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Le jeune et le vieux prophète

1 ROIS 13

Voici un homme de Dieu arriva de Juda à Béthel par la parole de l’Éternel pendant que Jéroboam se tenait à l’autel pour brûler des parfums. Il cria contre l’autel, par la parole de l’Éternel, et il dit : Autel ! autel ! ainsi parle l’Éternel : Voici il naîtra un fils à la maison de David ; son nom sera Josias ; il immolera sur toi les prêtres des hauts lieux qui brûlent des parfums, et l’on brûlera sur toi des ossements d’hommes ! Et le même jour il donna un signe, en disant : C’est ici le signe que l’Éternel a parlé : Voici l’autel se fendra, et la cendre qui est dessus sera répandue. Lorsque le roi entendit la parole que l’homme de Dieu avait criée contre l’autel de Béthel, il avança la main de dessus l’autel, en disant : Saisissez-le ! Et la main que Jéroboam avait étendue contre lui devint sèche, et il ne put la ramener à soi. L’autel se fendit, et la cendre qui était dessus fut répandue, selon le signe qu’avait donné l’homme de Dieu, par la parole de l’Éternel. Alors le roi prit la parole, et dit à l’homme de Dieu : Implore l’Éternel, ton Dieu, et prie pour moi, afin que je puisse retirer ma main. L’homme de Dieu implora l’Éternel, et le roi put retirer sa main, qui fut comme auparavant. Le roi dit à l’homme de Dieu : Entre avec moi dans la maison, tu prendras quelque nourriture, et je te donnerai un présent. L’homme de Dieu dit au roi : Quand tu me donnerais la moitié de ta maison, je n’entrerais pas avec toi. Je ne mangerai point de pain, et je ne boirai point d’eau dans ce lieu-ci ; car cet ordre m’a été donné par la parole de l’Éternel : Tu ne mangeras point de pain et tu ne boiras point d’eau, et tu ne prendras pas à ton retour le chemin par lequel tu seras allé. Et il s’en alla par un autre chemin ; il ne prit pas à son retour le chemin par lequel il était venu à Béthel.”

Alors ici, l’affaire se corse…

Or il y avait un vieux prophète qui demeurait à Béthel. Ses fils vinrent lui raconter toutes les choses que l’homme de Dieu avait faites à Béthel ce jour-là, et toutes les paroles qu’il avait dites au roi. Lorsqu’ils en eurent fait le récit à leur père, il leur dit : Par quel chemin s’en est-il allé ? Ses fils avaient vu par quel chemin l’homme de Dieu qui était venu de Juda. Et il dit à ses fils : Sellez-moi l’âne. Ils lui sellèrent l’âne, et il monta dessus. Il alla après l’homme de Dieu, et il le trouva assis sous un térébinthe. Il lui dit : Es-tu l’homme de Dieu qui est venu de Juda ? Il répondit : Je le suis. Alors il lui dit : Viens avec moi à la maison, et tu prendras quelque nourriture. Mais il répondit : Je ne puis retourner avec toi, ni entrer chez toi. Je ne mangerai point de pain, je ne boirai point d’eau avec toi en ce lieu-ci ; car il m’a été dit par la parole de l’Éternel : Tu n’y mangeras point de pain et tu n’y boiras point d’eau et tu ne prendras pas à ton retour le chemin par lequel tu seras allé. Et il lui dit : Moi aussi, je suis prophète comme toi ; et un ange m’a parlé de la part de l’Éternel et m’a dit : Ramène-le avec toi dans ta maison, et qu’il mange du pain et qu’il boive de l’eau. Il lui mentait.

L’homme de Dieu retourna avec lui, et il mangea du pain et but de l’eau dans sa maison.

