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Les eaux de Jéricho

2 Rois 2.19-22

 

Le site de Jéricho qui va retenir notre attention est un site chargé d’histoire. D’autres cités qui ont vécu des péripéties plus mouvementées n’ont pas gardé la résonance que Jéricho garde encore même après des millénaires. Le nom de Jéricho semble garder dans ses syllabes l’éclat des trompettes qui autrefois causèrent sa perte.

 

La triple malédiction.

On pourrait l’appeler la ville à la triple malédiction.

Elle fut une première fois détruite lorsqu’à leur sortie d’Egypte les Israélites en firent le siège pendant sept jours. Ses murailles s’effondrèrent sur elles-mêmes la laissant sans défense. Sa population idolâtre et corrompue fut entièrement exterminée. C’est à cette occasion qu’un maraudeur du nom d’Acan déroba des objets interdits, amenant une malédiction d’un jour sur le peuple de Dieu. La deuxième malédiction pesa sur elle dans ce sens que personne ne pourrait la rebâtir et en reposer les portes si ce n’est au prix de son premier-né. Et bien des années plus tard, la chose se passa ainsi. Et même rebâtie, la ville garda pendant longtemps comme un relent de malédiction. Les eaux de sa source étaient amères, insalubres et impropres à la consommation comme aux plantations. Et même dans le Nouveau Testament, descendre à Jéricho c’était risquer de tomber entre les mains de brigands.

 

La triple bénédiction.

Mais là même où le péché avait abondé, la grâce de Dieu se plaisait à surabonder. Et à cette triple malédiction va répondre une triple bénédiction.

 

1/ La ville fut maudite et détruite, certes, mais une femme et sa famille furent épargnées. Et c’est de la descendance de cette femme appelée Rahab que naquit 1500 ans plus tard le Sauveur du monde.

 

2/ Les eaux étaient mauvaises ? Qu’à cela ne tienne. La grâce de Dieu les assainira.

 

3/ Et quand notre glorieux Seigneur foulera la terre de ses pieds, ses pas le conduiront à Jéricho la maudite et il y fera éclater la bénédiction en apportant le salut dans la maison de Zachée, le chef des publicains, et en redonnant la vue à deux aveugles.

 

Quand Elisée arriva à Jéricho, les gens lui firent les honneurs de leur ville en la lui faisant visiter. (nous dirions aujourd’hui Honoris Causa) Quand il l’eut bien regardée, ils lui dirent : Le séjour de la ville est bon, comme le voit mon Seigneur. Même sur des ruines maudites, ils avaient reconstruit quelque chose de bon, ou d’agréable, comme le dit une autre version.

Cela me fait penser à notre monde que le péché a défiguré : sur ses fondations maudites l’homme a parfois construit des choses bonnes et agréables.

 

Le séjour de la vie est bon.

Il n’y a pas que les îles de la Polynésie qui soient enchanteresses. La terre garde des traces de sa beauté originelle. L’astronaute Frank Borman commandant de la capsule Appolo,  lorsqu’il gravitait autour de la lune et qu’il a vu un « lever de terre » ne s’est-il pas écrié: « Qu’elle est belle notre terre ! ». Son ciel lumineux et ses nuages d’argent. Sa mer d’un vert topaze ou d’un bleu profond. Son chaud soleil et ses ondées vivifiantes. Le parfum et le miel des fleurs. Les troupeaux qui paissent sur les collines. Ses arbres qui bourgeonnent ou qui plient sous le poids de leurs fruits. Ces mille observations qui vous mettent des poèmes dans l’âme. Et même si nous quittons la nature pour en venir au génie industrieux de l’homme, que de belles et bonnes choses ! Que nos maisons sont confortables, nos intérieurs chauds et douillets, nos cuisines bien équipées, nos voitures tellement pratiques ! Que nos vêtements en fibres nouvelles sont d’un entretien facile ! Que nos loisirs ont augmenté, que la science médicale a fait des progrès ! Quel bien être et quelle sécurité sociale est la notre aujourd’hui ! Oui, avec les citoyens de Jéricho nous pouvons dire que le séjour de la vie est bon.

 

Mais....

Mais avez vous remarqué que je n’ai cité que la moitié de la phrase ? Car après avoir dit : Le séjour de la ville est bon ils ont ajouté : « Mais les eaux sont mauvaises et le pays est stérile". Et avec eux nous pouvons dire que les temps sont mauvais. J’ai entendu trois grands professeurs d’université discuter de psychiatrie et dire qu’à des degrés divers, 20% des gens sont névrosés. C’est comme Naaman, le général de l’Ancien Testament : il était considéré, fort, vaillant, héros, mais lépreux. On a de tout mais on finit par voir que ce trop de tout nous encombre. C’est la société de consommation dont avaient rêvé Jean Jaurès et les sociologues de la fin du siècle dernier. Elle devait régler tous les problèmes humains, mais la découverte amère c’est que les problèmes humains n’ont fait que croître de façon exponentielles. Car ce sont ceux qui ont tout qui contestent tout ce qu’ils ont. Oui, le séjour de la ville est bon mais le cœur de l’homme reste un abîme d’insatisfaction. La réponse c’est que le divin Elisée qu’est Jésus soit invité à contempler la scène de nos vies, que nous admettions qu’il y a quelque chose de fondamental qui ne va pas et que nous acceptions l’intervention du Seigneur pour la salubrité et le salut de nos âmes. Car c’est lui qui a la réponse, le remède et le mot de la fin. Mais ça, c’est un aspect de la question que nous laissons à l’évangéliste le soin de traiter.

