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Jonas et le ricin

Chapitre 4 versets 4 à 6

Au chapitre 4 du livre de Jonas, je lis maintenant les versets 4 à 6 :

«  L’Eternel dit : Fais-tu bien de t’irriter ? Et Jonas sortit de la ville, et s’assit à l’orient de la ville. Là, il se fit une cabane et s’assit dessous à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vît ce qui arriverait à la ville. (Il n’en démord vraiment pas !).

L’Eternel fit croître un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre sur sa tête et pour lui ôter son irritation. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. »

 

L’irascibilité de Jonas l’a conduit à bien des écarts et va maintenant le pousser dans de nouvelles fautes. Son irritation le pousse à quitter Ninive le jour où ses habitants n’ont pas vu la colère de Dieu s’abattre sur eux et où ils ont compris qu’ils étaient l’objet de la miséricorde de Dieu.

Jonas, lui, sort en solitaire de la ville en liesse. Il s’en va à l’orient de la ville, il y trouve un petit promontoire et il s’y assied pour voir ce qui va se passer. Remarquez qu’il n’y a plus de colère nulle part, sauf dans le cœur de Jonas. Il marche silencieux et tout triste au milieu de l’allégresse générale.

Jonas…, est-ce que c’est là une attitude digne d’un serviteur de Dieu ? Jonas…, si Dieu s’est approché de la ville, pourquoi toi, t’en éloignes-tu ? Mais voyez-vous, le péché va le conduire vers d’autres fautes, d’autres privations, et d’autres douleurs.  Que de maux il va attirer sur sa tête !  Il n’est pas au bout de ses peines parce qu’il n’est pas au bout de ses erreurs, et son entêtement va le priver des plus douces jouissances.

Le roi de Ninive lui-même n’aurait cédé à personne l’honneur de recevoir dans son palais l’envoyé du Roi des Rois. Et au lieu de cela, il s’en va, l’air morose, l’œil éteint et traînant la savate ; il s’en va en dehors de la ville sur un petit monticule pour voir ce qui va arriver. Tenace dans ses antipathies, opiniâtre dans ses vœux, il est poursuivi par une idée fixe, « Ninive doit périr ». Et qui sait si dans son esprit, il n’est pas sorti de la ville pour ne pas être dans ses murs au moment où la colère de Dieu va tomber, parce qu’il croit toujours qu’elle va tomber !

 

Je voudrais faire une petite parenthèse avant d’aller plus loin et reparler de : « il y a ici plus que Jonas ». Je pense à Jésus qui s’est trouvé dans une situation à la fois analogue et différente devant Jérusalem ; Jérusalem qui ne s’était pas repentie… Jérusalem qui n’avait pas pris le sac et de laquelle il devait dire : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui te sont envoyés, que de fois n’ai-je pas voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes et vous ne l’avez pas voulu ! »  Oui, de cette ville qui allait se rendre coupable du crime des crimes, le Seigneur a dit: « Oh ! si toi aussi en ce jour qui t’est donné tu connaissais les choses qui appartiennent à ta  paix ! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux » Et Jésus a pleuré sur la ville ! Quelle différence ! Mais le Seigneur ne pleure pas que sur des villes, il pleure aussi sur des âmes, son cœur lui fait mal à la pensée qu’il y a parmi nous des amis qui sont si près du royaume de Dieu et qui en sont, hélas, encore si éloignés !

 

Retour sur Jonas.

Mais revenons à Jonas. Sa méchanceté commence à le châtier. Une journée chaude s’annonce, et au lieu d’un palais où il pourrait se reposer tout à son aise, il se fait une cabane, avec des branches et des feuillages. Il se met sous sa cabane, (cela prêterait à sourire si ce n’était pas si triste), et là il commence à pousser des gémissements. Il n’a pas voulu d’un palais, eh bien ! qu’il se construise une cabane, et qu’il subisse les conséquences de son choix !

J’ai rencontré des gens comme ça, ce sont des esprits inquiets, toujours mécontents et qui sont ingénieux à se mettre dans des situations inextricables. C’est à croire qu’ils ont plaisir à le faire, et comme ils sont résolus à se plaindre toujours, ils veulent au moins s’en donner l’occasion !

L’entêtement passionné de Jonas le châtiait plus que tout le reste. Nous sommes ainsi faits, tout penchant vicieux que l’on porte en soi, nous châtie. Il n’y a pas de maître plus dur, de bourreau plus cruel, que les passions que nous laissons dominer sur nous ; c’est l’enfer anticipé.

Prenez l’homme qui se laisse dominer par la paresse ou par l’égoïsme, ou par la colère ou par le mécontentement ou tout autre chose, celui qui se livre à ses passions empoisonne sa propre vie.  Où qu’il soit, dans un palais ou dans une roulotte, il est mécontent ; sa passion porte en elle le fouet qui le châtie. C’est l’état d’âme et non pas les circonstances qui rendent le cœur heureux ! Certains sont heureux dans toutes les circonstances parce qu’ils aiment le Seigneur et parce qu’ils acceptent sa volonté, tandis que d’autres qui ont tout, ne sont contents nulle part. Tandis que Joseph, et Paul, et Silas chantent en prison, au contraire Saül, Achab, Hérode et Néron, se désolent sur leur trône. Le Seigneur l’a bien dit : « la vie d’un homme ne dépend pas de l’abondance qu’il a » (Luc 12 :15), elle dépend de quelque chose de plus profond.