Comme ils étaient assis à table, la parole de l’Éternel fut adressée au prophète qui l’avait ramené. Et il cria à l’homme de Dieu qui était venu de Juda : Ainsi parle l’Éternel : Parce que tu as été rebelle à l’ordre de l’Éternel, et que tu n’as pas observé le commandement que l’Éternel, ton Dieu, t’avait donné ; parce que tu es retourné, et que tu as mangé du pain et bu de l’eau dans le lieu dont il t’avait dit : Tu n’y mangeras point de pain et tu n’y boiras point d’eau, ton cadavre n’entrera pas dans le sépulcre de tes pères. Et quand le prophète qu’il avait ramené eut mangé du pain et qu’il eut bu de l’eau, il sella l’âne pour lui.

L’homme de Dieu s’en alla : et il fut rencontré dans le chemin par un lion qui le tua. Son cadavre était étendu dans le chemin ; l’âne resta près de lui, et le lion se tint à côté du cadavre. Et voici, des gens qui passaient virent le cadavre étendu dans le chemin et le lion se tenant à côté du cadavre ; et ils en parlèrent à leur arrivée dans la ville où demeurait le vieux prophète.

Lorsque le prophète qui avait ramené du chemin l’homme de Dieu l’eut appris, il dit : C’est l’homme de Dieu qui a été rebelle à l’ordre de l’Éternel, et l’Éternel l’a livré au lion, qui l’a déchiré et l’a fait mourir, selon la parole que l’Éternel lui avait dite.

Puis, s’adressant à ses fils, il dit : Sellez-moi l’âne. Ils le sellèrent, et il partit. Il trouva le cadavre étendu dans le chemin, et l’âne et le lion qui se tenaient à côté du cadavre. Le lion n’avait pas dévoré le cadavre et n’avait pas déchiré l’âne. Le prophète releva le cadavre de l’homme de Dieu, le plaça sur l’âne, et le ramena ; et le vieux prophète rentra dans la ville pour le pleurer et pour l’enterrer. Il mit son cadavre dans le sépulcre, et l’on pleura sur lui, en disant : Hélas, mon frère ! Après l’avoir enterré, il dit à ses fils : Quand je serai mort, vous m’enterrerez dans le sépulcre où est enterré l’homme de Dieu, vous déposerez mes os à côté de ses os. Car elle s’accomplira, la parole qu’il a criée, de la part de l’Éternel, contre l’autel de Béthel et contre toutes les maisons des hauts lieux qui sont dans les villes de Samarie

 

Nous sortons parfois décontenancés de la lecture de certains passages bibliques. J’ai découvert pour mon profit personnel et pour ma meilleure compréhension des écrits sacrés, qu’une époque dans l’histoire d’une nation expliquait souvent le comportement des individus. On comprend mieux la vie décousue d’un Samson quand on sait qu’il vivait dans un temps où " chacun faisait ce qu’il lui semblait bon ". Samson était en fait ce qu’on appelle " un enfant du siècle ".

Ici, nous sommes en pleine révolution nationale qui dégénère en apostasie spirituelle.

Un violent remous politique vient de déchirer la nation en deux. L’unité nationale d’Israël vient de recevoir un coup mortel dont elle ne se relèvera plus.

Dans la partie nord du pays, le souverain légitime, Roboam, a été remplacé par un roi illégitime, Jéroboam.

Jérusalem, la capitale, a été remplacée par Samarie.

L’adoration du Temple a été remplacée par les hauts lieux de Béthel ;

les prêtres de droit divins par des usurpateurs des fonctions sacerdotales ; l’autel de Jérusalem par une copie et, dans une certaine mesure, Dieu lui-même a été remplacé par les veaux d’or. Voilà un arrière-plan confus bien fait pour recevoir un avant-plan tout aussi confus.

Mais ce n’est jamais pour rien que la Bible nous rapporte de tels récits. Il y a, pour ceux qui veulent la peine de chercher ou de se laisser instruire, deux admirables leçons, l’une sur la sévérité de Dieu et les rigueurs de sa loi, l’autre sur l’amour de Dieu et les richesses de sa grâce.

