qu’à cette époque de l’année, des régimes
dépressionnaires entraient en conflit avec l’anticyclone centré sur la Méditerranée,
ce qui avait provoqué cette terrible tempête !
Aujourd’hui, Dieu est évacué
de sa création. Que le Titanic ou le sous-marin géant russe le Koursk
coulent, l’écrivain profane dit : «c’est un accident, c’est le
hasard, coïncidences malheureuses… ». Les auteurs inspirés, eux, nous
montrent le dessous des cartes. Dans la tempête où Jonas est impliqué le
voile de l’au-delà nous est soulevé et on y découvre le doigt de Dieu.
Dieu ou dieu ?
Et
si quelqu’un voulait accuser Dieu de tous les maux, les injustices, les
cataclysmes qui frappent l’humanité et à propos desquels il se garde bien
d’intervenir et que même il
cautionne comme dans la tempête qu’il envoie contre Jonas, qu’il sache que
la Bible nous parle d’un autre dieu qu’elle appelle, le
dieu de ce siècle, le prince de la
puissance de l’air et des ténèbres. Lui aussi a son mot à dire et comme
on lui donne de plus en plus la parole il ne se prive pas de se faire entendre.
Quand on lui donne des droits, il les réclame. Jésus a dit à Pierre : « Satan vous a réclamé pour vous cribler…mais il a
heureusement ajouté mais j’ai prié
pour toi pour que ta foi ne défaille pas... N’oublions pas que
l’univers est régi par des lois physiques et morales qu’on ne peut
enfreindre impunément. C’est ainsi que l’apôtre Paul usant de son autorité
apostolique livre à Satan l’incestueux de Corinthe, je cite : pour
la destruction de la chair afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur.
En Romains 1, Dieu livre les Sodomites à des passions infâmes (v.26) et les
abandonne à leurs sens réprouvés (v.28)
Or, nous sommes arrivé à un point dans l’histoire du monde où la
crainte Dieu (qui est la haine du mal, Prov. 8 :13) disparaît. Le psaume
2, prophétique des temps que nous vivons, dit : « Pourquoi ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi
les peuples. Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils et les princes se
liguent-ils contre l’Eternel et contre son Christ ? Brisons leurs liens,
délivrons-nous de leur chaînes… ».
Les
lois de Dieu sont contestées à presque tout les niveaux, et par voie de conséquence
l’humanité est entrée dans une zone de turbulence sans précédent
dont voici quelques exemples : le déferlement de la violence, le
refus de l’autorité, la légalisation de la sodomie et l’interdiction
d’en dénoncer la perversité sous peine de poursuites ; les enfants à
naître laissés quasi sans défense, la libéralisation des mœurs,
l’exhibitionnisme et l’érotisme jetés sans retenue en pâture aux foules
par les médias, la dépénalisation de la drogue, la corruption affichée à
tous les niveaux et les valeurs fondamentales de la vie tournées en dérision.
En s’éloignant du Dieu de la Bible, la ligne rouge est franchie. Tels de
nouveaux Jonas, l’homme moderne tourne le dos à Dieu et se place sur le
terrain de l’adversaire de Dieu qui réclame légalement son dû et Dieu le
lui accorde. C’est ce que le Dr. Scofield, commentateur de la Bible appelle :
« Le mystère de la volonté divine autorisant Satan à accuser les hommes ».
De cause à effet.