 

La cabane de Jonas.

Mais revenons à sa misérable cabane qu’il s’est construite. Qu’est-ce qu’elle peut bien représenter pour nous ? C’est l’image des faux appuis et des vains plaisirs de ce monde. Pauvres refuges,  cabanes d’un jour incapables de nous abriter de la tribulation. Cette cabane qu’il a fabriquée de ses propres mains, c’est aussi l’image des religions fabriquées par les hommes. Adam, le père de la race humaine, ayant écouté la voix de l’adversaire, perdit la robe d’innocence dont Dieu l’avait paré. C’est en vain qu’il a essayé de couvrir sa nudité avec des feuilles de figuier. Triste manière de remplacer le beau vêtement  dont il venait de se dépouiller. Et ses descendants ne font  que l’imiter, ils rejettent le vêtement de justice que leur tend le Fils de Dieu pour se couvrir des haillons souillés de leur propre justice. En faisant de leur mieux comme ils disent, ils se créent par le travail de leurs mains un abri de leur invention. Comment les hommes peuvent-ils à ce point se prendre au sérieux ?  Comment une cabane religieuse faite de mains d’hommes peut-elle garantir contre le jugement ? Comment une maison bâtie sur le sable de la philosophie humaine peut-elle résister au jour où les flots débordent ? Sous sa cabane, la position de Jonas était intenable et hors du salut en Jésus-Christ, la nôtre ne l’est pas moins.

Il y a ici une scène avec une pointe d’humour qui n’est peut-être pas de haut vol mais que vous livre : Jonas est sous sa cabane et il gémit, et il se plaint et il a chaud ; alors Dieu fait croître … qu’est-ce qu’il fait croître ? un…  un ricin. Savez-vous pourquoi Dieu lui a fait croître un ricin ? Je vais vous le dire : nous connaissons l’usage médicinal de la plante, l’huile de ricin. Eh bien ! Jonas  prend une tête de constipé, alors Dieu lui donne un ricin ! ! !

 

Le ricin.

Le ricin est, paraît-il, une plante qui croit rapidement et dont le feuillage est abondant, et en cela nous découvrons l’amour de Dieu. Dieu voit la douleur de son enfant et il devance sa prière. Dieu n’est pas comme nous, il est bon. Nous, nous ne le sommes pas. Nous, nous l’aurions abandonné à sa cabane. Moi je l’aurais laissé cuire dans son jus ! Mais voyez-vous, les pensées de Dieu ne sont pas comme nos pensées. La même voix qui a su calmer la fureur des flots, la même voix qui a commandé au poisson de prendre soin de Jonas, la même voix du Seigneur commande à un ricin de pousser en surmultipliée. Et le lendemain, un beau parasol végétal vient couvrir la tête douloureuse du prophète.

 

Je voudrais maintenant dire un mot plus sérieux à ceux qui sont dans l’affliction : Savez-vous que le Dieu de Jonas est aussi le vôtre ?  Il peut soulager et il peut délivrer. Le Seigneur peut en un moment créer un abri sûr, un ombrage pour votre âme fatiguée ; son cœur s’émeut de nos douleurs, il sympathise à nos souffrances, notre Dieu c’est un Père. Oui, il sympathise à nos souffrances, même à celles qui sont l’inévitable conséquence de nos erreurs. Voyez Jonas, c’est par sa faute qu’il en est là. Mais le Seigneur compte nos soupirs et la Bible dit qu’il recueille nos larmes (Ps. 56 :9). Les traces de ce Sauveur se trouvent partout dans la Bible. Il est avec nous dans les tribulations comme il était avec Jacob dans sa fuite. Il était avec lui à son retour lorsqu’il rencontra son frère Esaü qui lui en voulait à mort. Il était avec Joseph dans sa prison, avec les trois jeunes gens dans la fournaise, avec Marthe et Marie dans le deuil, avec Paul au tribunal de Néron. Il est partout où il y a quelques larmes à essuyer, quelques plaies à bander ou quelques délivrances à opérer. Oui, le Dieu de Jonas c’est aussi notre Dieu !

 

La sagesse de Dieu.