 

C’est dans ce décor peu sympathique de l’apostasie que nous apparaît un bien sympathique jeune homme. Nous ne pouvons qu’admirer sa jeunesse, son zèle, son courage à affronter le roi Jéroboam, son obéissance première à la vision céleste qui le fait se déplacer de Jérusalem jusqu’à Béthel pour ne dire que quelques paroles, mais quelles paroles ! Quelle virilité dans sa réponse au roi : "Quand tu me donnerais la moitié de ta maison, je n’irais pas avec toi ; je ne mangerai pas de pain et je ne boirai point d’eau dans ce lieu ! ". Le zèle de son Dieu l’absorbe à 100%. Nous l’aimons ce jeune homme, nous ne pouvons pas faire autrement que l’aimer et rester chapeau bas devant lui.

Il vient de passer avec succès le cap de la première épreuve. La tentation ouverte, les sollicitations de Jéroboam n’ont aucune prise sur lui. Et si le diable ne s’était pas acharné sur sa jeunesse et son inexpérience, nous n’aurions gardé de lui qu’une histoire fugitive peut-être, mais combien grande dans sa brièveté.

Hélas, ce que le lion rugissant n’a pas réussi à faire, un ange de lumière y arrivera. Ce que Satan n’est pas parvenu à faire par Jéroboam, il y est arrivé par un vieux serviteur de Dieu. Quelle leçon pour nous les chrétiens ! Quand nous ne sommes pas remplis du Saint Esprit, nous sommes en danger d’être manipulés par Satan. Quand nous résistons à Dieu, nous sommes enclins à céder au diable.

Nous sommes étonnés du terrible châtiment  qui est tombé sur le jeune homme, mais plusieurs détails auraient dû l’alerter et éveiller en lui quelques soupçons :

1.  Dieu ne pouvait pas se contredire

2.  L’ordre qu’il avait reçu était trop précis pour qu’il soit changé.

3.  Il ne pouvait se rétracter sans jeter le trouble dans les consciences touchées par son intervention courageuse.

Et ce dernier point explique le châtiment exemplaire qui a suivi sa faute. En cédant à la sollicitation du vieillard, sa vie devenait le démenti de sa prédication. Et en la châtiant de la sorte, Dieu corrigeait l’erreur de son prophète et sanctionnait (validait) publiquement ce qu’il lui avait fait dire au roi et à la foule.

Quoiqu’il en soit, ce jeune homme reste pour nous un héros de la foi, même si avant de périr sous la griffe et les dents du lion il a dû penser comme Cyrano :

" C’est égal, j’aurai tout raté, même ma mort,

Je meurs assassiné, frappé dans une embûche,

Par derrière, par un laquais, d’un coup de bûche ".

 

Mais nous, nous écrirons sur sa tombe, et il le mérite : " Mort au champ d’honneur du combat de la foi "

 

Mais si la vie et surtout la mort du jeune prophète nous apprend la sévérité de Dieu et les rigueurs de sa loi, la suite va nous apprendre l’amour et la longue patience de Dieu car l’histoire du vieux prophète est pleine d’enseignement.

Il avait été jeune.

 

C’est là, je le sais, une lapalissade. Il avait eu ses heures de gloire. L’Esprit de Dieu avait parlé par lui. Il avait connu ces moments d’enthousiasme où la seule chose qui compte est de faire la volonté de Dieu et d’annoncer son message tel qu’il l’avait reçu de lui. Il y avait eu des pages exaltantes au livre de sa vie. Il avait blanchi sous les harnais mais il était devenu non seulement un prophète âgé mais dans un sens péjoratif un " vieux " prophète. La seule couronne qui lui restait, c’était celle de ses cheveux blancs, et même celle-là, il était en train de la perdre ! S’il avait ressemblé au jeune prophète autrefois, il était en passe d’avoir une fin moins glorieuse que la sienne.

Le jeune homme était mort dans une embuscade peut-être, mais au combat, debout, au champ d’honneur, tandis que lui était déjà mort avant d’avoir fini sa vie. En termes militaires on dirait : Il n’est plus dans l’active, il n’a pas été versé dans la réserve, il n’est tout simplement plus disponible, c’est un déserteur.

Il devait passer ses soirées à feuilleter son album de photo souvenirs et à réciter des vers : " Où sont les neiges d’antan ! ".