Que
des bandes armées passent au fil de l’épée les laboureurs de Job, que le
feu du ciel consume ses troupeaux, qu’un vent tempétueux fasse s’écrouler
la maison sur ses dix enfants et les tue, qu’une douloureuse maladie ruine sa
santé, que dans le livre des Rois, quarante deux jeunes gens se fassent déchirer
par deux ours, les vrais coupables y sont dénoncés et nommément cités :
Satan d’un côté et les péchés des hommes de l’autre. La Bible démasque
cet être malfaisant qui se déguise et agit dans les coulisses. Derrière la
tempête de Jonas et toutes les autres tempêtes qui frappent l’humanité,
c’est Satan qui réclame les droits que lui donne la fuite de Jonas en
particulier et la méchanceté des hommes en général. Ceux qui ont exigé
qu’on relâche Barrabas et que
l’on crucifie Jésus ont crié : que
son sang retombe sur nous et sur nos enfants. Ils se sont mis sur le terrain de chasse du diable, et eux et
leurs descendants ont été poursuivi pendant des siècles par les persécutions
diaboliques du Prince des ténèbres. C’est dans ce sens que l’on doit
comprendre que les éléments déchaînés, les tempêtes, les bourrasques,
l’orage sont les serviteurs de Dieu. C’est comme si
Dieu disait : Vous le
voulez, vous l’aurez ! Et il lâche la bride à Satan. Et Méphisto,
ainsi devenu l’invité d’honneur de nos sociétés et devant qui on déroule
te tapis rouge, lance contre une chrétienté largement apostate un Islam qui
monte à l’assaut des démocraties. C’est le retour d’ Attila, appelé le
fléau de Dieu. Et tout s’enchaîne: des hordes fanatiques déchaînées brûlent,
tuent, saccagent, les tours du
World Trade Center s’effondrent ; un tsunami d’une intensité inouïe
ravage le sud-ouest asiatique et tue près d’un quart de million de personnes
dans un raz de marée meurtrier ; des pans de montagne décrochent et
engloutissent des villages sous des fleuves de boue, des tremblements de terre
de plus en plus fréquents et de plus en plus violents rayent de la carte des régions
entières, des épidémies inconnues comme le sida tuent plus de trois millions
de personnes chaque année, la vache folle, la grippe dite aviaire sèment la peur, la mort et le déséquilibre économique à
l’échelle planétaire. Les personnes et les biens ne sont plus sécurisés.
Il y a quelque temps, j’ai lu ce qui suit dans le Midi Libre : « On
pouvait espérer que le progrès social, le développement de l’instruction,
la centralisation des pouvoirs publics, le perfectionnement des techniques
policières diminueraient le nombre des méfaits qualifiés « crimes »
par le code pénal. Or, il n’en est rien. En France ils ont doublés en dix
ans et l’on prévoit que ce nombre aura triplé dans les dix prochaines années
(ce qui est effectivement arrivé). Et
c’est loin d’être fini ! Derrière ces fléaux il faut y voir la face
grimaçante du Prince des ténèbres, l’ennemi de Dieu et des hommes. Par
l’abandon des lois de Dieu nous lui avons donné des droits, il les réclame !
Comme Jonas nous tournons le dos à Dieu et comme lui le monde va entrer
dans les cataclysmes prédits par Jésus et qui sont résumés par cette parole
d’Apocalypse 12 :12 « Malheur à la terre et à la mer ! car
le diable est descendu vers vous animé d’une grande colère, sachant qu’il
a peu de temps ».
Mais
revenons à Jonas, l’orage qui éclate sur sa tête nous montre cette vérité :
l’homme qui est résolu coûte que coûte à suivre les voies de son propre cœur,
va au devant d’orages subits et imparables. C’est ce que nous dit aussi l’Ecriture :
« Un homme qui mérite d’être repris et qui raidit le cou, sera
brisé subitement et sans remède ». Voyez-vous, la souffrance de
Jonas (et la nôtre aussi) est l’inévitable conséquence de la désobéissance.
La souffrance sort du péché aussi naturellement que la chaleur sort du feu. Et
ce qui est plus grave encore, c’est qu’elle
n’est pas limitée à celui qui en est le responsable. Celle de Jonas s’est
étendue à tous ceux qui étaient dans le bateau. Elle peut aussi s’étendre
à la famille, à l’église ou à la société dans laquelle on vit. S’il
est vrai que des méchants ont été bénis à cause des justes, et que dans le
livre des Actes, par amour pour l’apôtre Paul, tout l’équipage du navire
en route pour l’Italie a été sauvé, il n’en reste pas moins vrai que des
non-croyants ont eu à souffrir du péché des enfants de Dieu. Dans le livre de
la Genèse, la duplicité d’Abraham, puis celle de son fils Isaac, ont exposé
le Pharaon et Abimélec à la colère du ciel, et la désobéissance de Jonas a
exposé tout un équipage et ses passagers aux terreurs de la mort. Nous
ferons bien de nous en souvenir si nous ne voulons pas compromettre le bonheur
de ceux qui nous entourent.
La peur des marins.
