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Une flèche de délivrance

2 Rois 13. 14-19

IL FRAPPA TROIS FOIS ET S’ARRÊTA.  

Ce récit est un casse tête pour ceux qui s’intéressent à la chronologie des rois d’Israël et de Juda. Chacun des deux pays avait un roi qui portait le même nom de Joas. C’est comme dans certaines familles que je connais en Suisse, les uns s’appellent Cretegny et les autres Christen. Avec les mariages ça donne des Cretegny-Christen et des Christen-Cretegny. Puis à la génération suivante ça fait des Cretegny-Cretegny et des Christen-Christen. Je trouve plus facile de comprendre l’Apocalypse que leur arbre généalogique !
Toutefois ici, la confusion était plus grave, elle était plus que dans les noms, elle était dans les esprits. Quand Joas a succédé à son frère Joachaz, il a hérité une bien lourde succession : « L’Eternel ne lui avait laissé que cinquante cavaliers, dix chars et dix mille hommes de pied ; car le roi de Syrie les avait fait périr et les avait rendus semblables à la poussière qu’on foule aux pieds »   (2 Rois 13.7). Puis il s’est retrouvé avec une guerre sur les bras contre son voisin Amatsia, guerre qu’il a heureusement gagnée. Mais les voisins du Nord n’étaient pas comme le chétif Amatsia. C’étaient les puissants et terribles rois de Syrie Hazaël et Ben-Hadad. Hazaël était si terrible qu’un jour, rien qu’en le regardant, Elisée le prophète s’était mis à pleurer. Les années du royaume d’Israël étaient comptées. La situation spirituelle, morale et militaire était déplorable, et elle ne devait plus s’améliorer. Israël glissait sur une pente qu’il n’allait plus jamais remonter. Sous Joas, on assiste aux derniers soubresauts. Ce sont les derniers succès, les dernières victoires, bien limités d’ailleurs. C’est un baroud d’honneur. Comme en médecine, c’est un mieux qui annonce la fin. Quelques années plus tard l’assyrien Salmanasar viendra détruire Samarie et emmènera Israël dans une captivité dont, à ce jour, il n’est pas revenu.

 

L’idole - argent.
Mais il y avait chez Joas un reste de piété. La flamme de la vie spirituelle n’était pas tout à fait éteinte. Le feu couvait encore sous la cendre. Et le Seigneur avait promis qu’Il n’éteindrait pas le lumignon qui fume. Israël à ce point de son histoire est l’image d’un christianisme décadent. La cendre est épaisse et le feu est prêt à s’éteindre. Comme les idoles d’Astarté étaient nombreuses à Samarie, les idoles modernes et anciennes sont nombreuses dans ce qui a aujourd’hui le nom de peuple de Dieu. Par exemple, l’apôtre Paul dit que l’avarice est une idolâtrie et il ajoute que l’amour de l’argent est la racine de beaucoup les maux. C’est une idole bien choyée à laquelle on refuse de donner le nom de péché. Savez-vous que parmi leurs clients et leurs patients les confesseurs et les psychiatres ne rencontrent jamais personne qui avouent le péché d’avarice. On s’accusera de tous les autres avant de penser à celui-là. Que ne fait-on pas pour avoir de l’argent et pour le garder. Presque tous les grands drames de l’humanité pivotent autour de cette idole à qui on a offert des millions de victimes, des millions de cœurs brisés, des millions de vies gâchées.

L’idole mondanité - mode.

La mondanité s’installe dans l’Eglise comme le paganisme en Israël. Les frontières de la foi sont de plus en plus perméables aux influences extérieures. Le grand souci d’aujourd’hui ce n’est plus de plaire au Seigneur, mais d’être à la mode. La mode produit des effets dévastateurs dans les rangs des chrétiens. Or, il est écrit que l’amour du monde est inimitié contre Dieu. Deux fléaux montent en puissance dans notre société d’abondance, l’obésité et l’anorexie. Ceux qui en sont les victimes n’en seraient pas arrivés là si au lieu de dévorer les magazines de mode, ils se nourrissaient de la Parole de Dieu qui non seulement enseigne la sobriété en toute chose, y compris le manger et le boire, mais donne par le Saint-Esprit le pouvoir de se dominer sous l’appellation de la maîtrise de soi.

 

L’idole - égoïsme.

L’égoïsme, la glorification de soi-même, la self satisfaction, la lutte pour ses droits, ses intérêts, ses avantages, sa place au soleil, même si pour y arriver, il faut mettre les autres à l’ombre, ne rien perdre de sa liberté ; c’est là  une équation qui conduit toujours au divorce.