Où sommes-nous dans tout cela ? Est-ce que le portrait de cet homme, qui a été et qui n’est plus, ne serait-t-il pas le portrait de quelques-uns parmi nous ce soir ?

 

II. Et pourtant, ce n’était pas un faux prophète.

Cet homme ressemble plutôt à Lot le neveu d’Abraham que nous trouvons confortablement installé aux portes de Sodome. Personne n’aurait cru si l’apôtre Pierre ne nous l’avait révélé que Lot était resté " le juste Lot " qui sentait son âme juste s’irriter au-dedans de lui à la vue des abominations que commettaient les gens de la ville (2 Pierre 2 :8). Non, je le redis, cet homme n’était pas un faux prophète. Il avait fait avec Dieu l’expérience décisive de ce que Jésus a appelé la nouvelle naissance, il était marqué intérieurement du sceau de Dieu comme le sont tous les vrais croyants. Cet homme ressemble aux vierges sages de la célèbre parabole, et je dis bien les cinq sages ; elles dorment et lui aussi dort avec elles ; et peut-être que, spirituellement parlant, plusieurs parmi nous ronflent à l’unisson avec elles et avec lui.

Car, il faut le savoir, il n’a pas toujours dormi ; non, il fut un temps où il était même très éveillé.

 

Quand donc s’est-il assoupi ?

Il suffit de lire 2 Chroniques 11 :13-16.

" Parce que Jéroboam s’était établi des sacrificateurs pour les hauts lieux et les boucs et pour les veaux qu’il avait faits et qu’il avait repoussé les sacrificateurs et les Lévites, ceux de toutes les tribus d’Israël qui avaient mis leur cœur à chercher l’Eternel abandonnèrent leurs banlieues et leurs possessions et vinrent en Juda et à Jérusalem pour sacrifier à l’Eternel, le Dieu de leurs pères ".

Cela revient à dire que tant qu’il ne fallait protester que du bout des lèvres, on pouvait compter sur lui. Mais quand il a fallu protester par l’exemple et payer de sa personne, on ne l’a plus vu nulle part. Pour continuer a être le serviteur de Dieu, à l’exemple des autres il fallait tout quitter. Il est resté, et dès lors il s’est tu.

Les soucis de la vie, l’amour des possessions, du confort, de ses aises dont nous a parlé Jésus dans la parabole du semeur et qui sont si aptes à nous enlacer, avaient envahi sa vie comme le lierre parasite enserre un arbre et le fait dépérir par étouffement. Il n’a pas voulu trancher dans le vif, il a vécu avec un chancre dont il n’a pas voulu se séparer et il est devenu un cancre de la vie spirituelle.

Le sommeil spirituel ne vient jamais sans cause. Si on le veut vraiment, avec l’aide promise du Saint Esprit, chacun peut remonter le cours de sa vie et il ne faudra pas chercher longtemps pour découvrir où, quand et pourquoi l’assoupissement spirituel nous aura gagné. Dans la vie de cet homme, cela portait un nom précis. Chez nous aussi cela porte aussi un nom précis, je ne sais pas lequel mais chacun qui est concerné le sait et Dieu aussi le sait.

Est-ce la lecture de ces chiffons de papier de la presse à sensations dignes de la poubelle qui ont pris le pas sur la lecture de la Parole de Dieu ?

Est-ce une amitié sentimentale qui se développe avec quelqu’un qui n’est pas de la maison de la foi ?

Est-ce l’idole de la mode qui façonne les mentalités au gré de ses extravagances au point d’annihiler toute capacité de juger entre ce qui est décent et ce qui ne l’est plus ?

Est-ce la consultation de l’horoscope où l’on fini par mieux connaître les douze signes du Zodiaque que les douze apôtres du Christ ?

Est-ce la pornographie envahissante qu’on regarde en cachette aux heures tardives sur le petit écran ? Est-ce ?… est-ce… ?

Telles sont, parmi tant d’autres, les causes d’endormissement qui peuvent envahir notre âme à tout moment.

