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La repentance de Dieu

Chapitre 3 verset 10

Encore 40 jours, s’était écrié Jonas.  10, 20, 30 passent. La grande journée de l’Eternel approche pour Ninive, journée de ténèbres et d’obscurité. La ville est en proie à la plus grande anxiété. Elle tremble et pourtant elle espère. Tantôt elle voit sa ruine inévitable, tantôt elle voit son salut encore possible. Elle passe par des alternatives où l’espoir se mêle au désespoir. Pourtant c’est son salut que Dieu veut et non sa destruction car Dieu avait vu qu’ils s’étaient détournés de leur mauvaise voie.

 

Remarquons la sincérité de leur repentir. Au lieu de se borner, comme tant de gens, à formuler des vœux pieux, sans jamais rien changer à leur genre de vie, ils changent réellement leur façon de vivre. A leur repentance verbale vient s’ajouter leur repentance effective.  Ce sont des païens qui agissent ainsi, païens plus sages que beaucoup  de prétendus chrétiens qui se flattent du pardon de Dieu tandis qu’ils provoquent sa colère par de nouvelles transgressions. Ne nous y trompons pas, rien n’échappe au regard de Dieu. Il ne prend pas l’apparence pour la réalité. Le verbiage, les déterminations pieuses, les promesses ne sont rien pour lui si l’effet ne les accompagne pas. Celui qui dit « Je vais travailler à la vigne » et qui n’y va pas, s’expose autant à son déplaisir  que celui qui refuse nettement d’y aller. C’est au cœur et aux actes que Dieu regarde et non aux paroles. Mais quand l’homme est sincère, le nom de cet homme fut-il Achab ou même Manassé le plus mauvais roi de tous les mauvais rois d’Israël, Dieu suspend alors ses jugements. Dieu voit la douleur de Ninive, sa miséricorde est émue et il ne trouve plus en lui la force de frapper. Nul spectacle ne l’intéresse comme celui de la repentance de sa créature. Rien ne désarme plus sûrement  son courroux que la repentance. Aussitôt que le père voit son fils prodigue reprendre le chemin de la maison paternelle, il vole à sa rencontre et le serre dans ses bras.

 

La dernière aube.

L’aube du 40me. jour se lève sur Ninive. En principe, c’est la dernière aube. Ninive sera-t-elle rayée de la carte du monde ? Pour Ninive ce sera « Le jour le plus long » de son histoire. Il s’écoule lentement. Jamais le soleil n’est monté si lentement dans le ciel, jamais il n’a été si long à descendre. Sera-ce de dernier crépuscule ? Nul signe de la colère du ciel ne paraît. Le jour se termine enfin. Dieu n’a donc pas dédaigné sa repentance ! Ninive a trouvé grâce devant Lui !  Quelle joie éclate sur toutes les places, dans toutes les habitations et dans tous les cœurs. Aux cris de détresse ont succédé partout des actions de grâce et des chants de triomphes. Ninive est sauvée ! Le court chapitre 12 du prophète Esaïe ne dit pas autre chose :

   Je te loue , ô Eternel !

   Car tu as été irrité contre moi,

   Ta colère s’est détournée et tu m’as consolé.

   Voici, Dieu est ma délivrance,

   Je serai plein de confiance,  et je ne craindrai rien ;

   Car l’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges ;

   C’est lui qui m’a sauvé.

   Vous puiserez de l’eau avec joie

   Aux sources du salut,

   Et vous direz en ce jour-là :

   Louez l’Eternel, invoquez son nom,

   Publiez ses œuvres parmi les peuples,

   Rappelez la grandeur de son nom !

   Célébrez l’Eternel car il a fait des choses magnifiques :

   Qu’elles soient connues de toute la terre !

   Poussez des cris de joie et d’allégresse….

 

Ninive est sauvée, avons-nous dit, du moins pour le moment. Puis s’élèvera une autre génération qui n’aura pas connu Jonas. Et alors, tout rentrera dans la vielle ornière de l’injustice et de la corruption. Le repentance de la cité-reine  n’aura fait qu’ajourner le châtiment, comme la repentance d’Achab et de Manassé, dont nous parlions il y a un instant, n’a fait que suspendre les coups qui devaient frapper la dynastie de ces deux rois. Mais quoi qu’il en soit, Dieu épargne la grande ville et il l’épargnera encore longtemps. Il la conservera pour accomplir par elle les grands plans de sa providence, pour briser bien des sceptres, pour renverser bien des trônes, pour châtier bien des nations, et parmi elles, ô profondeur des voies de Dieu, le peuple de ce même Jonas dont la parole puissante vient de bouleverser la ville et de la sauver.

Quelques années plus tard, le roi régnant remettra la couronne d’Assur à son fils, puis ce dernier à son successeur et c’est ce Salmanasar  qui emmènera captives les dix tribus d’Israël et les dispersera dans le monde. Puis viendra l’orgueilleux Sénnacherib, et c’est alors que la ville superbe s’écroulera pour toujours et laissera  l’empire à Babylone.