Et, outre l’amour du Seigneur, j’admire aussi la sagesse Dieu : Il a fait croître un ricin, c’est-à-dire qu’il  a donné à Jonas la chose dont il avait besoin à ce moment-là. Dieu fait toujours comme cela : à Noé, il a donné une arche, pas un ricin, ce n’est pas cela qu’il lui fallait, c’était une arche. A Agar, la servante d’Abraham égarée au désert, il lui donnera une source d’eau ; à Lot, le juste Lot, il donnera la petite ville de Tsoar pour qu’il s’y réfugie et ne périsse pas avec Sodome et Gomorrhe ; à Bartimée l’aveugle qui attend une pièce d’argent, il lui donnera la vue ; et à Jonas qui risque l’insolation mortelle, il lui donne, avec un merveilleux à propos, un ricin. Jonas souffre ? le ricin le calme. Israël est serré de près par les armées du Pharaon ? Dieu ouvre un passage dans la Mer Rouge, ils passent à sec et ils s’engagent dans ce chemin qui sera la ruée vers la liberté. Le peuple a faim dans le désert ? Dieu donne la manne ; il a soif, il frappe le rocher et donne de l’eau. Dieu vient à notre secours lorsque notre sagesse et nos ressources font défaut. Dieu a vu l’impuissance de Jonas à se créer un abri suffisant, il lui procure un feuillage.

Et savez-vous quand a poussé son ricin ? Je crois qu’il a poussé en plein psaume 127 ! « En vain vous levez-vous tôt, en vain vous couchez-vous tard, en vain mangez-vous le pain des douleurs, Dieu en donne autant à ses bien-aimés pendant leur… leur sommeil ! ». Jonas dort, il ne fait rien d’autre ; il dort, et parce qu’il reste le bien-aimé de Dieu (ça me dépasse !), Dieu lui donne  l’arbuste dont il a le plus urgent besoin. Les Juifs sont dans la capitale à Suse, ils vont périr par l’ordre du roi, leur arrêt de mort est signé, et tout à coup Dieu donne Esther, la reine Esther, et ils sont sauvés. La femme de l’évangile, malade depuis douze ans, a dépensé tous ses biens pour les médecins et il ne lui reste rien, Jésus passe et elle est guérie. Le secours de Dieu, vient souvent  du côté d’où nous l’attendions le moins. Elie le prophète, est au torrent de Kérith et il va mourir de faim, et les corbeaux arrivent et lui apportent du pain et de la viande le matin et du pain et de la viande le soir. Les enfants d’Israël vont tous disparaître jusqu’au dernier à cause du cruel Pharaon ; la propre fille du Pharaon à l’insu de tous recueille un petit bébé qui pleurait, Moïse, dont Dieu va faire le sauveur de la nation. Jonas va périr d’insolation… en une nuit Dieu lui donne un parasol végétal.

 

Et cela nous montre aussi que Dieu intervient au temps opportun. Si parfois la promesse, le secours de Dieu ont l’air de se faire attendre, ils n’arrivent jamais trop tard ; souvenez-vous que Dieu a arrêté le bras d’Abraham au moment même où il allait égorger son propre fils. Il ne restait plus à la veuve de Sarepta, qu’un peu d’huile, un tout petit peu de farine, de quoi faire un seul repas, et puis dit-elle, mon fils et moi nous mourrons ! A ce moment-là le prophète Elie arrive et tout se multiplie. Jonas est en péril, Dieu se montre et Jonas est sauvé !

En contraste avec la cabane, le ricin nous apprend qu’il n’est d’abri sûr pour l’homme, que dans la miséricorde de Dieu.

Oh ! ce merveilleux cantique que j’aime et que je pense vous avoir déjà cité:

Tous les travaux de mes mains

Pour te plaire seraient vains,

Lors même qu’en ma détresse

Mes pleurs couleraient sans cesse,

Ils ne pourraient me laver,

Toi seul peut et veux sauver ! 

 

Quelle que soit l’œuvre de nos mains, ce n’est jamais qu’une cabane ; ça ne vaut pas plus ! Alors demandons à Dieu de créer lui-même un abri, un vrai abri qui peut nous soulager et nous sauver.

 

Les réactions de Jonas.

Voyons maintenant les réactions de Jonas face au ricin. Il se réveille et au dessus de sa cabane un bel arbre a poussé rapidement et la couvre de son ombre. La Bible nous dit qu’il en a eu de la joie.  Est-ce que nous allons nous réjouir avec lui ? Je ne me hasarderais pas à le dire. Je me demande si la joie de Jonas n’est pas proche de la joie du roi Hérode : quand il a vu Jésus, Hérode en a éprouvé une grande joie. Mais ça s’est mal terminé. C’est pourquoi je ne sais pas s’il faut se réjouir avec lui. Au lieu de s’humilier, c’est ce qu’il aurait dû faire, il en éprouve de la joie.  Le cœur de l’homme est ainsi fait, il ne pense qu’à soi, à son petit confort, à être bien logé, bien assis dans un lieu ombragé pour contempler tout à son aise la ruine de ceux qu’il déteste. Voilà ce qui le préoccupe, le reste lui est assez indifférent.  Ah ! ça fait mal, de le voir là, assis sous son ricin, solitaire et jubilant quelque peu de la petite addition ajoutée à son confort, tandis qu’il s’attriste intérieurement de la grâce accordée aux Assyriens.

 

La joie de Jonas.