 

Et dans l’Eglise ?

Sur un plan plus élevé, celui de l’Eglise en général, on pourrait aussi dire que le séjour y est bon. Les bâtiments sont souvent beaux, les bancs confortables et les messages aussi. Plus de répréhension, plus de discipline, plus d’enfer, le salut de Dieu est comme le soleil : pour le juste et pour l’injuste. La médisance, la turpitude, les querelles, le mensonge, l’avarice, l’amour libre, l’âpreté au gain, la malhonnêteté en affaires ne sont plus des abominations condamnables mais des mini défauts poussiéreux et vieillots à classer parmi les pièces de musée de la piété chrétienne. Tout est en train d’être nivelé par le bas. Les bonnes vieilles bornes, celles qui faisaient la limite entre le bien et le mal, entre le monde et l’église, sont déplacées. Plus d’aspérités, plus de protubérances et s’il en reste, le rouleau compresseur de l’œcuménisme ou le syncrétisme à tout crin se chargeront de tout aplanir. Quand ce n’est pas le culte en mini, c’est le mini-culte au pas de course pour la mini-spiritualité. La léthargie chez les uns, la liturgie chez les autres ou parfois les deux ensemble, font que ça ronronne confortablement dans l’Eglise, comme un gros chat qui dort sur son coussin après une nuit blanche à miauler dans les gouttières. C’est attendrissant ! Le séjour de l’église est bon : diantres, on a de meilleures versions qu’avant ! Notre Seigneur n’était pas aussi sûr de ses sources que nous le sommes des nôtres !!!

 

Au plan individuel.

Et sur le plan individuel aussi le séjour est agréable : On a un Sauveur qui nous a acquis une rédemption éternelle. On a un avocat, un souverain sacrificateur à la droite de Dieu, un guide qui nous conduit dans toute la vérité. Un bon et tendre Père qui nous aime. Une place préparée et réservée dans le ciel. On aura de nouveaux corps et on règnera avec le Seigneur. On a tout cela et bien plus encore : le séjour de la vie chrétienne est agréable et bon mais il y a quand même des choses amères. Le séjour de l’assemblée est bon mais comme le dit Jacques il y a des bouches à deux orifices : un pour louer le Seigneur au culte, un autre pour médire après le culte. Il y a encore le fruit des lèvres qui confessent son nom, mais il n’y a plus le fruit qui demeure, plus de fruit en sanctification et plus de fruit en vraies conversions. D’ailleurs le terme « stérilité » en hébreux donne l’idée d’avortement, de fruit qui n’arrive pas à maturité. Quand une conversion se pointe à l’horizon de l’Assemblée locale, on la salue comme une grande bénédiction mais on déchante vite, ça tourne court, ça fait long feu, ça ne dure pas, ça avorte. C’est le conditionnel qu’il faudrait employer et dit : le séjour de l’assemblée serait bon s’il n’y avait pas toutes ces fausses couches spirituellement parlant.

 

Parenthèse.

Permettez-moi d’ouvrir une large parenthèse dans ce message.

 Il faut admettre qu’il est dans les plans de Dieu pour nous de nous faire goûter pour un temps à une certaine amertume ; c’est un peu comme les Israélites qui à la Pâques annuelle devaient célébrer la fête avec des herbes amères. Parfois Dieu nous conduit comme son peuple d’autrefois à Elim  où il y avait 70 palmiers et 12 sources d’eau, et ensuite il nous conduit à Mara où les eaux sont amères pour un temps. Il veut que nous connaissions notre cœur naturel et ce qu’il contient de révolte, de désobéissance et d’amertume.

Voyez Anne, la future mère de Samuel, voyez-la monter au temple (Silo) chaque année. Elle est aisée, elle a de bonnes conditions de vie et un mari qui selon ses dires vaut mieux pour elle que dix fils. Mais elle a dans l’âme une amertume bien compréhensible car elle a une rivale qui la mortifie parce qu’ elle n’a pas d’enfant.

Voyez Rébecca, la femme d’Isaac : elle aussi a un excellent mari, un bon fils, Jacob, mais elle a deux belles-filles étrangères et la vie en devient amère.