 

Le repentir de Dieu.

Voyons maintenant le repentir de Dieu. Car c’est bien ce qui est écrit : Dieu se repentit. Que faut-il entendre par cette repentance ? Dieu se repent-il à la manière d’un homme ignorant, faillible et pécheur ?  Loin de nous une telle supposition ! Il est écrit que Dieu n’est pas un fils d’homme pour mentir ni un homme pour se repentir.

Sa Parole est éternellement « oui et amen ». Quelle est donc cette repentance que, en plus d’un endroit, la Bible attribue à Dieu ?

C’est une façon toute humaine de parler qui signifie simplement que Dieu change sa façon d’agir envers telle personne ou tel peuple et les traite autrement qu’il l’avait d’abord annoncé quand ils marchaient encore dans le péché.

La parole que le Seigneur avait donnée à Jonas n’était qu’une menace. Et comme chacun le sait, l’exécution de toute menace dépend toujours de certaines conditions, d’un SI.  Dans le cas qui nous intéresse, cela sous-entendait nettement : « Encore 40 jours…si Ninive ne se repent pas ».  Il ne s’agissait pas d’un arrêt irrévocable, absolu, final. Pourquoi Dieu a-t-il envoyé Jonas vers les Ninivites, sinon pour les avertir ?  Et pourquoi leur a-t-il laissé 40 jours de délais si ce n’était pour leur donner le temps de s’humilier ? C’est d’ailleurs ainsi qu’ils ont pris le sursis de Dieu. S’il en avait été autrement, ils n’auraient pas même tenté de se détourner par leur repentir de la colère de Dieu. Et la fin du livre nous prouve sans réplique que la parole de Jonas n’avait été qu’une menace. Comprenons-nous bien, non pas une menace à la façon des parents d’aujourd’hui qui promettent toujours la fessée à leurs enfants sans jamais la leur donner. Car Dieu ne parle jamais en vain et il ne menace pas non plus en vain ; le jugement serait infailliblement tombé sur eux  s’ils n’avaient changé leur attitude envers Dieu.

Je me suis laissé dire que les cabines des voyageurs de l’espace sont peintes en blanc d’un côté et en sombre de l’autre. On sait que le noir absorbe les rayons chauds du soleil tandis que le blanc les repousse. Les spationautes maintiennent une température supportable en présentant au soleil l’une ou l’autre face de leur cabine. Le soleil, lui, ne varie pas, mais ses effets varient selon les côtés qui lui sont exposés. De même, dans le repentir de Dieu, s’il y a un changement, c’est chez l’homme et non chez Dieu. Sa manière d’agir envers nous se modifie nécessairement d’après notre conduite envers lui. Ce sont les rebelles et les endurcis que Dieu frappe, mais sa colère se fond devant les cœurs brisés.

 

Dieu, trop bon pour punir ?

Si donc Dieu est prompt à pardonner de si grandes offenses, que faut-il répondre à ceux qui, citant l’exemple de Ninive, affirment que Dieu est trop bon pour punir éternellement ses créatures, et que s’il agite la menace du jugement à venir, c’est uniquement pour nous donner la frousse du mal !

Ce ne serait dès lors plus qu’une histoire de loup-garou ou de père Fouettard. Celui qui tiendrait de pareil raisonnement se séduirait lui-même. Si Dieu est parfaitement bon, il faut se souvenir qu’il est parfaitement saint, parfaitement juste et vrai, et que ses menaces  comme ses promesses ne manqueront pas de s’accomplir. Vous ne pouvez pas ébranler ses jugements sans compromettre ses promesses. Ce serait alors décider arbitrairement que telle parole de la Bible est vraie et que telle autre ne l’est pas. Sur ce point, emboîterions nous le pas au néo-évangélisme barthien qui voudrait  que la Bible n’est Parole de Dieu pour moi que lorsqu’elle me parle ? Si les Ninivites n’avaient pas pris garde à la menace de Dieu, n’aurait-elle pas été pour autant Parole de Dieu ? La voix de l’Eternel à son serviteur Ezechiel n’était-elle pas : « Qu’ils l’écoute ou qu’ils ne l’écoutent pas, tu leur diras... ». Mais, répliquera-t-on, Ninive a été épargnée, la menace a été sans effet ! Mais Ninive s’est repentie !

Deux voix se font entendre en même temps à notre cœur. L’une est celle du serpent ancien qui après avoir jeté le doute sur la Parole de Dieu dans le cœur d’Eve : « Dieu a-t-il réellement dit que vous mourrez ? »,  lui a ensuite ouvertement nié cette Parole : « vous ne mourrez nullement ! »

L’autre voix est celle du Maître qui nous aime assez pour nous dire : « Si vous ne vous convertissez, vous périrez pareillement »

Laquelle de ces deux voix voulez-vous écouter ? Laissez-moi vous répéter : La conversion ou la mort ! Telle est la seule alternative que Dieu place devant vous. De deux choses l’une : se repentir comme Ninive ou périr. Eh bien, périssez en répétant : Dieu est bon, Dieu est bon, Dieu est bon ! ! ! Il est trop bon pour perdre ses créatures !