L’idole - pornographie est, comme l’impureté, érigée en système dans notre occident. Et les traînards de la vie spirituelle en sont les victimes toutes désignées. J’ai rencontré un foyer ruiné par la pornographie. Lui avait 50 ans et vivait dans cette déchéance dont il ne pouvait se libérer. Sa femme m’a présenté son fils de 12 ans et m’a dit : « C’est lui qui dans le foyer est mon soutien moral. Il se conduit comme un digne époux ».
J’ai connu deux tourtereaux issus des meilleures familles chrétiennes. Convaincus du bonheur par la liberté sexuelle, ils ont nourri leur vie de films et revues porno et de naturisme. Et une union promise au succès s’est désintégrée récemment sans aucun espoir d’être jamais reconstruite.
J’ai connu un jeune homme qui avait en main tous les atouts pour mettre sa vie au service du Seigneur. Il en avait l’ardent désir et les plus belles capacités. N’étant pas maître de son corps et de ses pensées sur ce plan, il est descendu dans la forfaiture et Dieu a dû le mettre sur la touche.

Oui, de telles choses arrivent aujourd’hui comme au temps de Joas. Ce sont des ennemis qui sapent la vie du peuple de Dieu de l’intérieur tandis que des ennemis extérieurs menacent son existence. Il y a de puissants Hazaël qui font des conquêtes et asservissent les âmes. L’ Hazaël de l’indolence, de l’indifférence, le Ben-Hadad de la paresse et du non-engagement et les rangs de l’Eglise s’amenuisent. Ici et là, une communauté fait encore illusion, mais au dehors comme au dedans, les âmes s’endurcissent, la crainte de Dieu disparaît et le monde se remplit de violence et nous pénètre de son esprit d’impureté. Le fossé qui de tout temps a séparé le peuple de Dieu du monde se comble. Les fils prodigues qui se convertissent reviennent de plus en plus avec leurs pourceaux dans la maison du Père. Des arts corrompus et décadents introduisent des éléments sensuels dans un culte que Dieu a voulu spirituel. Comme au temps des pharaons, lors des dix plaies d’Egypte, une invasion de grenouilles hideuses, d’esprits immondes, couvrent le pays de leur impureté, et telle La Peste racontée par Albert Camus, elles se glissent dans nos demeures, s’infiltrent dans nos salons et jusque dans nos chambres à coucher. On ne nommerait pas les titres des revues qu’on trouve sous l’oreiller.
Un jour, dans le midi de la France, lors d’une de mes campagnes, dans la chambre où je logeais, on a trouvé un scorpion sous le lit. J’avais dormi à quelques décimètres d’un scorpion. Une autre fois, ailleurs, dans une chambre qui m’avait été prêtée, sous le lit j’ai trouvé  une revue porno. C’était un scorpion, d’un autre genre. Quand je revois mes premier amis, on évoque souvent de cette occasion. Gageons que l’autre scorpion-magazine, plus anonyme et plus venimeux. personne ne viendra jamais m’en parler.

 