Ah ! s’il n’y avait pas ce grain de sable dans les rouages de la machine. Si j’avais un fils, dit Anne ; si je n’avais pas de telles belle-fille, crie Rébecca ; si je pouvais prendre les ailes de l’aurore et m’envoler bien loin alors je serais heureux, s’exclame le psalmiste (Ps.55 :7). S’il n’y avait pas les eaux amères, gémissent les habitants de Jéricho !

 

Ma grâce te suffit !

Avez-vous remarqué que chacun est polarisé sur ce qui ne va pas au point d’en faire une fixation ? On finit par oublier que le séjour de la ville est bon, et alors les eaux mauvaises, ou les belles-filles de Rébecca, deviennent obsédantes. Nous avons le droit de demander à Dieu la délivrance, et souvent Dieu intervient. Mais je ne voudrais pas donner de faux espoirs à tous ceux qui ont quelques sujets de souffrance ou d’amertume en leur disant que Dieu va toujours faire pour eux  ce qu’il a fait pour Jéricho ou pour Anne. S’attendre à ce que Dieu intervienne chaque fois dans le sens où nous le voudrions, c’est le plus sûr moyen d’ajouter la déception à la déception, l’amertume à l’amertume et de finir par le découragement. Jésus qui est le même hier, aujourd’hui et éternellement a guéri des malades et ressuscité des morts, mais il n’a pas guéri tous les malades et il n’a pas ressuscité tous les morts de Palestine. Mais s’il n’ôte pas la mort, pour ses enfants il ôte toujours l’amertume de la mort. 

Remarquez que les gens de Jéricho ont exposé leur cas à Elisée, sans plus. Ils n’ont rien exigé de lui. Ils ne l’ont pas sommé d’intervenir. Il faut être prêts à dire comme Jésus au jardin de Gethsémané : « Que ta volonté soit faite et non la nôtre ». L’apôtre Paul avait une douloureuse écharde dans la chair. Il a demandé trois fois au Seigneur de l’ôter. Mais elle est restée. Il a dû vivre avec son problème et en prendre son parti. Mais par ces paroles : « Ma grâce te suffit », Dieu lui faisait la grâce d’en ôter l’amertume. C’est vrai aussi avec notre corps corruptible. Notre homme extérieur se détruit de jour en jour et bon gré mal gré il faut s’accommoder de la décrépitude, de la vieillesse, et se faire à l’idée qu’on nous prépare une bonne caisse en chêne et un coin au cimetière, sans qu’il faille pour cela se mettre martel en tête et en concevoir de l’amertume. Parfois même il faut vivre avec ses ennemis, oui, vivre avec des gens qui vous en veulent et qui n’attendent que la première occasion pour vous faire une boutonnière dans le dos. Est-ce que Dieu enlève tous les ennemis ? Pas toujours. Mais comme David on peut faire l’expérience qu’il a écrite dans son Psaume 23 : « Tu dresses devant moi une table en face de mes ennemis !»  Se mettre à table tranquillement alors que l’ennemi est en face et prêt à en découdre, c’est un plus grand miracle que de l’enlever.

Excusez cette longue digression et revenons à nos moutons : l’Assemblée en général et la vie individuelle en particulier. « Le séjour de la ville est bon mais les eaux sont mauvaises ». Il faut faire quelque chose. Mais que faut-il faire ? Où faut-il le faire et qui va le faire ?

 

Ce qu’il ne faut pas faire.

1) Tout d’abord, voyons ce qu’il ne faudrait pas faire. L’ingéniosité humaine n’a pas de limite en matière de bricolage spirituel.

La première chose à faire c’est de ne pas se contenter de ne rien faire. La politique du statu quo perpétuel ne conduit à rien. Dans le domaine spirituel les choses ne s’arrangent pas d’elles-mêmes. Quand ça ne va pas c’est qu’il y a quelque part une cause qu’il faut découvrir éliminer. Si les habitants de Jéricho n’avaient dit que la moitié de la phrase : « Le séjour de la ville est bon… » l’œuvre de salubrité ne se serait jamais faite. Le mal c’est peut-être de dire que tout va pour le mieux dans la meilleure des Assemblées. Une telle attitude ne trompe que ceux à qui ça plait d’être trompé et qui préfèrent voir périr l’œuvre de Dieu et périr avec elle plutôt que d’admettre qu’il faut faire quelque chose. C’est comme une dent cariée à l’intérieur dont on traîne le mal pendant des années plutôt que d’aller la faire arracher. On risque un abcès et parfois une infection générale et même, parait-il des complications articulaires à cause d’une dent non soignée.

 

2) Il ne fallait pas non plus planter un parasol pour ombrager la source. Ca ne lui enlèvera pas son amertume, pas plus que la cabane ou le ricin de Jonas ne lui ont enlevé son irritation. Il ne sert à rien de faire de l’ombre sur certains maux spirituels. Les cacher ou les minimiser ce n’est pas les éliminer. Le Seigneur est lumière et il veut que ce qui est caché vienne à la lumière. N’est-il pas écrit que celui qui cache ses transgressions ne prospèrera pas mais que celui qui les avoue et les délaisse obtiendra miséricorde ?