Mais Dieu n’est pas dupe de cet hypocrite hommage rendu à sa bonté. Il sait que ce n’est là qu’une commode excuse inventée pour se calmer la conscience à peu de frais et pour vivre plus librement dans le péché et braver plus à l’aise ses jugements.

 

Saint Satan !

Le moment est venu d’exprimer une pensée très importante. La voix qui nous dit au travers de la deuxième épître de Pierre : « Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu afin qu’il vous élève au temps convenable », cette voix est celle du Père.

Mais il y en a une autre qui souffle à notre oreille que, las de nos offenses, Dieu a élevé entre son cœur et le nôtre une infranchissable barrière. Cette voix est celle du Menteur. Avant de nous pousser dans le péché, Satan nous dépeint le Seigneur indulgent jusqu’à la faiblesse. Il nous  chuchote à l’oreille : Ce n’est pas si grave, le Seigneur sait que nous ne sommes que des humains ! Mais sitôt après la chute, Satan nous voit sous le châtiment de Dieu et il change de langage ; il nous le montre sévère jusqu’à l’inflexibilité. Pour mieux nous tromper il se déguise en ange de lumière et il se fait Saint Satan comme le nommait Luther. Il affecte de prendre la défense et les droits de la sainteté de Dieu. Il nous peint sous les couleurs les plus odieuses nos fautes passées, comme s’il avait si fort à cœur, lui, Satan la gloire du Seigneur et son règne de justice. Il nous tient alors le langage du désespoir. A cette marque nous le reconnaîtrons toujours.

L’Esprit de Dieu, au contraire, après nous avoir convaincu de péché, de justice et de jugement, après nous avoir reproché nos infidélités, nous montre le cœur de Jésus comme notre asile et ses meurtrissures comme notre guérison.

L’ennemi, lui, se sert de tout pour nous éloigner du Seigneur, pour nous décourager, nous enlever notre joie et nous plonger dans le désespoir. Il sait même citer la Bible car il est un habile théologien si toutefois la théologie consiste à ne connaître que la lettre des Ecritures. Personne ne la possède comme lui. Il manie les textes de la Bible avec une redoutable dextérité, mais c’est toujours pour nous ruiner. Que le diable parle d’amour ou qu’il parle de jugement, c’est toujours pour nous perdre qu’il le fait.

Dans ses mains, l’épée de la Parole de Dieu blesse au lieu de guérir et les plaies ainsi causées suppurent, deviennent nauséabondes et ne se cicatrisent jamais. Il n’y a pour nous qu’un moyen infaillible de parer à ses coups, c’est de se servir de ce que l’épître aux Ephésiens appelle « le bouclier de la foi pour éteindre les traits enflammés du malin » ; c’est, à l’exemple du Seigneur Jésus, de citer la Parole de Dieu d’une manière droite et complète à celui qui nous attaque au nom d’une Parole mutilée, tronquée et appliquée à faux ; c’est de lui dire : « Arrière de moi, Satan, il est aussi écrit ! »

L’Adversaire ne manquera pas de vous rappeler l’exemple de ces Hébreux qui tombèrent et qui ne purent être renouvelé à salut, comme cela est rapporté en Héb.6, et de vous dire : « Comme eux, tu avais la connaissance,

                           « Comme eux tu avais goûté à la puissance du siècle à venir,

                           « Comme eux tu avais été rendu participant du Saint Esprit, mais tu n’as pas la vraie foi et leur sort sera le tien. Il n’y a plus de pardon pour toi parce que tu as péché volontairement ».

Il ira même jusqu’à profiter d’un moment de dépression ou de mauvaise santé physique pour vous accuser d’avoir péché contre le Saint Esprit et d’avoir ainsi commis le péché irrémédiable.

Répondez-lui alors comme le faisait  Charles Spurgeon  lorsque des pensées de doute  venaient l’assaillir : « Si jusqu’ici, disait-il, je me suis trompé sur mon état spirituel, eh ! bien, je ne veux pas me tromper plus longtemps. Si je ne suis pas allé véritablement à Christ, je veux me jeter sur l’heure dans les bras de celui qui a dit « Venez à moi ». Et si je n’ai pas encore cru comme je devais, eh bien, Seigneur, je crois maintenant ! »

Aussi longtemps que l’ennemi vous montrera vos péchés, montrez-lui le sang qui les a lavé. Retournez contre Satan l’arme dont il se sert contre vous. Aussi longtemps qu’il dira : Dieu dans sa colère t’a rejeté, répondez-lui que le Seigneur n’éteint pas le lumignon qui fume. Il nous faut dire et redire : Non ! on ne péri pas aux pieds du Seigneur. Ninive la coupable n’a pas péri ; Saul de Tarse pas davantage, pas plus que Marie Madeleine pourtant  possédée de plusieurs démons. Il ne repousse personne, il l’a dit : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ». Je cite de mémoire les paroles de Blaise Pascal : « Jésus-Christ est une Dieu duquel on s’approche sans crainte et devant lequel on s’incline sans désespoir ».  (vérifier si possible). Celui qui n’a pas dédaigné la repentance de Ninive, ni celle de Pierre le renégat, ni celle du brigand crucifié à ses côtés, mépriserait-il la nôtre ? Dieu rejetterait-il des soupirs, une humiliation, une douleur, des larmes qui ne sont après tout que le fruit de sa grâce en nous ?  J’en appelle à votre raisonnement : Celui qui vole au secours de la brebis qui s’égare, se détournerait-il de celle qui le cherche ?