 

III. Son mensonge.

Voyons maintenant son mensonge. Pourquoi ment-il ? Sans but ? Juste pour voir ce qui va arriver ? Par jalousie ? Pour être dans l’opposition par plaisir ? Pour lui jouer un tour ? Les choses spirituelles lui sont-elles devenues une plaisanterie ? C’était le péché gratuit. Nous entrons ici dans la phase la plus sombre de sa vie. Ça vous soulève le cœur. On ne peut s’empêcher d’en avoir un haut-le-corps. Il ment, il ment froidement, délibérément avec une inconscience ou une perversion qui nous dépasse.

Non seulement il ne sert plus Dieu ; non seulement il se sert du Nom de Dieu, mais encore il se sert du Nom de Dieu pour mieux mentir et mieux appuyer son mensonge. Et tout cela a commencé le jour où il a refusé de souffrir pour son Dieu et de payer le prix de la séparation. Et sa vie dès lors n’a plus été qu’une longue préparation pour le suprême mensonge. Ne croyons pas qu’il a menti tout d’un coup. Voici les étapes de son mensonge : il n’a pas protesté devant le mensonge du faux autel, des faux dieux, des faux sacrificateurs (prêtres). Or, les plus grands mensonges sont les mensonges religieux ; en sa qualité de prophète de l’Eternel il aurait dû être le premier à les dénoncer. Mais il a accepté cette situation mensongère sans protester, et comme en religion celui qui n’avance pas recule, sans qu’il s’en rende compte il s’est installé dans cette ambiance et il a été formé à son insu pour le jour de la grande trahison. Il est tombé tellement bas, qu’aux versets 21 et 18, il mélange des vérités et des mensonges avec une égale facilité ; il dit la vérité sans se laisser influencer par elle et il manie la tromperie sans que sa conscience ne proteste.

 

IV. Les conséquences.

Qu’est-ce qu’un mensonge, dira-t-on ? Une bagatelle et moins encore puisque ce tout petit péché n’a été fait qu’entre quatre yeux ! Mais ce péché fut la cause de la mort de son frère. Nous ne saurions trop peser les paroles de l’apôtre Paul qui disait : " Nul ne vit pour lui-même et nul ne meurt pour lui-même ", et nous pouvons ajouter à la lumière de ce récit : " Nul ne pêche pour lui-même ". Nous comptons pour peu, pensons-nous, mais il ne faut jamais oublier que le diable est à l’affût de toutes les occasions et qu’il met tout son poids dans nos péchés. C’est alors que nos paroles, notre attitude, notre caractère, notre exemple pèsent lourdement dans la balance de l’influence que nous avons sur les autres. Car on peut blesser et même tuer par une aussi petite chose qu’un mensonge. Oui, un mensonge peut tuer une réputation, ruiner un ministère, détruire une Assemblée, détruire un mariage…il est jusqu’à des réponses ambiguës comme : " laisse tomber " ou hypocritement condescendantes comme " c’est quand même un brave ami ", ou hautement assassines comme " on peut le comprendre "… rien de tel pour vous assassiner un homme. C’est ce qu’a dit quelqu’un non sans humour, c’est lui passer la main dans le dos par devant et lui cracher à la figure par derrière !

 

V. Le Réveil.

Nous arrivons maintenant à l’éveil de son âme.

Et cet épisode de sa vie nous dépasse encore plus que celui que nous venons de voir et nous fait comprendre cette autre vérité de la Bible : " Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ". Non, dira Esaïe, " les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies ". Jésus a aussi dit " qu’il n’éteindrait pas le lumignon qui fume " (Matt.12 :20), or ici il dégage une odeur âcre qui prend à la gorge et vous donne la nausée. Mais le Seigneur, de son souffle divin va ranimer la flamme de cette âme en perdition et, Ô chose stupéfiante, ce sera la mort violente du jeune prophète qui sera l’instrument de son redressement spirituel. En voici les étapes.

a) Je vous décris la scène : des gens viennent dire qu’on a trouvé le cadavre d’un jeune homme tué par un lion. A peine apprend-t-il la chose qu’il s’écrie sans l’ombre d’une hésitation : "  C’est l’homme de Dieu qui a été rebelle à l’ordre de l’Eternel et il l’a livré au lion ! ".