Le lumignon qui fume.
- Le roi Joas, d’un seul coup d’œil, a saisi le côté désespéré de la situation. Il n’y avait pas de remède humain. Cela aussi il le savait. Il est oppressé. Que va-t-il faire ? A qui s’adresser ? Les idoles de son père et de son peuple, il le sait, ne peuvent rien pour lui. Alors, il se tourne vers Elisée, le prophète moribond. Les leçons du passé lui reviennent à la mémoire. Il se rappelle tout ce qu’on lui a rapporté d’Elie et d’Elisée. Cette sorte de « catéchisme » ou « d’instruction religieuse » qu’il a subie avec tant d’ennui, lui revient tout à coup à la mémoire et refait surface au bon moment.
Ce n’est pas sans raison que le livre des Proverbes dit : « Instruis l’enfant dans la voie qu’il doit suivre, et plus tard, il ne s’en détournera pas ». La foi du Père de la célèbre parabole a dû être mise à l’épreuve quand il a vu son fils quitter la maison paternelle, et aller dans le pays éloigné. Il avait pourtant bien enseigné son fils, il avait montré l’exemple… Et voilà que tout semblait s’écrouler d’un coup. Pendant de longs mois, ou de longues années, la conduite du fils a infligé un cruel démenti à la valeur d’une éducation chrétienne. Mais à la fin, la promesse de Dieu a triomphé. C’est vrai pour Joas aussi. Pour lui, ce qui compte à présent, plus que tout l’or des palais, plus que toutes les joies humaines, plus que la force des chevaux, plus que la volupté du harem, c’est le visage vénéré d’un vieillard moribond. Renversement des valeurs ! C’est étonnant ce qui acquiert de l’importance dans les moments critiques de la vie. Qu’est-ce qui a de l’importance quand on est malade ? Qu’est-ce qui a de l’importance quand on est vieux ? Qu’est-ce qui a de l’importance quand on est au seuil de la mort ? Qu’est-ce qui a de l’importance quand on est appelés à comparaître devant Dieu ? Qu’est-ce qui a de l’importance quand tout à l’air de craquer autour de soi ?  Sommes-nous riches dès ici bas, de ce qui aura de l’importance en ce jour de la comparution devant Dieu? Sommes-nous riches de pardon, de salut, de Jésus-Christ ? En tous cas, pour Joas, un homme vieux, chauve, malade et grabataire a plus d’importance que tout au monde. Il ne rend pas visite à ses courtisans, à ses généraux, à ses conseillers. Il ne prend même pas conseil avec lui-même. Il va vers le porteur de la Parole de Dieu ; il va à l’homme de Dieu, à l’homme qui toute sa vie a dit : « Ainsi parle l’Eternel ». C’est ce message-là qu’il veut, cette Parole qui demeure éternellement. Et pour l’avoir, il s’humilie, se rend au chevet d’un malade, met son visage contre le sien et là, secoué par les sanglots, versant d’abondantes larmes, il s’écrie : « Mon père, mon père ! » On croirait entendre le fils prodigue rentrant à la maison du père. Quelle dramatique et heureuse entrevue que celle de Joas avec Elisée mourant.
La Bible nous parle d’un autre homme qui dans une crise tout aussi dramatique, a eu aussi recours à un mourant. C’est le brigand sur la croix. A qui s’est-il adressé ? Aux autorités militaires, ou civiles, ou religieuses  ou à son associé dans le crime,? A-t-il lancé son S.O.S à Saint Jean,  ou à la mère de Jésus qui étaient tous deux présents, là près de la croix ? A qui ? Au mourant du Calvaire et à lui seul ! Savez-vous pourquoi nous parlons tant de la mort de Jésus, pourquoi elle a une telle importance pour nous, pourquoi nous l’évoquons souvent, pourquoi comme le dira l’apôtre Paul : « nous portons toujours en nous la mort de Jésus-Christ » ? Parce qu’elle est différente et plus importante que celle d’Elisée. Lui mourrait de sa maladie à lui, de sa mort à lui. Mais Jésus-Christ mourrait, chargé de nos maladies, de nos péchés, de notre mort. C’est notre mort qu’il a goûtée et subie quand il agonisait sur la croix. La délivrance est auprès de lui seul. Les âmes en détresse trouvent en lui un parfait Sauveur et elles sont alors prêtes à affronter victorieusement les ennemis que sont la mort et le jugement.

Une flèche de délivrance.

Sur le conseil du prophète, Joas bande son arc et tire une flèche par la fenêtre ouverte vers l’orient, du côté des ennemis. Quelqu’un dira : « C’est jouer à la guéguerre ! C’est tirer à blanc avec des balles en caoutchouc ! S’il n’y avait jamais que ça à faire  chaque fois qu’on a un problème, un ennemi, une tentation ! On peut même le moderniser par un coup de feu, un boulet de canon. On peut balancer par la fenêtre des grenades ou un cocktail Molotov, ça n’arrangera jamais rien, ça fait sourire » !

 Mais regardez le verset 16 : « Elisée mit ses mains sur les mains du roi ». Ses mains décharnées, tremblantes, ses mains de mourant. Le secret était là. Nos victoires ne résident pas dans nos efforts, nos bonnes intentions. La victoire ne devient effective que lorsque les mains du Seigneur viennent se superposer aux nôtres. Sa vie sur notre vie, son cœur sur notre cœur, ses pensées sur nos pensées. Quand nos efforts deviennent les siens, nos luttes les siennes, quand ses mains pèsent sur les nôtres et agissent au travers de nous, alors nous pouvons dire comme Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ». et ajouter avec lui : « Je puis tout par Celui qui me fortifie », et conclure avec lui en Romains 8 :37 : « Nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés ».  Nos combats ne sont plus d’avance voués à l’échec. Ils deviennent une flèche de délivrance de la part de l’Eternel. Voulons-nous la victoire contre les Syriens qui nous attaquent de tous les azimuts ?