 

Plus grand le péril, plus grande la joie !

J’aime aussi retrouver dans la délivrance de Ninive une image de ce qui se passe dans une âme quand le salut de Dieu y descend. La joie de Ninive, c’est la joie du racheté qui ne vient pas en jugement mais qui est passé de la mort à la vie. Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ nous dit l’apôtre Paul sous l’inspiration du Saint Esprit. Quelle allégresse s’est emparée de moi lorsque après avoir tremblé sous le tonnerre du Sinaï, j’ai enfin compris que Jésus m’avait racheté de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour moi ! Plus grand a été le danger encouru, plus ressentie a été la délivrance. Plus le péril nous a serré de près plus nous apprécions le salut. Ninive était au bord de l’abîme quand soudain un arrêt du ciel la sauve. Quelle félicité surtout quand l’âme sauvée voit en même temps l’enfer se fermer sous ses pas et le ciel s’ouvrir sur sa tête !

 

Enfin, plus une délivrance est générale et englobe le plus grand nombre, plus vive et plus universelle est la joie qu’elle inspire. Rendez-vous compte, deux millions d’hommes qui passent en un instant des affres de l’agonie morale, à la certitude du pardon de Dieu ! Une chorale de deux millions de voix qui fait monter jusqu’au ciel un volume d’adoration comme jamais jusque là les anges n’en avaient entendu !

Le jour vient où cette scène sera dépassée. L’époque glorieuse du Millenium verra en un jour, non plus un peuple, mais tous les peuples rescapés de la terre, sortir de l’angoisse où l’Antichrist les aura plongé et acclamer d’une seule voix le Christ-Roi qui va régner sur le monde.

 

Mais bientôt aussi, et par-delà les élans terrestres, un autre peuple, spirituel et céleste celui-là, composé de la multitude des élus de tous les temps, ramenés de la tombe, de tous les âges et de toute la terre, uni aux myriades des armées célestes, avec des accents infinis dans l’infini des temps éternels, ce peuple, l’Eglise au complet célébrera d’une seule voix, d’une seule âme, d’une seule pensée son divin Epoux, l’Agneau immolé qui seul est digne de recevoir la louange, la puissance et la gloire ! Comme il avait bien compris cette vérité l’auteur de ce cantique :

                  Oh ! quel beau jour où devant ta face,

                  Tous tes rachetés apparaîtront,

                  En célébrant ta gloire et ta grâce !

                  De leurs chants les cieux retentiront.

 

                  Puis au sein du vaste océan d’anges

                  Nos cohortes déversent leurs flots ;

                  L’Univers tremble au son des louanges ;

                  Plus de combats, de pleurs, de sanglots !

 

Refrain :   Nombreux comme le sable des plages (bis)

                 Oh ! que ce sera beau, lorsque nous irons là-haut,

                 Aussi nombreux que le sable des plages !  

 

Jonas, mon semblable, mon frère

Chapitre 4 versets 1 à 4

Nous entrons maintenant dans le chapitre 4 qui se raccroche au verset précédent « Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de faire et il ne le fit pas. »

Et la lecture se continue au chapitre 4 par : « Cela déplut fort à Jonas, et il fut irrité. Il implora l’Eternel et il dit : Ah ! Eternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté et qui te repens du mal. Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie ».

 

Une nouvelle phase d’expériences.

Jonas va entrer maintenant dans une nouvelle phase d’expériences. Dieu a une question personnelle à régler avec lui : Jonas a visité Ninive, il faut maintenant qu’il soit visité. Jonas s’est occupé de la vigne des autres, il faut maintenant qu’il prenne conscience de l’état de sa propre vigne.  Des choses infiniment tristes vont se passer entre lui et Dieu. Le Saint-Esprit aurait très bien pu nous les cacher. Il aurait très bien pu s’arrêter à la fin du chapitre 3, mais Dieu nous les a révélées, pourquoi ? Pour nous faire savoir que, extérieurement, tout peut être pur, dévoué et splendide, mais qu’intérieurement il manque beaucoup de choses.

Pour Jonas, l’œuvre extérieure se termine avec le chapitre 3 ; l’œuvre intérieure et personnelle va commencer.

Cela débute par : « cela déplut fort à Jonas, et il fut irrité ».