 

3) Il ne fallait pas non plus essayer de filtrer l’eau. On dirait aujourd’hui la centrifuger. Nos filtres les mieux bricolés n’arrêtent pas un poison qui n’est pas en suspension dans l’eau mais en solution. D’ailleurs Satan lui n’est pas un bricoleur, c’est un professionnel hautement spécialisé. Son travail c’est du cousu main. Il a 6000 ans d’expérience avec la race humaine. On ne peut pas jouer au plus fin avec lui. En dehors d’une obéissance implicite à la Parole de Dieu, tous nos efforts pour essayer d’enrayer l’écoulement du mal sont d’avance voués à l’échec. Autant manger sa soupe avec une fourchette que d’extirper le péché si intimement lié à notre nature à l’aide d’une sagesse humaine et de plans que nous aurions bricolés nous-mêmes.

 

4) Il ne fallait pas non plus essayer de la colorer ou de la parfumer. Citron, vanille, moka ou chocolat ! Accommoder et raccommoder l’église ou nos vies selon nos goûts ou nos préférences n’arrangera jamais rien. Si nos réunions étaient plus colorées, moins grises et moins ternes, je me garderais bien de m’en plaindre. Et si le parfum de la personne de Christ flottait davantage dans l’essence des messages, certes on ne pourrait que s’en féliciter. Mais tous ces remèdes de surface qu’on nous propose aujourd’hui n’arrangeront jamais une situation gangrenée à l’intérieur. On ne met pas de la peinture sur du bois humide et on ne met pas de nouvelle tuiles sur des chevrons pourris.

 

5) Il ne fallait pas davantage curer le canal d’irrigation pour que l’eau perde sa nocivité, cela équivaudrait à ramoner la cheminée quand le brûleur du chauffage est en panne. Certes, nous avons toujours besoin que le Seigneur nous lave les pieds car dans la marche nous contractons des souillures sur les chemins du monde, mais parfois le mal est plus grand. Le Seigneur doit venir faire notre hygiène mentale et nous savonner la tête et les oreilles. C’est cette vielle horloge qui perd une heure par jour et qui dit : Ne blâmer pas mes aiguille, le mal est plus profond !

 

Que faut-il faire et où faut-il le faire ?

Il faut aller à la source ; non pas 500 mètres plus bas et accuser les feuilles mortes et les insectes ou le suintement des eaux usées. Non, il faut aller à la racine, à la cause initiale. Il faut aller au cœur du problème. Et c’est souvent un problème de cœur et de tête. « La tête est souffrante, le cœur est malade » s’écriera Esaïe qui continue par : « Ce ne sont que plaies vives qui n’ont pas été soignées ». On a accordé ses soins à ce qui n’était pas primordial, on s’attache au secondaire comme ce fermier qui n’avait pas la conscience tranquille parce qu’il avait dérobé une corde à son voisin. Il est allé confesser sa faute à son directeur de conscience qui lui a dit de rendre la corde. Avec le temps qui passait la mauvaise conscience de cet homme lui pesait de plus en plus. Son confesseur lui a demandé s’il avait rendu la corde et il a répondu que non. Mais pourquoi ? Et le fermier a dit : Parce qu’au bout de la corde il y avait un veau ! ! !. On discute de la corde et on tait le veau !! Jésus disait : « Vous coulez, (vous tamisez) le moucheron et vous avalez le chameau ! ».

 

Repartir à zéro.

Pour le monde inconverti, il faut remonter au début, à la naissance. C’est là que ça n’a pas été, « j’ai été conçu dans le péché et enfanté dans l’iniquité ». a admis David après avoir pris connaissance de son péché C’est pourquoi il faut une nouvelle naissance. C’est le remède de Dieu pour l’inconverti et il n’y en a pas d’autre. Ma première naissance a été ratée, il en faut une autre. Il faut devenir une nouvelle créature sous peine de périr.

Et pour l’Eglise, me direz-vous, jusqu’où faut-il remonter ? Souvent jusqu’à la source, jusqu’aux responsables de la prédication ; c’est dans la chaire, derrière le pupitre que ça ne va pas. Quand la Bible n’est plus l’autorité suprême, et que les cultes du dimanche ne sont que prétexte à toutes sortes de fantaisies, sociales, philosophiques et psychologiques, comment les honnêtes chercheurs de vérité ne trouveraient-ils pas que l’eau qui doit désaltérer a le mauvais goût des conceptions humaines qui ne donnent jamais une garantie de pureté.