Je
lis que « l’Eternel fit souffler
sur la mer un vent impétueux et il s’éleva sur la mer une grande tempête, le navire menaçait de
faire naufrage et les mariniers eurent peur » ; pourtant c’était
des vieux loups de mer qui avaient le pied marin et avaient certainement affronté
plus d’un grain, plus d’un coup de tabac comme on dit. Mais devant cette
tempête-ci, ils défaillent. Cela fait penser à ce psaume 107 où il est dit
que « ceux qui travaillent au milieu
de l’abîme, virent les œuvres de l’Eternel, il souleva les flots de la
mer, ils montaient vers les cieux, ils descendaient dans l’abîme, leur âme
était éperdue en face du danger ; saisis de vertige, ils chancelaient
comme un homme ivre, et toute leur habileté était anéantie. » Ce
psaume 107 aurait pu être écrit par les mariniers de Jonas, ils sont dépassés
par la situation et ils ont peur.
Si
vous prenez des gens à qui tout sourit dans la vie, ils vous diront qu’ils
n’ont peur de rien. Mais dès qu’ils sont pris dans l’orage (et dans la
vie il y en a des orages !), ils perdent leur belle assurance, leur superbe
les lâche et ils ont peur. C’était le cas de Belschatsar le dernier roi de
Babylone : Cela nous est relaté dans le chapitre 5 du livre de Daniel.
Quand tout allait bien pour lui il pouvait se permettre de défier Dieu, du
moins le croyait-il. Il crut pouvoir porter un toast à la gloire des dieux de
bois et de fer, d’argent et d’or, à sa gloire personnelle et
profaner les vases sacrés du temple de Jérusalem. Il était tellement sûr
de lui à la tête du plus grand empire du monde, avec ses richesses et ses armées
et derrière ses murailles réputées infranchissables. Mais quand une main sans
bras s’est mise à écrire sur le plâtre de la muraille, la Bible dit que
l’épouvante l’a gagné. Il change de couleur, les jointures de ses reins se
relâchent, ses genoux s’entrechoquent et les mille invités à son festin
partagent sa terreur. Si donc déjà dans cette vie, les plus audacieux
tremblent devant les éléments déchaînés de la nature, comment tiendront-ils
au grand jour de la tourmente que la Bible appelle, l’indignation de Dieu ?
Dans l’Apocalypse au chapitre 6, Quelqu’un
apparaît qui est le doux Agneau de Dieu. Mais ce jour-là, à son aspect, les
hommes sont saisis d’épouvante, ils crient
aux montagnes et aux rochers : « montagnes
tombez sur nous, et cachez-nous devant la colère de l’Agneau car le grand
jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? ». On
comprend que les mariniers eurent peur, et à leur place, je suppose que nous
aurions aussi eu peur.
Prières stériles.
Après
avoir dit « les mariniers eurent
peur », le texte se poursuit par : « ils
implorèrent chacun leur dieu » ; ils implorèrent… Remarquez
que la plupart des hommes ne prient pas aussi longtemps que tout va bien. Mais
que soudain les circonstances changent, que l’inondation les frappe, que la
terre tremble, que les bombes
tombent et que les balles sifflent, alors, des prières refoulées depuis
longtemps naissent spontanément sur les lèvres des plus endurcis. La menace
d’une guerre imminente, comme dans l’affaire des fusées de Cuba où le feu
nucléaire était suspendu sur nos têtes comme une l’épée de Damoclès, la
peur a fait se remplir les églises où plus d’un cierge a été allumé. Mais
ne nous y trompons pas, ce que les hommes attendent dans ces cas-là, c’est la
délivrance du danger immédiat, mais sitôt le danger passé, vous les verrez
retomber dans leur ornière et rester pareils
à eux-mêmes.
Billy
Graham raconte qu’il traversait l’Atlantique en avion, au temps des
Super-Constellation à turbo propulseurs. Les hommes buvaient du whisky,
fumaient, juraient, jouaient aux cartes, lutinaient les hôtesses quand,
à mille kilomètres de toutes côtes, l’un des moteurs prit feu. Dès cet
instant, plus de whisky, plus de jurons, plus de propos grivois, tous étaient
à genoux dans l’avion pour implorer le ciel de les sauver. Mais pour intenses
que soient les prières dans ces moments-là, les cœurs ne changent pas pour
autant. Il n’appartient qu’à Dieu de changer les cœurs d’une façon
durable. Il fut un temps où je
croyais que le danger, l’accident, la maladie, l’hôpital, étaient les
endroits privilégiés de la repentance, mais j’ai dû réviser mon point de
vue. Beaucoup sont comme les neuf lépreux de l’évangile qui ont crié :
Jésus, Fils de David aie pitié de nous
et qui une fois guéris de la terrible maladie ont aussitôt oublié
Celui à qui ils devaient leur salut.