Nous avons vu de quel succès prodigieux Dieu s’était plu à honorer la mission du prophète. Heureux prophète ; prédicateur à succès ; en une seule courte campagne d’évangélisation, il obtient la conversion de tout un peuple ! Ne va-t-il pas bénir Celui qui l’a choisi pour être l’instrument d’une chose aussi prodigieuse ? Eh bien, non ! Jonas n’en fera rien. Jonas ne félicitera pas les Assyriens, il ne se réjouira pas avec eux, il ne bénira pas Dieu. Au contraire, il se lamentera et il boudera contre Dieu.

Une fois déjà, il n’avait pas tenu « la volonté de Dieu pour bonne, agréable et parfaite », et une fois encore il ne l’estimera pas telle. Nous sommes ici ramenés au côté fâcheux de son caractère de serviteur récalcitrant.

 

Le dépit.

Pauvre Jonas… ! pourquoi tout ce dépit ? Voyons Jonas…, vois-tu d’un mauvais œil que Dieu soit bon ? Jonas…, est-ce que Dieu n’a pas le droit de faire de ses biens ce qu’il lui plaît ? Jonas…, est-ce que tu vaux mieux à toi tout seul, que tous ces Assyriens ? Jonas…, si tant de vies ont si peu de prix à tes yeux, faut-il qu’aux yeux de Dieu elles n’en aient pas davantage? Mais voyez-vous, il y a sans doute d’autres pensées qui le tourmentent ; ce qui le tourmente c’est que, apparemment, ses menaces ont été sans effet. Il a dit : « encore 40 jours et Ninive est détruite » ; et arrivé au 40ème jour, il ne se passe rien, alors Jonas a peur que Dieu ne soit pris pour un menteur et lui pour un faux prophète. Ce que Jonas craint, c’est que, une fois la terreur passée, la ville se retourne contre lui ; on va le railler, le mépriser et peut-être même le lapider. Et puis ce dont il a surtout peur, c’est qu’en Israël, on le tournera en dérision et on mettra son nom dans la chanson des buveurs. Alors, plutôt que d’affronter l’opinion de son semblable, il préfère voir périr deux millions de personnes ; c’est son égoïsme teinté de vanité qui le rend cruel. 

 

L’imagination.

Mais Jonas…, ton imagination t’abuse, tes sombres prévisions ne se réaliseront pas, l’opinion publique te désignera comme le plus grand, le plus heureux de tous les prédicateurs de tous les temps, plus grand que Saint-Augustin, plus grand que Martin Luther, plus grand que Moody!… Le salut de Ninive sera l’honneur de ton ministère et la gloire de Celui qui t’y a appelé ! Et après tout, Jonas…, qu’importe l’opinion des autres, fais ce que le Seigneur t’a demandé de faire et laisse-lui le soin de s’occuper de ta réputation ! Jonas…, si Dieu ne compromet pas sa gloire en graciant des pécheurs, comment toi le serviteur de Dieu serais-tu déshonoré ?

 

L’égocentrisme.

Et puis, après le pardon qu’il a reçu de Dieu dans le ventre du poisson, sied-il à Jonas de se montrer si superbe et si dur envers les autres ? C’est son égoïsme qui le rend comme ça, c’est le trait saillant de son caractère. Jonas, c’est la personnification de ce vice odieux. Jonas, c’est l’égoïsme incarné. La gloire de Dieu ne lui est rien, sa gloire personnelle lui est tout. Jonas croit qu’on s’est assis sur son amour propre et il en est tout chiffonné. Le bien des autres lui tient assez peu à cœur, ce qui lui tient à cœur c’est son honneur à lui, et encore son honneur comme il l’entend. Après avoir largement usé des compassions de Dieu pour lui-même, il n’entend pas que les autres en profitent, il veut la grâce mais il la veut pour lui et pour lui tout seul… égoïsme fatal et monstrueux, qui étouffe les meilleurs élans et qui conduit à tous les péchés.

 

L’obstination.

Mais il y a plus : Jonas, c’est un obstiné  volontaire. Il imposerait sa volonté propre à Dieu s’il le pouvait. C’est déjà cette malheureuse disposition intérieure qui l’avait poussé vers Tarsis et qui,  maintenant, le remplit de dépit et de colère. Dieu dit : « Je veux» et Jonas dit : « je ne veux pas ! » Dieu dit : « Ninive sera sauvée ! » et Jonas répond : « Non, elle ne le sera pas, elle périra avec tout ce qu’elle contient : les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, tout !… » Mes amis ! C’est incroyable ce qui se passe en ce moment dans le cœur de cet homme.

 

L’ingratitude.

Et ce n’est pas tout, non seulement c’est un égoïste, un volontaire, mais c’est aussi un ingrat. Dieu avait entendu son cri dans le ventre du poisson, Dieu avait accepté sa repentance, il avait agréé ses vœux, il l’avait rendu à sa mission première, et le résultat, c’est qu’il n’y a pas un mot de gratitude, pas une louange au Seigneur, et le seul cri qui sort de son gosier, comme d’un sépulcre ouvert, c’est le cri de l’orgueil et du dépit. Il a paru touché, une première fois pour un court moment, mais l’homme naturel refait surface en lui.

 

Le manque d’amour.