Mais ce n’est pas tout, non seulement il est dit qu’il en éprouva de la joie, mais le terme exact c’est qu’il en éprouva « une grande joie », relisez le texte, une grande joie ! Voyez-vous, Jonas est un homme à l’imagination fertile, et à l’humeur inégale : peu de chose lui procure une grande allégresse ou une grande tristesse. Ils sont ainsi les gens qui sont passionnés, instables et sentimentaux ; une bagatelle les attriste, une bagatelle les console, comme un gosse à qui on donne un jouet pour qu’il se taise : une immense joie, une immense tristesse. Mais voyez-vous, quand la grâce de Dieu, est reçue dans un cœur et le maîtrise, elle fait de nous des gens renouvelés dans l’esprit de notre entendement dit Ephésiens 4 :24, elle nous donne l’équilibre, la mesure, la maîtrise de soi. Elle tempère nos grandes douleurs par le sentiment de l’amour de Jésus-Christ, et elle tempère nos joies intempestives par le sentiment de notre misère. La grâce de Dieu nous montre les choses d’ici-bas telles qu’elles sont : petites, renfermées dans les étroites limites du temps et de l’espace, et ne méritant ni beaucoup de joie, ni beaucoup de peine. La grâce de Dieu nous apprend à apprécier les choses passagères, éphémères, temporaires comme le ricin, mais dans la ferme attente de la Maison du Père, de cette maison qui n’est pas, elle, construite de mains d’homme. D’ailleurs, souvenez-vous que Jésus a tempéré la joie de ses disciples. Il les avait envoyés en mission, et ils sont revenus, débordant de joie disant à peu près ceci: « Seigneur, mais c’est merveilleux, les démons eux-mêmes nous sont soumis ! » Le Seigneur leur dit :  « Réjouissez-vous surtout de ce que vos noms sont écrits dans les cieux ! » Les joies même les plus spirituelles, même les plus nobles, celles que Dieu nous donne, restent sujettes à interprétation, tandis que les éternelles, elles, peuvent être consommées sans modération parce qu’elles ne changent pas.

 

Quant à moi, j’en suis encore à me demander si Jonas, tout préoccupé qu’il était de ses affreuses espérances, n’en était pas arrivé à la conclusion que Dieu l’approuvait dans ses sentiments. L’intervention de Dieu en sa faveur, n’en était-elle pas le gage? Mais, les interventions de Dieu, même miraculeuses ne sont pas la preuve que Dieu nous approuve ; la seule preuve de l’approbation de Dieu, c’est l’enseignement et la pratique de la Parole de Dieu. Si notre vie est conforme à cet enseignement, c’est la seule preuve que nous ayons de son approbation.

 

Remonter à la source.

Nous rencontrons tant de choses négatives dans ce récit que s’il y a un soupçon de lumière, nous allons le relever car après tout, Jonas a eu une grande joie. Vous allez me dire, « comment ? de la joie pour un ricin ? rien qu’un ricin ? » C’est bien peu de chose, mais c’est ce dont il avait besoin à ce moment. Il y a tant de gens qui ne savent même plus avoir de la joie pour des grandes choses… alors, son sourire  nous fait quand même chaud  au cœur! Parce qu’après tout, pour lui, ce faible arbuste lui rendait les mêmes services qu’un chêne, un tilleul ou un platane. Nous comprenons la joie de Jonas, d’autant plus qu’il aurait pu se croire rejeté. Il a pu penser : l’Eternel ne garde pas Sa colère à toujours, il  prend soin de moi.  Cette intervention de Dieu était malgré tout la preuve qu’il restait l’objet de la faveur de Dieu, n’est-ce pas ? C’est pourquoi, il y a quand même un peu de joie dans ce « il éprouva une grande joie ». 

J’aurais préféré lire, par exemple, « Jonas eut une grande joie et il rendit grâce à Celui qui avait fait pousser le ricin »… j’aurais préféré cela, mais non, il n’a rien dit dans ce genre; il se réjouit certes, mais il ne bénit pas Dieu. C’est-à-dire que de la plante, Jonas n’a pas su s’élever jusqu’à celui qui l’avait faite. C’est très bien de se réjouir des grâces de Dieu, des biens qu’il nous accorde, des délivrances qu’il opère, mais il faut savoir l’en remercier et du don passer au donateur. Ce épisode nous apprend que de la joie à la gratitude, le chemin est énorme et c’est l’histoire de Jonas qui nous le montre. Mais j’espère pour lui que ce qu’il ne fait pas maintenant, il le fera plus tard et que revenu à de meilleurs sentiments, il dira non seulement: « mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits », mais surtout qu’il dira le texte en entier « mon âme bénis l’Eternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » A tant de bontés dont Dieu a couronné notre vie, il faut que notre cœur puisse s’arrêter non pas à ses bontés, mais à Celui dont un magnifique cantique dit  « qu’il est l’Auteur, la Source et la Cause de notre éternel bonheur ! » C’est ce que Jonas n’a pas fait, il s’est arrêté à son ricin, il n’est pas allé plus loin, il n’est pas monté jusqu’au Seigneur. Quant à nous, sachons monter plus haut que les bienfaits qu’il nous accorde et aller jusqu’à Celui qui est, je le redis en conclusion : l’Auteur, la Source, la Cause de notre éternel bonheur !  Amen !