Mais comme il a dû dire cette phrase car c’est ici que se situe le moment crucial de son retour à Dieu. Lui qui tout à l’heure encore mêlait allègrement vérité et mensonge, sent tout à coup une étrange émotion l’envahir. Jusqu’ici la vérité et lui suivaient des chemins séparés. Il l’annonçait de sa bouche sans qu’elle trouve un écho dans son cœur. Mais voici que tout change. Sa prophétie de tout à l’heure lui revient, mais cette fois chargée de la puissance de l’Esprit de Dieu qui convainc de péché, de justice et de jugement ; elle devient l’épée à deux tranchants qui pénètre jusqu’à la division de son âme et de son esprit et lui révèle les noires pensées de son cœur (Héb.4 :12,13). Dieu s’est servi de lui pour parler aux autres mais maintenant, par l’effet boomerang du Saint Esprit, Dieu parle à son cœur.

Son aveu.

Son exclamation au verset 26  que je cite librement: " C’est l’homme de Dieu qui a été rebelle à l’ordre de l’Eternel qui l’a livré au lion selon la parole que l’Eternel m’avait dit de lui dire !", cette exclamation est d’une part la reconnaissance de la vérité, et d’autre part l’aveu de sa culpabilité dans la mort du jeune homme.

Son âme est fouettée par le remords, et il va entreprendre dans la mesure où il le peut encore une réparation tardive, même à titre posthume, des conséquences de son mensonge. Quelqu’un dira peut-être : A quoi bon, ça lui fait une belle jambe maintenant que l’autre est mort ! A cela je réponds : il aurait pu ne pas partir et rester tranquillement chez lui. Mais non, le lumignon se rallume, un feu intérieur qu’il n’a plus connu depuis longtemps le dévore à nouveau. Dès lors il va dire et faire des choses qui vont prouver la profondeur de sa repentance et l’authenticité de sa foi retrouvée.

c) Il fait la chose la plus extraordinaire qui soit. Alors que le fauve monte la garde à côté de sa victime, il enlève sa proie au nez et à la barbe du lion. Le roi des animaux médusé de cette audace en est comme muselé. Je ne sais pas si vous vous représentez bien la somme de courage et de foi qu’il lui a fallu pour faire un tel acte. Pour le comprendre et par comparaison, essayez de prendre à un chien l’os qu’il est en train de ronger. C’est, paraît-il la dernière chose à faire ; même les maîtres ne devraient pas s’y risquer. Mais ici il ne s’agit pas d’un chien mais d’un lion. Et lui qui a eu peur de braver les hommes, brave maintenant le lion !

Le feu de votre vie chrétienne est-il en train de s’éteindre ? Le courage de témoigner pour Jésus vous a-t-il quitté ? Suivez les étapes qui ont conduit cet homme à recouvrer son courage et sa foi en passant par la repentance, et vous aussi vous ferez des prodiges, vous pourrez à nouveau braver le " lion rugissant " dont parle 1 Pierre 5 :8.

d) Il retrouve sa fonction de prophète. Il charge sur l’âne le cadavre que le lion n’avait pas déchiré et à la tête de ce lugubre convoi, il traverse la ville de Béthel, et cela probablement le jour de la fête. Imaginez l’effet que cela a produit. Par cet acte de courage, il se solidarise avec le jeune prophète et il désapprouve publiquement la conduite de Jéroboam. Il n’a pas seulement retrouvé sa foi, son courage, son zèle, il a réintégré sa fonction, il est de nouveau le prophète de l’Eternel.

Y a-t-il quelqu’un qui a laisser baisser la flamme du service chrétien ?

Avez-vous abandonné les visites aux malades et aux affligés ?

Avez-vous cessé de vous intéresser aux missions à soutenir les missionnaires ?