Jonas est dépourvu de tout sentiment charitable. Après avoir trouvé les Ninivites si dociles à la parole qu’il leur rapportait, n’aurait-il pas du s’intéresser à leur sort ? N’était-il pas un peu leur père spirituel ? Mais, voyez-vous, Jonas est dépourvu d’affection naturelle. Comment voulez-vous que l’amour triomphe, là où le « Moi » règne ? La clé de tout cela, c’est que Jonas n’aime pas. L’enfer non plus n’aime pas que les âmes soient sauvées. Tandis que les anges dans le ciel, se réjouissent du salut des âmes, les démons et le diable se démontent. Alors, je vous le demande : à qui  ressemble Jonas à cette heure-ci ? Eh bien ! je vais vous le dire : il ne ressemble que trop à Satan et à ses anges !

 

Le miroir.

Mais assez parlé de Jonas pour le moment. Parlons un peu de nous, et là, l’affaire se corse car l’histoire que je viens de raconter est comme un miroir qui reflète fidèlement notre image et, croyez-moi, elle n’est flatteuse pour personne, à moins que le voile des illusions nous empêche de voir clair. Notre degré de parenté avec Jonas est assez rapproché, la ressemblance est incontestable. L’égocentrisme, c’est un malheureux penchant qui nous tient tous. L’égoïsme, c’est le fond de notre nature et c’est le résumé de notre histoire. Et si cela ne se manifeste pas de façon aussi spectaculaire que dans le cas de Jonas, cela tient à nos différences de circonstances. L’égoïsme se retrouve au niveau de nos sentiments, il paralyse les élans généreux et empêche les dévouements spontanés.  C’est à cause de l’égoïsme que nous écoutons avec indifférence le récit des calamités mondiales et des infortunes domestiques. C’est par l’égoïsme que nous dissertons froidement sur la souffrance des autres ; c’est l’égoïsme qui trop souvent nous empêche de faire des sacrifices pour le Seigneur, qui nous empêche d’avertir ceux qui périssent ; c’est par l’égoïsme que nous préférons nos aises, nos conforts, nos petites soirées en famille, nos habitudes paresseuses ; c’est lui qui nous pousse à croire que Dieu ne punit pas assez rapidement et assez sévèrement les grands pécheurs. C’est encore lui qui nous rend jaloux des grâces et des dons accordés à ceux qui sont entrés après nous dans le ministère de l’évangile. L’égoïsme infectant toute notre activité chrétienne, nous fait escompter notre petite gloire personnelle au milieu de la gloire collective du peuple de Dieu ; c’est ce misérable « moi » qui engendre tant de rivalités entre les communautés chrétiennes. Qu’un champ d’activités soit confié à nos soins, et il a tout de suite, toute notre attention. Mais que cette même sphère d’activité, quelques années plus tard passe entre les mains de quelqu’un d’autre qui n’a pas tout à fait les mêmes vues que nous sur des points de doctrines secondaires, que se passe-t-il alors ? Notre sympathie se relâche, et nous prenons une joie maligne à amoindrir ce qui s’y fait. Nous allons jusqu’à souhaiter que l’œuvre de Dieu cesse d’y prospérer et même que les âmes cessent de s’y convertir. Oh ! turpitude de la nature humaine ruinée par le péché ! Plaies profondes et purulentes qui attestent trop, hélas ! notre parenté proche avec Jonas !

 

L’esprit de mécontentement.

Ils sont nombreux aussi ceux qui, comme Jonas, sont caractérisés par un esprit de mécontentement. Elle est immense, la famille de ceux qui sont atteints d’une maladie que vous ne trouverez dans aucune revue médicale, mais que j’ai appelée la « Jonasite aiguë ». Beaucoup sont sapés par le même mal, inquiets toujours, chagrins toujours, toujours mécontents ! Comme Jonas ils sont malheureux dans un palais comme dans une chaumière ; ils sont malheureux dans un lit de plumes, comme sur un grabat ; ils sont malheureux dans la vie conjugale comme dans le célibat ; ils sont malheureux parce qu’ils n’ont pas d’enfants, ils sont malheureux quand ils en ont ; ils sont malheureux pendant les mois de travail et pleins de problèmes à la veille des vacances…. Partout et toujours, ils ont la plainte à la bouche ; l’apôtre Jude nous dit : « ce sont des gens qui murmurent et qui se plaignent de leur sort ! » Rien ne leur plaît, et ils semblent résolus d’avance à ce que rien ne leur plaise. Fâcheux état d’esprit,  hostile aux hommes et désagréable à Dieu, véritable jaunisse morale !  Quand les épreuves et les contretemps viennent croiser leur route, ils s’en prennent à Dieu et aux hommes comme un homme ivre qui se plaint de voir tout tourner autour de lui, alors qu’en réalité, c’est sa tête à lui qui tourne !

 

L’esprit volontaire.