Le ver est dans le fruit

Chapitre 4 versets 7 à 9

Jonas est donc dans la grande ville des Assyriens. Un miracle prodigieux se produit, miracle spirituel, la conversion de tout un peuple. Jonas qui espérait la destruction de la ville se trouve devant cette situation imprévue que nous lisons à partir du verset 10 du chapitre 3 et que nous poursuivrons au chapitre 4.

« Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de faire et il ne le fit pas.

Cela déplut à Jonas et il fut irrité.

Il implora l’Eternel et il dit : Ah ! Eternel, n’était-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant, miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal.

Maintenant, Eternel prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie.

L’Eternel répondit : Fais-tu bien de t’irriter ?

Et Jonas sortit de la ville, et s’assit à l’orient de la ville. Là, il se fit une cabane et s’y tint à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vit ce qui arriverait à la ville.

Dieu fit croître un ricin qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre sur sa tête et pour lui ôter son irritation. Jonas éprouva une grande joie à cause du ricin.

Mais le lendemain, à l’aurore, Dieu fit venir un ver qui piqua le ricin et le ricin sécha. »

 

Jonas, nous l’avons vu, venait de passer d’une tristesse excessive à une joie qui ne l’était pas moins, ce qui va obliger Dieu à lui enseigner la modération en le mettant à l’épreuve, et cette épreuve est dans le verset 7 : «Dieu fit venir un ver qui piqua le ricin et le ricin sécha. » Telle est la vanité des appuis terrestres, ils naissent aujourd’hui et ils disparaissent demain. Ce qui nous a procuré beaucoup de douceur peut être cause de grande amertume. Même les choses les plus innocentes, même celles que Dieu nous donne ont un ver à la racine. Ne l’oublions jamais : Christ seul demeure. Les bonnes choses de la vie promettent le bonheur, mais c’est Dieu seul qui le donne. On comprend au premier abord, que Jonas n’a pas compris le but du don du ricin. Dieu voulait par là amollir son cœur et se l’attacher par la reconnaissance. Au lieu de cela, Jonas joui du don sans s’élever jusqu’au donateur, il est tout entier au bienfait et il en oublie le bienfaiteur.

En cela aussi, nous ressemblons souvent à Jonas. Il y a dans l’Ancien Testament un beau récit : Abraham désirait trouver une femme pour son fils Isaac, et il a envoyé son serviteur Eliézer au pays de ses pères pour lui trouver une épouse. Ce serviteur est parti avec de l’or, des bracelets et des joyaux. Ces cadeaux n’étaient pas faits pour réjouir le cœur de Rebecca dans une terre païenne, ils étaient faits pour la gagner à Isaac et la faire venir dans le pays de la promesse. Qu’aurait-on pensé de Rebecca si elle avait cherché son bonheur dans les bijoux, tout en restant dans le pays de ses pères ?…

 

Le don ou le donateur ?

Ne nous arrive-t-il pas de jouir des bontés de Dieu et de l’oublier, lui et le but qu’il poursuit en nous les accordant. Toutefois, afin que nous ne nous y trompions pas, ce que Dieu nous donne ne suffira jamais à notre cœur. Pour que nous soyons heureux, vraiment heureux, il nous faut posséder Dieu lui-même. Je vous le demande encore une fois, quel don pourrait remplacer le « Distributeur » des dons ? Et puis, qu’arrive-t-il lorsque comme Jonas, nous nous attachons exclusivement  au don de Dieu? Il arrive ce qui s’est passé en Israël au mont Sinaï ; Dieu leur avait fait un don à leur départ d’Egypte. Ils étaient sortis avec les mains pleines de l’or des Egyptiens. Et qu’en ont-ils fait ? Ils en ont fait un veau d’or !  Quand on s’attache au don plutôt qu’à Dieu, on en fait des idoles muettes ! Que pouvait le veau d’or pour les diriger dans le désert, pour les désaltérer, pour les conduire et pour les introduire dans la terre promise ? Notre siècle aussi a ses veaux d’or  fabriqués avec les biens que Dieu nous donne.  Et nous nous attachons à eux au lieu de nous attacher à Dieu. Je vais vous en citer quelques-uns au passage qui sont devenus des idoles. Je vais les énumérer lentement : les vacances, la voiture, le camping, le caravaning, le mariage (c’est un don de Dieu), la famille, les sports, la chanson, le téléphone mobile, la technique, l’argent et j’en passe…, ce sont là des dons appréciables en eux-mêmes, mais qui, par l’attachement démesurés qu’on leur porte, deviennent des dieux et parfois des tyrans. Je vous le demande, que peuvent pour nous ces choses et ces êtres que nous divinisons ? Tout utiles que soient la plupart d’entre eux, peuvent-ils nous conduire dans le royaume de Dieu ?  Peuvent-ils nous protéger ? Bien sûr que non ! Mais en dépit de tous ces raisonnements, et même des expériences vécues, le cœur de l’homme est idolâtre, et l’homme comme Jonas  s’attache religieusement à son petit ricin! C’est là, la source de nos mécomptes et nombre de nos ennuis n’ont pas d’autre cause.  Des millions de gens, et parmi eux trop de chrétiens, gémissent sans vouloir reconnaître la cause de ce qui ne va pas dans leur vie. Il y a deux maux dont les hommes souffrent qui sont résumés par une seule phrase du prophète Jérémie: « Ils m’ont abandonné, moi la source de l’eau vive, pour se creuser des citernes crevassées qui ne contiennent pas l’eau ».