Il
est dit que les mariniers implorèrent chacun leur dieu. Hélas, ces pauvres
matelots n’ont que des faux dieux à qui adresser leurs prières et ils
sont de pierre, ils sont de bois, ils restent de marbre au propre et au figuré.
Que peut cette armée de saints patrons qu’ils invoquent ? Créés de
toute pièce par la main et l’imagination des hommes, ils n’ont pas soulevé
la tempête, comment l’apaiseraient-ils? La Bible dit en Job 5 :18 :
« c’est le Tout Puissant qui fait
la plaie, et c’est lui qui la bande ; il blesse et sa main guéri ».
Sous le ciel, nous dit l’apôtre
Pierre, « il ne nous a été donné
aucun autre nom que celui de Jésus, par lequel il nous faille être sauvés ».
Par dessus bord !
Autre
détail intéressant, non seulement les mariniers eurent peur et implorèrent
leurs dieux, mais il est dit de tout l’équipage qu’ils
jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le navire afin de le rendre
plus léger ». Ils jetèrent tout, les agrès, la marchandise tout ce
qui était dans le bateau, allez, zou ! par dessus bord !
Et cela nous montre combien l’homme tient à la vie, et que la vie est
son bien le plus précieux. L’homme affrontera des périls sans nombres, il ira jusqu’aux extrémités de la
terre pour s’amasser des trésors, acquérir des possessions, augmenter sa
fortune, mais sa vie est-elle en péril ? tout ce qu’il a amassé jusque
là, il le donne pour sa vie ! Que sont en effet des lingots d’or, des bâtiments,
des châteaux, des bijoux, des actions en bourse, des possessions à l’infini
à côté de la vie ? Et en cela, l’homme raisonne juste. Ah ! si
seulement il attachait la même importance pour son âme éternelle, dont le
gain du monde entier ne compenserait pas la perte. Essayez de vous représenter
la scène de ces matelots et de ces passagers qui, de leurs propres mains,
lancent par-dessus le bastingage le fruit de tant d’années de travaux
et de navigations lointaines. Voyez cet homme qui a investi toute sa fortune
dans de coûteuses denrées exotiques, il est le plus acharné de tous à les
lancer par-dessus bord. Regardez ce riche et vieux marchand qui a fait la dernière
transaction de sa vie ; il a engagé tout son avoir dans des étoffes précieuses ;
dans ses ballots se trouve sa retraite et la sécurité de sa vieillesse. Il
lance tout à la mer, et il bénit ceux qui l’aident à le priver de ses
richesses. Cela nous montre quelle est la grandeur de la vie, surtout quand il
en reste peu et qu’on est en train de la perdre. Que de choses autrefois
passionnément désirées qui tout à coup deviennent mesquines ! A quoi
peuvent servir les richesses de cet avare et de ce mauvais riche dont parle la
Bible maintenant qu’ils sont dans l’au-delà du désespoir ? Avec quel
empressement, s’ils les avaient encore, ne les échangeraient-ils pas contre
une seule goutte d’eau pour rafraîchir leur langue en feu ? Jésus l’a
bien dit, la vie d’un homme ne dépend
pas de l’abondance qu’il a. Souvent
même, c’est cette abondance, cet amour exagéré de l’argent qui alourdit
la vie du chrétien et l’empêche de la vivre pleinement. Alors, prenons garde !
Je vais employer la deuxième personne du singulier, « prends garde que
les soucis de la vie, l’amour des richesses de la parabole du semeur
n’appesantissent ta vie ; tremble de trop charger le navire qui te porte,
car s’il est des biens, des amitiés, des habitudes que tu ne peux pas garder
sans t’exposer au naufrage, mieux vaut alors que tes biens, tes amis, tes
habitudes périssent, que de te retrouver dans la géhenne d’où l’on ne
sort plus. Mon ami, rejette loin de toi tout ce qui peut déplaire à Dieu et
tout ce qui pourrait t’exposer au naufrage éternel.
Le sommeil de Jonas.
Et
tandis que le ciel est irrité, que l’orage se déchaîne, qu’un équipage
d’innocents crie, prie et agit, que l’épaisseur d’une planche les sépare
de l’éternité, que fait Jonas ? Eh ! bien, lui, il dort, il dort !