Le mal peut venir des responsables qui n’ont peut-être pas abandonné la pureté doctrinale mais qui ont abandonné la fibre morale de la droiture de la justice et de l’équité. « Quand les fondements s’ébranlent, le juste, que ferait-il ? » Et si nous ne prenons pas garde il en sera de l’assemblée comme du peuple juif autrefois.  Sa décadence était telle qu’on sifflait de mépris contre lui, on secouait la tête en disant : Pourquoi  cette décadence s’est-elle produite? Et la réponse était : Parce qu’ils ont abandonné le commandement de l’Eternel leur Dieu. C’est ce qui a été reproché à l’Eglise d’Ephèse au chapitre 2 de l’Apocalypse. On aurait pu dire que le séjour de cette Assemblée était bon, et c’eut été vrai ; mais le Seigneur doit lui signaler la présence des eaux mauvaises en ces termes : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ». Non pas perdu mais abandonné. Qu’une maman égare son enfant c’est déjà grave en soi, mais qu’elle l’abandonne, cela relève de la justice pénale.   

Et individuellement jusqu’où faut-il remonter ? Jusqu’au « souviens-toi que tu as abandonné ton premier amour ». C’est une affaire de cœur. Or le cœur c’est la source de la vie et c’est pourquoi il est dit dans le livre des Proverbes (4 :23) : « Garde ton coeur plus que tout autre chose car c’est de lui que viennent les sources de la vie ». Insidieusement de vieux péchés abandonnés refont surface et reprennent possession du terrain conquis à la conversion. Comme l’a si bien dit J.N.Darby : à la conversion on abandonne le monde en bloc, puis on le reprend par le détail ! »

 

Qui va faire ce qu’il faut faire ?

Voyons les agents que Dieu va employer.

 

Premièrement : - Un plat neuf

N’importe quel plat ne pouvait-il convenir ? Non, il devait être neuf. Pourquoi ? Parce qu’il devait être pur. Si vous regardez le Lévitique vous verrez que les récipients de terre qui avaient touché un mort, qui étaient souillés, donc impurs, devaient être brisés. Dieu ne fait pas son travail avec ce qui est souillé. Dieu est un Dieu saint. Il veut que ses instruments purs. Dieu veut du neuf ; il fait du neuf. Il veut, je le répète, la nouvelle naissance, la nouvelle création et non pas une pièce neuve cousue sur la trame usée du vieil habit qu’est le vieil homme. C’est le nouvel homme qu’il veut, pas le vieil homme. Et si le plat devait être neuf c’est de crainte qu’un prêteur peu scrupuleux ne donne un instrument souillé. La leçon doit être apprise : « Qu’il se retire de l’iniquité, celui qui prononce le nom du Seigneur ».

 

Deuxièmement : - Du sel

Le sel aussi est pur, et il est précieux. Il coûtait cher à cette époque. Ce n’est pas pour rien que le mot salaire est dérivé de sel. Il arrivait parfois que l’on payait un ouvrier avec du sel. Mais il était surtout l’élément purificateur.

 

Troisièmement : –La Parole de Dieu

Au v.21 on lit : « Ainsi dit l’Eternel » Et il est écrit dans les Paumes : « La Parole de Dieu est pure ». Rien n’est pur comme elle. Elle est pure et puissante.

 

Quatrièmement : – Elisée

Le serviteur de Dieu qui préfigure le Seigneur Jésus était lui aussi pur et consacré. Il ne pactisait pas avec le mal mais il le combattait sous toutes ses formes, même quand le mal prenait la forme de 42 jeunes gens qui, dans les versets suivants, auront à supporter sa juste malédiction.

Tous les éléments sont maintenant réunis pour faire de l’opération un succès complet. Le bien-être, la prospérité, le développement de tout une ville en dépendait. Elisée a jeté le sel dans la source et le miracle s’est opéré en un instant.

Il vaut la peine de signaler que l’eau n’a pas changé de couleur ; le débit de la source n’a pas été modifié. En fait il ne s’est rien passé de bien apparent, mais la malfaisance et la stérilité étaient parties. Quand les techniciens de la NASA envoient une fusée dans l’espace, il arrive qu’elle ne suit plus tout à fait la trajectoire prévue. De la base de lancement les responsables de l’opération appuient sur un bouton et envoient un signal invisible vers la fusée. A quoi sait-on que le signal a été reçu ? Au fait que la fusée change de trajectoire ! Et si quelqu’un venait à l’Elisée de Dieu ce soir, en lui confessant la stérilité de sa vie chrétienne, il ne se passerait pas grand-chose dans les apparences, il pourrait rentrer chez lui sans rien ressentir ni que personne n’en sache rien, mais il pourrait être sûr que la source de sa vie serait changée. Ses sentiments, ses mobiles, ses réactions seraient changés, et à partir de là tout le cours de sa vie et surtout de sa vie avec les autres. Ne serait-ce pas là un miracle merveilleux ?! N’est-ce pas de ce miracle là que nous avons besoin tant au niveau des cœurs qu’au niveau de nos assemblées ?