 

Les idoles modernes.

Tous les hommes, voyez-vous, sont idolâtres par nature, et leurs idoles varient selon leurs goûts et leurs caprices. Ce qui est une idole pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre, et ils se taxent mutuellement de folie. Celui qui est avare idolâtre le dieu Mammon, il est à genoux devant les billets de banque, et il raille le dépensier, le panier percé. Le dépensier, lui, se moque de l’avare, il ne comprend pas son dieu. Absalom, raillera Jonas, il ne peut pas comprendre que Jonas s’attache à un ricin. Jonas, en retour, ne peut pas comprendre la vanité d’Absalom qui une fois par année, se fait couper les cheveux et les met sur une balance pour en soupeser le poids ! Le livre des Proverbes dit : « Jusques-à quand stupides aimererez-vous votre stupidité ?»(Prov.1 :22) Ainsi, chacun a ses petites idoles personnelles. Frères et sœurs chrétiens, nous savons tout cela en théorie, mais en pratique nous l’oublions. Nous préférons végéter ou même périr plutôt que de nous séparer de nos vanités trompeuses. Et rien n’y fait, ni les dures leçons de l’expérience, ni les avertissements de la Parole de Dieu, rien n’arrive à nous désabuser. Notre cœur charnel dit tout bas, j’aime mon idole et je la chéris dans mon cœur. Et tout en tonnant contre le monde, nous chrétiens, nous courtisons ses faveurs. Comme Salomon, nous disons avec emphase : « monde de vanités, monde trompeur » et nous nous fions à ses promesses plus qu’aux promesses du Seigneur. Nous appelons le monde un ennemi dangereux et nous ne craignons pas de lui offrir un asile dans notre cœur. Qu’un homme soit riche et on voit la foule à ses pieds qui l’encense et le courtise. On s’attache à son ombre comme Jonas à son ricin. Qui nous sauvera de tant d’inconséquences et de contradictions ? Ce qui nous en sauvera, c’est la grâce de Dieu.

Mais comment Dieu dans  sa grâce va-t-il s’y prendre pour nous sauver de ce ricin que nous aimons, que nous caressons, que nous idolâtrons ? La suite va nous le faire voir.

 

Le ver est dans le fruit !

Jonas est indûment attaché à son ricin, je dis bien indûment, alors Dieu donne un ordre et illico, un ver accourt et pique le ricin qui se fane. Adieu bel ombrage ! C’est une leçon frappante pour tous les Jonas du monde qui se fient à leur ricin plutôt qu’à Celui qui l’a fait grandir. Dans l’épître de Jacques (4 :5), il est écrit que « c’est avec jalousie que Dieu chérit l’Esprit qu’il a fait habiter en nous », et il fera sécher tous nos ricins à mesure que nous leur donnerons notre cœur. Déjà le ver est à la racine de la plante idole pour la blesser, et il n’attend que le signal de Dieu pour la ronger et la faire mourir. Mais Dieu est un Dieu miséricordieux, aussi, avant de frapper notre idole, il nous presse de ne pas nous attacher à ce qui va périr. Ce que je viens de dire, il faut le dire et le redire dans ce siècle matérialiste et jouisseur : ce n’est pas la position, la circonstance extérieure, qui donne le bonheur à un homme, mais c’est la paix de la foi et l’attachement à la personne du Seigneur Jésus. Et si le Seigneur nous reprend nos idoles les unes après les autres, s’il nous enlève nos appuis humains, terrestres et passagers, n’oubliez jamais qu’il ne se reprend jamais Lui-même ; puis-je répéter cette phrase ? Si le Seigneur nous reprend nos appuis terrestres, il ne se reprend jamais Lui-même.  Il demeure notre lot, notre part, et il vaut mieux que tout ce qu’il nous donne. Il ne tient qu’à nous d’en expérimenter la valeur.

 

Le choix d’une épreuve ou une épreuve de choix ?

Le texte que nous avons lu nous suggère encore d’autres réflexions.