Ils sont nombreux aussi, ceux qui ont un esprit volontaire comme Jonas. Chez eux, le « moi » trône à la place de Dieu. Que notre volonté s’accomplisse, que tout aille dans le sens de notre volonté, et nous voilà contents ! Mais que tout à coup, nous soyons quelque peu contrecarrés, qu’il y ait une résistance à l’accomplissement de notre volonté, et notre dépit éclate. Ah ! l’esprit volontaire, c’est un despote au petit pied, un nabot aux prétentions vertigineuses. Il entend que devant sa chétive majesté tout le monde s’incline. C’est la créature qui veut que le Seigneur du ciel et de la terre abdique Sa volonté devant lui ; c’est le ver luisant qui s’adresse au soleil et qui lui dit : « tu peux te retirer, j’éclairerai le monde à ta place ! ». Mais voyez-vous, le Seigneur, Lui, poursuit ses plans, sans s’occuper des nôtres, et voilà ce qui nous chagrine ! Alors, on s’attaque aux circonstances, aux causes secondes, aux créatures, comme si les créatures, les causes secondes, les circonstances n’étaient pas des instruments dans la main de Dieu. Et à quel résultat arrivons-nous en luttant contre le Seigneur et contre ses créatures ou en ergotant contre des déclarations lumineuses de la Parole de Dieu ? Nous arrivons à ceci : nous alourdissons notre fardeau, nous multiplions nos tâches, nous aggravons notre peine et nous fatiguons nos esprits. Croyez-moi, frères et sœurs, la croix que le Seigneur nous impose n’est pas trop pesante, le Seigneur nous donne la force de la porter. Mais n’en augmentons pas le poids par notre faute, le Seigneur n’est pas tenu d’y ajouter la force additionnelle pour en supporter la surcharge. Ainsi s’expliquent, et ainsi seulement, l’accablement et les gémissements dans lesquels s’embourbent d’authentiques enfants de Dieu. Comme Jonas, ils ont pris un fardeau que le Seigneur ne leur a pas donné, et ils plient sous ce fardeau. Et Dieu ne les aide pas, parce que Dieu n’a pas à les aider ; ce sont des fardeaux que nous ne devions pas prendre.

 

L’esprit d’ingratitude.

Parlons d’un autre trait de caractère de la nombreuse descendance spirituelle de Jonas : L’ingratitude ! Sitôt l’épreuve terminée dans le ventre du poisson, Jonas se redresse… et nous nous redressons avec lui, un peu comme l’hydre de Lerne de la mythologie grecque que nous avons évoqué précédemment, chaque fois qu’on lui coupait une tête, il en repoussait une autre. Nous aussi nous nous courbons un instant, puis on se détend comme un ressort. Et pourtant, que de choses ne pourrions-nous pas dire sur les bontés de Dieu ; que de grâces reçues, de délivrances et de pardons accordés ? ! Quand le Seigneur intervient, notre cœur déborde, il est plein d’hommages, plein de vœux. Nous prenons alors des saintes résolutions  comme Jonas dans le l’estomac du cachalot: on servira le Seigneur, on ne vivra désormais plus que pour lui !… Et puis l’instant d’après, que notre obéissance soit mise à l’épreuve, et tout est oublié ! tout ! le pardon, le péché, la grâce, la restauration… Quelle odieuse ingratitude ! Et d’autant plus choquante quand on la trouve là où le Seigneur  a mis le plus de grâce. L’ingratitude n’est jamais aussi répréhensible, que chez les enfants de Dieu qui ont été comblés de tant les biens de la part du Seigneur.

 

La requête de Jonas.

Arrivons-en maintenant, à la requête de Jonas ; il dit au verset 2 : « Ah ! Eternel, n’est-ce pas là ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays, c’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis !… je savais que tu es un Dieu compatissant, miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté… »

 Ça c’est la requête de Jonas ! Requête suivie de : « Seigneur, la mort m’est préférable à la vie ! » Quel désordre dans sa prière ! Quel bric-à-brac de matériaux précieux et de pacotille… Quel mélange de piété et de rébellion ! Voyez-vous, dans sa prospérité, Jonas prie tout autrement que dans sa détresse. Dans le ventre du cétacé, sa prière respire l’humiliation, et maintenant qu’il est comblé, sa prière, si tant est qu’on puisse appeler ça une prière, elle respire la fierté, l’insolence et la révolte. Ce n’est plus le langage de la foi, de la repentance et de l’humiliation, c’est le cri de l’orgueil, du dépit et de la passion.