 

Et finalement, voyons la permanence de l’œuvre de Dieu : v.22 « …les eaux furent assainies jusqu’à ce jour ». Le miracle n’était pas temporaire. Il y a quelques années j’ai participé à un voyage organisé en Israël et nous avons été voir la source de Jéricho. Les eaux assainies il y a 2500 ans le sont toujours. Le miracle est permanent. Non seulement Jésus nous a acquis une rédemption éternelle mais selon ce qu'en dit Phil.1 :6 la bonne œuvre que Dieu a commencée en nous il l’achèvera jusqu’au jour de Jésus-Christ. Quand Dieu purifie un cœur ou se consacre un homme, il le fait « sans repentance ». Son œuvre est comme lui-même, elle demeure, elle est permanente. Et si vous avez peur du lendemain, si vous vous demandez si vous ne retomberez pas dans les mêmes travers, écoutez la promesse de Naomi à Ruth dans le livre qui porte son nom au chapitre  3, verset 18. Cette promesse met en scène un certain Boaz qui lui aussi est un type du Seigneur Jésus :

 

« Sois tranquille (ma fille), jusqu’à ce que tu saches comment finira la chose, car cet homme ne se donnera pas de repos qu’il n’ait terminé cette affaire ».

Monte, chauve !

2 Rois 2.11, 23-25

D’emblée ce récit nous choque. J’aime les récits choquants. Ce sont les plus fertiles en rebondissements inattendus. Plus ils nous intriguent, plus ils nous poussent à les approfondir pour y découvrir les causes cachées qui échappent à un examen superficiel.

En première lecture, ces versets sont difficiles à comprendre et même a admettre, mais il faut s’attendre à rencontrer des difficultés quand on lit la Parole de Dieu.

Une intelligence limitée comme la nôtre ne peut pas prétendre sonder à fond la pensée d’un Dieu infini. La Bible serait-elle encore la Parole de Dieu si nos petits esprits pouvaient la sonder à fond ? Admettre qu’il y a des difficultés dans la Bible ne diminue en rien la valeur du livre. Il faut nous souvenir que la valeur d’un fait n’est pas altérée par notre incapacité à le comprendre entièrement.

Ce n’est pas par simple curiosité que nous allons analyser ce récit, ni avec l’idée d’en retirer une interprétation dogmatique intangible, ni surtout pour faire des réserves devant ce texte, comme si nous en étions honteux, ni pour essayer de justifier Dieu, ni pour décider si, selon la pensée barthienne, nous pouvons accepter telle partie de la Bible comme étant la Parole de Dieu !

Nous allons regarder cet épisode pour voir ce que la Bible dit et surtout pour écouter ce qu’elle nous enseigne.

 

1 – Où la scène s’est-elle passée ?

 

A l’entrée de Béthel. Ces jeunes vivaient sur un endroit historique. C’est à Béthel que Dieu avait parlé à Jacob et s’était révélé à lui. C’est de cette rencontre que l’endroit tenait son beau nom qui veut dire : Maison de Dieu. C’est là qu’il y bâtit un autel à l’Eternel. C’est là que l’arche de l’Eternel demeura pendant des années et c’est là qu’on venait consulter l’Eternel, c’est là que la justice était rendue par le prophète Samuel.

Mais les temps avaient changé. Et malgré la présence d’une communauté vivante, celle des fils des prophètes, malgré le passage occasionnel du grand prophète Elie, la ville était devenue un haut lieu de l’idolâtrie, la capitale de l’apostasie. On y adorait le veau d’or et on lui offrait des sacrifices. Cela veut dire que sur un passé lumineux, l’ombre du péché était venue jeter le voile de la décadence  spirituelle. Des monstres étaient nés là où avaient vécu des saints (figure saisissante de notre occident christianisé et rétrograde, qui s’est fait des nouveaux dieux matérialistes à qui il sacrifie le plus clair de sa vie, de son temps, de ses facultés et de sa jeunesse).

Et c’est ce monde là, le nôtre  qui a enfanté une génération aux appellations variées : blousons noirs, beatniks, hippies, hooligans, punks, marginaux et contestataires de tout poil.

Celle qui devrait être la plus reconnaissante est la plus ingrate. Celle qui devrait être la plus respectueuse est la plus irrespectueuse. Les héritiers de la piété sont devenus les champions de impiété.

C’est le monde de la frénésie et du désespoir, celui de « Bonjour  tristesse » de Sagan. C’est le monde des films intitulés : « Fureur de vivre », ou « L’Occultiste », ou l’outrancier «  La dernière passion du Christ ». C’est le monde de l’absurde d’ Albert Camus. Un écrivain disait récemment : « C’est une jeunesse révoltée qui se déchaîne en un vandalisme aveugle, spectaculaire, froidement calculé, fonçant à travers tout. On vole des autos qu’on lance vers le précipice pour n’en sauter qu’au dernier moment ! Cela ne se passe pas que dans les films. On nous dit que dans l’entourage d’une romancière française on s’amuse à se ruer en voiture l’un vers l’autre et à s’éviter de justesse. D’autres brûlent délibérément des feux rouges en un quitte ou double insensé. A Stockholm des centaines de jeunes gens ont, durant trois heures, saccagé les vitrines, renversé et brûlé les voitures, arraché les grilles du marché, attaqué la police. Chez nous, un pas de plus dans la violence a été franchi ces derniers temps, les trois heures sont devenues trois semaines. Un peu partout c’est la frénésie de la musique « Hard ». Les bagarres dans les discothèques et les violences qui éclatent dans les stades sont les symptômes d’un même mal.