Nous allons voir ensemble le genre de correction que Dieu désire, avec amour, infliger à Jonas : Il fait périr son ricin. Remarquez que le Seigneur aurait très bien pu s’y prendre autrement mais c’est l’épreuve que Dieu choisit. Si j’ai bien compris ce texte, Dieu ne nous consulte pas dans le choix de nos épreuves, heureusement d’ailleurs ! Une épreuve que nous choisirions serait-elle encore une épreuve ? Est-ce qu’elle produirait le fruit paisible de la justice ? (Héb.12 :1)  Là est le but de toute épreuve : produire le fruit paisible de la justice ?  Les croix que le Seigneur nous donne à porter ne sont jamais agréables.  L’épître que je viens de citer dit que les épreuves  ne sont jamais un sujet de joie. Nos croix nous semblent toujours mal adaptées à notre condition, et nous lorgnons vers la croix des autres. Nous estimons leur croix moins lourde, moins anguleuse, mieux façonnée, moins pénible à porter, et que surtout nous serions beaucoup plus fiers de porter cette autre croix plutôt que la nôtre. Notre croix est si peu conforme à nos désirs, elle nous blesse si fort à l’endroit sensible, elle nous châtie et met notre chair à vif.

Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement, parce que Dieu prétend nous traiter en fils et non pas en bâtard. Le plus grand châtiment que Dieu pourrait nous infliger, c’est de ne nous en infliger aucun ! Mais il nous aime trop pour cela, il aime trop Jonas pour le laisser à son irritation.

 

Comment a péri le ricin ?

Regardez encore comment a péri le ricin. Il a péri tout d’un coup, il a péri au moment où Jonas allait en avoir le plus besoin. Le ricin lui a été ôté au moment où il allait le plus vivement en ressentir la perte. Il faut que Jonas sache, et l’Eglise avec lui, que tout soutient terrestre est vanité et que la créature nous fait toujours défaut au moment où nous en avons le plus besoin. Il faut que l’Eglise sache que Dieu seul ne fait pas défaut à l’heure de l’épreuve : Lui seul est le refuge, Jésus seul est le ricin qui ne flétrit pas, Lui seul est le Rocher qui nous suit dans nos épreuves comme le rocher suivait Israël dans le désert.

 

Et puis, j’aimerais aussi voir avec vous l’instrument dont Dieu s’est servi pour détruire l’ombrage de Jonas. Dieu n’a pas envoyé un ange pour faire périr le ricin, ni un archange. Dieu n’a pas envoyé l’orage avec la foudre qui aurait brûlé le ricin… pas du tout, il a envoyé une larve, pas plus. Je voudrais surtout attirer votre attention sur le verbe qui est employé.  La version Darby qui sur ce point suit l’original de plus près dit : « Dieu prépara un ver » comme précédemment il est aussi dit « Dieu prépara un grand poisson ». Ce verbe employé quatre fois dans le livre est le même pour le ver et le ricin que pour le cachalot. Dieu apporte tous ses soins, tous ses préparatifs aux petites causes comme aux grandes. Il semble normal à l’homme, que Dieu se serve d’un cétacé pour accomplir ses desseins, mais il n’est pas anormal à Dieu de se servir d’un ver pour les accomplir.

Les voies de Dieu nous déroutent ; il parle au ver, le ver s’avance et pique le ricin qui se fane. Dieu a toujours fait comme cela, il se sert des choses faibles pour confondre les fortes nous dit l’épître aux Corinthiens. Souvenez-vous de l’histoire d’Israël en Egypte, Dieu va se servir de faibles insectes, comme les mouches, les poux pour châtier l’Egypte. Les grenouilles elles-mêmes vont se mettre à sauter sur le lit du Pharaon !… Souvenez-vous des murailles de Jéricho, elles étaient imprenables. Dieu en a fait faire le tour sept fois en soufflant dans d’inoffensives  trompettes, et les murailles se sont écroulées. Toute la Bible est là pour nous dire que Dieu se sert de causes chétives pour renverser nos plans, pour ruiner nos fausses espérances et pour tarir la source de nos faux petits bonheurs. Tous les moyens sont à sa disposition. Il emploie même la corruption pour châtier notre corruption ; la Bible dit « avec celui qui est pervers, tu agis selon sa perversité » (Ps. 18 :27). D’innombrables essaims de petits vers sont à la racine de nos prospérités matérielles et les dévorent les unes après les autres. Et ces petits vers s’appellent, le mécontentement d’esprit,  l’esprit chagrin, ou l’avarice, ou la paresse, ou la jalousie ou l’orgueil ou l’insatisfaction chronique … Quand nous nous attachons trop aux choses, alors Dieu donne un ordre et le ver rongeur se met en route !

 

La cause était invisible.

Remarquez encore que le ver qui a fait flétrir le ricin de Jonas était invisible ; Jonas en a vu l’effet, mais il n’en a jamais deviné la cause, si ce n’est par révélation. Et nous voyons aussi nos ricins se flétrir les uns après les autres, sans savoir qui les a frappés. Si l’on vous demandait un jour comment votre joie s’est changée en douleur ? la seule réponse que vous pourriez donner, c’est : je l’ignore ! Tout au plus pourriez-vous peut-être dire comme Naomi du livre de Ruth : « J’étais dans l’abondance à mon départ, et l’Eternel me ramène les mains vides. »

 