S’il dit à Dieu « Je savais que tu es un Dieu compatissant, miséricordieux et lent à la colère », c’est pour lui en faire le reproche. Jonas sait encore que Dieu est bon et il s’en autorise pour être méchant. Jonas a gardé la mémoire de la bonté de Dieu, mais il en a perdu le sentiment. Dieu est bon et c’est ça qui le désole. Il reproche à Dieu ce qui fait sa gloire. Il s’irrite de ce que la ville n’a pas été ensevelie dans ses décombres. Si tel avait été le sort de la grande ville, alors il aurait béni le Seigneur, il l’aurait remercié, il l’aurait loué !… mais la ville est debout  et il en conçoit de l’amertume. Souvenez-vous que Jésus accompagné de ses disciples, s’est trouvé dans un bourg des Samaritains pour y passer la nuit, et comme on ne le recevait pas, les disciples se sont tournés vers lui  et ils ont dit: « Seigneur, ne veux-tu pas qu’on prie et qu’on demande que le feu du ciel descende et les brûle tous !… » ; ils les auraient tous grillés comme des cacahuètes ! (ils auraient voulu être des manipulateurs de puissance ! heureusement qu’ils ne l’avaient pas !). Jésus leur a dit à cette occasion : « vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés ! ». Eh bien ! Jonas leur ressemble : méchant Jonas ! cœur de pierre ! Mais prenons garde, frères et sœurs, prenons garde à notre jugement sur Jonas, parce que c’est l’humanité que nous frappons en sa personne. Que la possibilité soit donnée à chacun des habitants du monde de faire disparaître ceux qui les gênes ou qu’ils détestent  juste en appuyant sur un bouton sans que personne le sache, et demain, la moitié du monde ne se réveillerait plus. Et comme la moitié du monde déteste l’autre, demain il n’y aurait plus personne sur la terre ! Que l’inconverti le nie tant qu’il le voudra, mais le chrétien qui, par le Saint-Esprit, a sondé son cœur, se reconnaît en Jonas, et il dit : « oui, c’est vrai Seigneur, je suis cet homme-là, je suis capable de cela ! »

Ecoutez encore ce qu’il dit au verset 2 : « Ah ! Eternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais dans mon pays !… » Nous retrouvons Jonas, à Ninive, tel qu’il était quand il s’est enfui à Tarsis ; il ne rappelle sa révolte à Dieu que pour essayer de la justifier. Il demeure à ce qu’il a dit, parce qu’il l’a dit, bien qu’il sache qu’il l’a mal dit et qu’il aurait mieux fait de ne pas le dire, mais il le redira encore plutôt que de confesser son erreur et son tort. Voilà bien le cœur de l’homme pris en flagrant délit, sa chétive personne lui est tout ; Dieu, la vérité et l’amour ne lui sont rien. Courbé un instant sous la main de Dieu, il se redresse et il se regimbe. 

 

Plutôt mourir que vivre !

Ecoutez encore le verset 3, où il dira : «  Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie car la mort m’est préférable à la vie ». Singulier personnage que ce fils d’Amitthaï ! Tandis que beaucoup de serviteurs de Dieu ont été tentés de quitter le ministère à cause de l’insuccès, lui, il veut le quitter à cause du succès ! Incroyable ! « Seigneur, prends-moi donc la vie ! » Oh ! la méchante prière qui sort d’un cœur méchant !

Entre Jonas et Jésus, nous avons vu qu’il y avait de notables ressemblances et aussi de profonds contrastes. Nous avons rappelé les paroles du Seigneur: « il y a ici plus que Jonas ». Jamais parole n’a eu autant son application qu’ici. Quelle distance entre Jésus ne désirant la mort que pour l’épargner aux autres, et Jonas ne désirant la mort que parce qu’elle avait été épargnée aux autres ! Quel aveuglement ! Quelle cruauté dans ce cri : si Ninive vit, que Jonas meure ! ! Et puis quelle témérité aussi. Croyez-vous que ce soit l’heure d’aller comparaître devant Dieu que celle où l’on conteste avec lui ? Folie que d’exprimer un tel vœu à un tel moment ! Et bonté de Dieu de ne pas exaucer une telle prière ! Et nous frères et sœurs, sommes-nous sûrs que, dans un moment d’abattement, nous n’avons pas désiré la mort avec la même témérité ? En êtes-vous sûrs ?

Et puis, en pensant au monde qui ne connaît pas Dieu et qui n’est pas sauvé, que de pauvres aveugles qui appellent la mort de tous leurs vœux et qui parfois passent à l’acte ! Et souvent, ceux qui l’appellent avec le plus d’ardeur, ce sont ceux qui ont le moins sujet de le faire.

Qu’au lieu d’en parler si légèrement, ils se préparent plutôt à la recevoir quand il plaira à Dieu de l’envoyer. Qu’ils songent que si, pour le chrétien la mort est la fin de ses misères, pour l’inconverti la mort c’est le commencement de misères sans fin. Et c’est ici que le cri du prophète Amos prend toute sa signification et son actualité: « Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ». Prépare-toi, prépare-toi pour ce jour-là, et la seule façon de s’y préparer, c’est de mettre sa vie en règle en usant du seul moyen que Dieu dans sa sagesse nous ait donné: La repentance envers Dieu, la foi en la mort expiatoire de Jésus-Christ sur la Croix et la pratique d’œuvres dignes de cette repentance. Y a-t-il quelqu’un qui n’est pas encore réconcilié avec Dieu, qui craint la mort et le jugement ?  Qu’il s’approche du Seigneur, qu’il fasse la paix avec lui et alors il sera prêt, non pas à demander la mort, mais prêt à l’accepter avec la paix dans son coeur quand le Seigneur voudra le rappeler à lui.