Auriez-vous cessé de témoigner de la grâce qui est en Jésus-Christ ?

Avez-vous déserté le poste que Dieu vous avait confié autrefois et qui vous donnait tant de joie ?

N’avez-vous plus de joie à faire une visite, à payer de votre personne ?

Voyez cet homme et le chemin de sa pleine restauration et sachons qu’avec Dieu tout peut nous être rendu, tout, sauf…. le temps perdu. Les temps sont mauvais nous dit l’apôtre qui ajoute : Rachetez le temps ! (Eph.5 :16).

e) Nous le voyons ensuite avertir et exhorter sa famille. Il a retrouvé sa vigueur, son punch comme on dit aujourd’hui, au sein de sa famille. Sa restauration est complète dans tous les départements de sa vie car quand Dieu restaure un homme, il ne le fait pas à demi. " Venez, dit l’Eternel à son peuple, si vos péchés sont comme le cramoisi ils deviendront comme la neige ".

f) Au verset 31 on l’entend dire à ses fils : " Elle s’accomplira la Parole qu’il a criée de la part de l’Eternel contre l’autel de Béthel.  Quand je serai mort, vous m’enterrerez dans la sépulcre où est enterré l’homme de Dieu, vous déposerez mes os à côté de ses os ". Il reconnaît que la mort même violente du jeune homme tombé dans une embuscade, vaut mieux devant Dieu que la mort paisible d’un rétrograde, qu’il vaut mieux mourir au combat terrassé par le péché que de vivre en compromis avec le péché. Par ces paroles il reconnaît quelle a été sa fin et il veut imiter sa foi (Héb.13 :7). Son désir d’être enterré aux côtés de son jeune collègue exprime la plus profonde repentance, la plus grande foi en la Parole de Dieu et le vœux intensément biblique : " Que je meure de la mort des justes ! " (Nombres 23 :10).

g) Et pour terminer, pour vous convaincre que le réveil de cet homme n’est pas le fruit de mon imagination, je vous invite à lire les versets 16 à 18 du chapitre 23 du deuxième livre des Rois : " Le roi Josias, ayant vu les sépulcres qui étaient là dans la montagne envoya prendre les ossements et il les brûla sur l’autel et le souilla selon la parole de l’Eternel prononcée par l’homme de Dieu qui avait annoncé ces choses. Il dit : Quel est ce monument que je vois ? Le gens de la ville lui répondirent : c’est le sépulcre de l’homme de Dieu, qui a crié contre l’autel de Béthel ces choses que tu as accomplies. Et Josias dit : Laissez-le ; que personne ne remue ses os ! On conserva ainsi ses os avec les os du (vieux) prophète qui était venu de Samarie ".

h) Des siècles ont passés depuis les événements du début. Mais Dieu n’a pas oublié ses deux serviteurs. Alors que toutes les autres tombes sont ravagées et souillées, deux tombeaux ne sont pas touchés ; celui du jeune homme tombé au combat, qui nous enseigne les sévérités de la loi, et celui du vieux prophète réveillé qui nous enseigne les richesses de sa grâce. Dieu a fait cette promesse dans Apoc. 14 :13 : " Heureux dès à présent ceux qui meurent dans le Seigneur afin qu’ils se reposent de leurs travaux car leurs œuvres les suivent ".

C’est le prophète Osée qui nous montrera le chemin qui conduit à la pleine restauration spirituelle par ces paroles que l’on trouve au chapitre 14 de son livre :  " Reviens à l’Eternel ton Dieu car tu es tombé par ton iniquité. Apportez avec vous des paroles : Dites-lui : Pardonne toutes nos iniquités et reçois-nous favorablement ! "

Voici maintenant la réponse du Seigneur à tous ceux qui reviennent à lui sur cette base : " Je réparerai leur infidélité, j’aurai pour eux un amour sincère ; car ma colère s’est détournée d’eux ; je serai pour eux comme la rosée, ils fleuriront comme le lys et ils reviendront s’asseoir à mon ombre, dit le Seigneur ".