Cette histoire du ricin et du ver nous permet aussi de distinguer entre deux sortes de jouissances, que l’on rencontre dans le monde : il y a les jouissances qui sont permises dans une certaine limite, et on peut dire que le ricin s’y rapporte ; c’était un bonheur permis, une jouissance permise. Et puis, il y a des jouissances qui ne sont pas permises en aucune façon et à aucun degré. Quelles sont-elles ? Ce sont ces funestes ricins que nos phantasmes  créent et que Dieu maudit. Un ver aussi est à la racine de ces passions, mais c’est plus que l’ennui, c’est plus que le serrement de cœur, c’est plus que le désappointement, c’est le remord qui flétrit, consume et  empoisonne une vie… c’est un ver qui, dans le monde à venir, va devenir ce que le Jésus a appelé, « le ver rongeur qui ne meurt pas ». Ver affreux qui doit dévorer le coupable et qui doit lui faire expier dans une éternité de douleurs les perfides caresses de la convoitise et les délices passagères du péché. Redoutable pensée que celle-là qu’une honnête lecture de la Parole de Dieu nous interdit de nier.

Ce sont là les premiers enseignements que nous tirons du verset 7 que je relis : « Dieu fit venir un ver qui piqua le ricin et le ricin sécha ». Quelle éloquence dans ces enseignements ! Combien ils nous apprennent l’instabilité des biens de la terre et la vanité de la créature ! Avec quelle puissance ce verset 7 nous crie cette phrase qui est résumée dans le prophète Esaïe : « Malheur à l’homme qui se confie dans l’homme ». Ce sont des plantes éphémères que Dieu nous donne dans le désert de notre vie. Aujourd’hui, elles nous donnent un ombrage agréable et demain, elles laissent nos têtes exposées aux ardeurs de l’affliction. Eh bien ! frères et sœurs, puisse l’expérience de leur fragilité guérir à tout jamais nos cœurs d’y attacher autre chose que le regard du pèlerin qui passe…

 

Un autre ombrage.

Si j’ai bien compris, il nous faut un autre ombrage que celui-là. Où va-t-on le trouver ? Quelque part, il est écrit : « le Seigneur est mon ombre à ma main droite… » Voilà l’ombre qu’il nous faut ; ce n’est pas le ricin, ce ne sont pas les bienfaits de Dieu, ce ne sont pas les vrais ombrages ; le vrai ombrage qui ne déçoit pas, c’est celui que je viens de citer : « le Seigneur est mon ombre à ma main droite... »  Lui seul est la sûre retraite, lui seul est l’aliment, le breuvage de l’âme, lui seul est totalement tout.

J’ai lu quelque part, qu’il y a aux Indes un arbre extraordinaire pour l’Indien, un véritable arbre miracle pour lui, c’est le cocotier. Du cocotier, l’Indien tire beaucoup de choses : il tire un aliment, il tire aussi du lait, il en tire des calebasses, il en tire un abri, il en tire de l’huile, il en fait du vin et avec les fibres il s’en fait même un vêtement ; c’est pour l’Indien l’arbre de vie. Il me semble que cet arbre à vocations multiples, est une image de notre Seigneur  Jésus-Christ qui lui aussi est l’arbre de vie. Il nous donne un sûr abri, il est un paratonnerre contre la foudre, un refuge dans la peine, le lait qui nous fait croître, la viande qui nous fortifie, il est le manteau qui nous couvre, le vin qui nous réjouit, il est l’huile qui nous console, nous oint, nous éclaire et qui nous sanctifie. Véritablement, Jésus est l’arbre de vie et lui seul doit suffire à nos vœux et combler nos désirs. Parfaitement beau, souverainement aimable, immuable et éternel, il ne cessera jamais, notre Seigneur, de ravir notre cœur. Il ne nous sera jamais ôté, il répandra sur nous ce que dit le prologue de l’évangile de Jean : « nous avons reçu de Lui et grâces sur grâces ». Notre âme qu’il fit si grande parce qu’il la fit pour lui, lui seul peut la remplir. On remplirait plus vite les bassins de l’océan avec l’eau de pluie que de remplir l’âme humaine. Il est la source unique où notre âme peut se désaltérer éternellement. Notre Seigneur est le seul ricin que nul ver ne peut atteindre et au feuillage toujours vert aux siècles des siècles. Je vais simplement citer cette parole de la bien-aimée du Cantique des Cantiques : « j’ai désiré m’asseoir à son ombre » ; l’ombre de quoi ? l’ombre du ricin ? Non ! à l’ombre de la fortune ? Non ! à l’ombre de la santé ? (et c’est un don de Dieu) Non ! à l’ombre de l’amour du foyer (qui est autre don de Dieu) Non ! à l’ombre de la jeunesse ? Non ! car jeunesse se passe et j’ai l’habitude de dire qu’elle passe vite : Ce n’est pas hier que j’avais vingt ans, c’était….avant-hier ! Et les années déboulent maintenant à une allure de plus en plus folles. Il ne faut pas  oublier que nous allons tout perdre mais lui, notre divin ricin ne nous sera jamais ôté. C’est pourquoi il est sage d’apprendre dès maintenant à nous asseoir à Son ombre.