Mais voici ce qui nous bouleverse et pose un problème inattendu, ahurissant : ces jeunes ne se révoltent contre rien ni personne. C’est la violence pour la violence. Besoin d’affirmer son audace ? De défier la mort ? Ivresse des jeux absurdes ? Toujours, élan irrésistible d’une force inemployée, désir de se sentir vivre, de se dépenser, d’aller jusqu’au bout de soi-même, de se dépasser. Fureur de vivre ! Et comme on ne sait au service de quel idéal mettre son audace et sa force, comme on ne sait pour qui ni pour quoi se dépenser, risquer sa vie, et donner sa pleine mesure, on se bat pour rien, on tue et on se tue, mais pour personne.

Cette fureur de vivre est le mal d’une jeunesse dont on a vidé l’âme, c’est l’expression d’un désespoir infini, d’une faim et d’une soif auxquelles on n’a rien offert, d’un appel auquel personne n’a répondu. Le drame de ces jeunes est d’ordre moral, spirituel. Ils ont besoin de beaucoup plus que d’argent, de confort et de plaisir. Leur violence est le cri de leur détresse ! Pour tous elle est un grave avertissement. La jeunesse, a-t-on dit, est faite pour l’héroïsme. Il faut donc lui montrer les sommets, mais aussi la route dure qui y mène. La plus urgente de nos responsabilités, c’est de donner aux jeunes des raisons de vivre, un maître à aimer, qui demande tout et à qui on est capable de tout donner ! Ce Maître, nous le connaissons, il n’y en a pas d’autre. C’est celui qui affirme : « Je suis le Chemin, la Vérité, et la Vie… »

 

I –Qui étaient ces petits garçons ?

Voyons maintenant qui étaient ces petits garçons. La  version révisée anglaise de la Bible met en marge de son texte « des jeunes gens ». Scofield dans ses notes traduit le mot hébreux par « adolescents » et le justifie en disant que le même mot est utilisé pour  Joseph alors âgé de 17 ans, pour Benjamin, pour Absalom et pour David, jeune adolescent qui gardait les troupeaux de son père (1 Samuel 16 :11). Salomon, âgé de 20 ans, emploie le même mot et déclare n’être qu’un petit enfant ! (1 Rois 3.7)

 

Ces jeunes me semblent être ce qu’on appelle en anglais les « teen-agers » ou le club des moins de 20 ans !

En tous cas le texte nous apprend qu’ils ne sont pas seulement des jeunes garçons quant à leur âge, mais des « gamins » quant à leurs actes. Or, les choses de Dieu sont trop sérieuses pour s’accommoder de gamineries.

Il faut en plus remarquer que les quolibets qu’ils ont lancé à la tête (c’est le cas de le dire) d’Elisée n’étaient pas improvisés. Ils étaient mûrement réfléchis, ils étaient l’expression d’une attitude déterminée. Si le crane luisant d’Elisée a pu sur le champ leur inspirer une certaine loufoquerie, il n’en était pas ainsi de la première partie de leur insulte. Le coup était prémédité. Où avaient-ils appris ces choses sinon dans le foyer, à la maison ? On en avait fait des gorges chaudes autour de la table familiale. Et il s’est alors passé ce qu’a dit Jérémie le prophète : « Les parents ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées » 31.29-30. Que doit-on attendre des enfants de ceux qui font une moquerie  des choses sacrées? Si le juste se sauve avec peine, nous dit l’apôtre Pierre, qu’en sera-t-il du méchant ? Si le bon exemple des parents ne suffit pas toujours pour maintenir les enfants dans le bon chemin, que dire là ou l’exemple est franchement mauvais ?

Ce sont les responsables d’Egypte qui ont péché. Ce sont les premiers-nés qui ont écopés !!! C’est ce qu’on appelle la loi de la solidarité.

 

Voyez encore un autre trait de caractère :

Ils avaient besoin d’être beaucoup pour être braves. Ils avaient la bravoure du nombre. Ils devaient être au moins 42 pour insulter Elisée. Seuls, ils n’auraient pas osé ! Cela dénote un manque total de courage individuel. Prenez-les séparément et ces « durs » deviennent des « mous ». On sent très bien que la noirceur est ailleurs que sur leurs blousons, elle est  dans leur cœur. Elle déteint sur leurs sentiments et sur leur façon d’agir.