Chez lui ce n’est pas le sommeil du psaume 4 : « je
me couche et je m’endors en paix, car toi seul ô Eternel, tu veilles sur ma
demeure » Non, non ! Ce n’est pas le sommeil de l’ouvrier
dont parle le livre des Proverbes, le bon sommeil du travailleur, non ! Ce
n’est pas le sommeil de la bonne conscience ; ce n’est pas non plus le
sommeil de l’apôtre Pierre, qui dans le chapitre 13 du livre des Actes. est
en prison gardé par quatre escouades de soldats, lié par une chaîne,
et qui dort paisiblement la veille de son exécution. Non, ce n’est pas
là le sommeil de Jonas ! C’est plutôt celui de la tristesse, de la
fatigue et du remords. Il s’est plongé dans ce sommeil, fâché, accablé,
boudeur, car remarquez que c’est au début de la tempête qu’il est descendu
dans la cale et qu’il s’est lancé sur sa couche pour dormir. Oui, il dort,
et pas n’importe comment : il dort pro-fon-dé-ment !
En cela Jonas est l’image de l’inconverti qui dort dans
l’inconscience, au sein de ses offenses, au sein des menaces que Dieu ne profère
jamais en vain, avec le risque que les flots de la colère de Dieu ne le
submergent. Nombreux sont ceux dans
notre monde, dans notre bonne ville qui dorment alors qu’entre eux et Dieu,
entre eux et l’éternité, entre eux et le jugement, il n’y a qu’un pas,
il n’y a qu’un battement de cœur ; toc, toc, toc.......
(arrêt) comme
pour Jonas, entre lui et l’abîme il n’y avait qu’une planche, rien que ça,
et il dormait ! Je le répète, entre eux et Dieu il n’y a que l’épaisseur
d’une planche ; je dirais comme les anglo-saxons, même moins qu’une
planche, a « cobweb », une toile d’araignée, et il dorment comme
inconscient du danger éternel qui les menace.
Les chutes du Niagara.
J’ai
lu récemment que les célèbres chutes du Niagara à la frontière du Canada et
des Etats-Unis sont visitées chaque année par des millions de personnes. Un
des guides s’était endormi dans sa barque en amont des chutes. Elle était
amarrée à la rive par une corde, mais avec le léger mouvement des eaux, la
corde s’est desserrée puis détachée. La barque s’est éloignée de la
berge et a été entraînée par le courant avec l’homme endormi à son
bord. Quand on s’en est aperçu, les gens se sont mis à l’appeler pour
essayer de le réveiller ; ils ont crié, hurlé, on lui a lancé des
pierres, mais l’homme dormait toujours. L’embarcation a pris de la vitesse,
et elle est venue heurter un rocher au milieu du fleuve. Ce rocher, paraît-il,
a été appelé en anglais « Past redemption point », ce qui veut
dire : Passé ce point, plus de salut.
On crut qu’il allait se réveiller et sauter sur le rocher….mais
la barque a continué sa course. Et quand le guide s’est enfin réveillé
sous les secousses de sa course folle, ce fut pour s’apercevoir qu’il était
perdu… ! perdu ! Il s’est engouffré pour toujours dans les eaux
rugissantes du Niagara. Sur le plan spirituel, il reste tragiquement vrai que si
pour certains la vie est un rêve, la mort sera un réveil. Alors, que chacun
s’analyse et surtout se réveille tant que le point de non retour n’a pas dépassé,
tant que la Parole de Dieu dit « aujourd’hui si vous entendez sa voix,
n’endurcissez pas vos cœurs ».
Si
je me suis quelque peu attardé sur cet aspect du jugement c’est parce qu’il
est fortement présent dans le texte ; mais heureusement il y a la suite. Merci
au Seigneur de ce que dans les temps parfois menaçants que traverse notre
monde, on peut encore parler de grâce et de salut. Et il faut en parler.
Aujourd’hui c’est encore le jour où l’Agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde se présente à nous et où chacun qui, comme Jonas, s’est endormi
dans sa vie de foi, sa désobéissance et son éloignement, peut revenir au
Seigneur. L’épître aux Hébreux nous dit que le voile de séparation qui
nous barrait la route qui conduit à Dieu a été déchiré et que l’accès au
ciel a non seulement été ouvert mais reste
ouvert. Les deux seules conditions que Dieu demande sont la repentance
envers Dieu et la foi au Seigneur Jésus-Christ. Jonas connaîtra ces deux éléments
de la restauration dans sa vie. Nous le verrons plus tard se repentir et exercer
sa foi d’une façon remarquable. Certes, nous verrons encore les travers de sa
nature humaine, mais il connaîtra un prodigieux retour à Dieu. Mais
n’anticipons pas, je garde cela pour une prochaine fois.