 

Il y a trois conditions à remplir :
- Nous avons vu la première : la repentance de Joas qui pleure et s’écrie « mon père, mon père ».
- Nous avons vu la deuxième : lui laisser superposer ses plans aux nôtres, sa volonté à la nôtre, c’est-à-dire leur donner  une telle orientation obéissante qu’il puisse venir y mettre la main. Là où il ne peut pas mettre la main, toutes les flèches du monde ne sauraient apporter une seule délivrance permanente.
- La troisième condition : C’est la foi persévérante.
Elisée lui dit : « Frappe contre terre avec la flèche ». Et c’est là que Joas a failli. Il n’a frappé que trois fois au lieu de cinq ou six fois. La Bible dit : « Qu’il te soit fait selon ta foi ». Et Joas n’avait qu’une petite foi. S’il faut être petit devant Dieu, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas voir grand. La foi ne s’inspire pas d’une vente aux enchères : 1 fois – 2 fois – trois fois : adjugé ! Le combat de la foi est un combat au finish ! Je ne peux pas vaincre à moitié sans être moi-même à moitié vaincu. Jamais un alcoolique n’a à moitié vaincu sa passion. Celui qui ne va qu’à mi-chemin dans sa lutte contre le tabac en reste l’esclave toute sa vie. La conversion ne fait pas de moi la moitié d’un chrétien. Je ne peux pas vaincre avec une partie de l’arsenal du chrétien.

Dans Ephésiens 6, six armes sont mentionnées :
1) La ceinture de la vérité
2) La cuirasse de la justice
3) Les escarpins du zèle
4) Le bouclier de la foi
5) Le casque du salut
6) L’épée de l’Esprit
Qu’adviendrait-il dans mes combats si des six armes je n’en prenais que trois ? C’est ce qu’a fait Joas. Il était lassé, l’âme découragée. Quand Abraham a lutté (Genèse 12) dans la prière pour le salut de son neveu Lot, enfermé dans Sodome, il l’a fait jusqu’au bout. A six reprises, il a parlé à Dieu. Que serait-il arrivé à Lot si son oncle s’était arrêté à la troisième, c’est-à-dire aux quarante justes qu’il n’y avait même pas dans la ville ?
- Quel est le reproche que Jésus fait à l’Eglise de Sardes ? « Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites », c’est-à-dire pas achevées. Tu est allée jusqu’à trois, Sardes, il te fallait aller jusqu’à cinq ou six. Hé quoi ! Si le Seigneur n’avait fait son œuvre qu’à moitié ? Quoi donc si son salut ne nous menait qu’à moitié chemin du ciel ? Ou si le ciel n’était qu’à moitié rempli de rachetés ?
- A la télévision anglaise, dans une série d’émissions destinée aux jeunes et intitulée « Record Breakers,  une chanson qui servait d’indicatif au début et à la fin  disait : « If you want to be a record breaker you need dedication “. En français moderne ça fait : “Si vous voulez battre des records, il faut y mettre le paquet ”.  Joas, et trop souvent nous avec lui, nous n’y mettons pas le paquet.
- Quand Elie a voulu que Dieu se révèle par le feu, il a fait verser de l’eau sur le sacrifice une fois, puis une deuxième fois, puis une troisième et il a fait remplir d’eau  le fossé fraîchement creusé autour de l’autel, ce qui équivalait au moins aux cinq ou six coup frappés contre terre avec la flèche. Et alors le feu du ciel est descendu et le peuple est revenu à son Dieu.
- Quand le prophète Elie est monté au Carmel pour demander la pluie salvatrice, il s’est mis à genoux sept fois.
Si donc nous voulons une flèche de délivrance en plénitude de vie, nous savons ce que nous avons à faire: « il faut y mettre le paquet » comme le dit le titre de la chanson précitée.

Je résume une dernière fois les trois points principaux de ce message, il faut :
1) Revenir au Seigneur comme Joas l’a fait en venant à Elisée ;

2) Laisser superposer les mains de Jésus sur nos mains, c’est-à-dire lui donner la prépondérance dans toutes les départements de notre vie active ;  

3) Viser  non pas des coups d’éclats occasionnels mais jour après jour, dans une  foi persévérante, frapper les cinq ou six coups contre terre que nous enseigne ce récit.