 

Très plausible :

a)    Outre le mauvais exemple à la maison, il est plausible de penser qu’ils avaient peur de la blancheur, de la pureté d’âme. C’est par réaction contre une blancheur dont ils ne voulaient pas payer le prix qu’ils ont choisi le noir. Jésus qui est la lumière du monde, a dit en parlant de lui-même dans le fameux chapitre 3 de l’évangile de Jean : «...la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises ».

C’était vrai du temps des Actes des Apôtres. La vie des premiers chrétiens était si lumineuse et remplie de l’Esprit Saint qu’on n’osait pas se joindre à eux. C’est encore vrai de nos jours. Il est plus facile de vivre dans la vallée embrumée de l’erreur que de gravir les hauteurs qui conduisent à l’air pur des sommets.

 

Assez vraisemblable :

b)    Peut-être que ces jeunes en avaient assez d’une blancheur qui n’était que celle des sépulcres blanchis de l’hypocrisie religieuse dont a parlé le Seigneur.

Peut-être n’ont-ils pas vu de vrai engagement à la maison ou n’ont-ils vu qu’un engagement mitigé. L’exemple de Lot, le neveu d’Abraham qui vit à mi-côte n’était pas fait pour engager les membres de sa famille. Lui le citoyen du ciel, le pèlerin des  plaines de Sodome et de Gomorrhe, il s’était si bien installé sur cette terre. Aussi, lorsqu’il essaya de les prévenir du feu qui allait tomber du ciel, il parut à leurs yeux comme quelqu’un qui plaisantait. Ils l’ont pris pour un petit plaisantin. Non, on ne prend pas la plaisanterie au sérieux, moins encore sans doute que la vérité.

 

II – La nature de leur insulte.

Chauve ! Boule de billard ! Tête d’œuf ! Ils se paient sa tête au propre et au figuré. Ils se moquent de son handicap physique. Or Dieu avait parlé des chauves. Ceux qui ont perdu leurs cheveux ont leur place dans la loi de Dieu. Le saviez-vous ? La loi est même très descriptive. Elle parle de trois genres de chauves : le chauve frontal, le chauve de l’occiput et le chauve total (Lév. 13 :40-43). Et dans les trois cas, Dieu déclare qu’ils sont purs. Ils se moquent de ce qui est déclaré pur par Dieu. L’insulte rejaillit sur Dieu. L’insulte a fait ricochet sur Elisée et à atteint Dieu . Le péché de tout homme s’élève jusqu’à Dieu. Quand Saul de Tarse pourchassait les croyants de la première Eglise, Jésus l’a arrêté sur la route de Damas et lui a demandé : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 

 

Elisée cheminait à la montée – est-il dit

D’après la carte on voit que la montée était longue et dure. Ils ont vu en lui le vieux cheval qui souffle et qui renâcle. « Allez, hue ! croulant, encore un petit effort et tu y es ». Ils étaient comme la mouche du coche de notre bon La Fontaine mais avec la bonne intention en moins.

a)    Mais il y avait plus que cela !  Au-delà de la moquerie, leur « monte » nous reporte à Elie qui sous les yeux d’Elisée était monté dans la gloire, emporté par un char et des chevaux de feu. Leur « monte » veut dire : « Monte donc aussi ; va-t’en d’où tu viens ; retourne au pays dont tu te réclames ! Ton maître est monté sur un char tiré par des chevaux de feu et toi tu montes à pied ! Pourquoi ne fais-tu pas comme lui ? Montre-nous… Allons donc, fabulateur ! Nous on n’est pas de vieilles femmes bigotes, des grenouilles de bénitier à qui on fait avaler de telles choses ! »

Ne vous y trompez pas, nous, croyants évangéliques, nous sommes mis dans le même sac : « Votre espérance (croyance), quelle utopie ! Monter de la tombe, monter au ciel lors de l’enlèvement de l’Eglise comme des ballonnets de foire, A d’autres !! Oh les plaisantins qui voudraient jouer les cosmonautes évangéliques ! Tu es un peu trop dans la lune mon ami ?  Elle brille  trop fort sur ton crâne dégarni ! Comment ? Tu dis que ton maître y est monté ? ! Oui, mais ça fait 2000 ans. Et depuis lors, plus rien. Où est la promesse de sa venue ?… »

 

III – Il les maudit.

Je ne crois pas un instant à la susceptibilité d’Elisée. Non, Dieu n’aurait pas vengé l’amour propre froissé de son prophète. Non, Dieu n’ôtera jamais la vie à quelqu’un au nom d’un crâne reluisant, ce crâne fut-il celui d’un prophète. C’est Dieu lui-même, c’est sa gloire, sa vérité qui étaient visés au travers du prophète. Alors Dieu lui-même entre en action.

Voyez-vous : Quand le témoignage de ses serviteurs ne suffit plus,

quand un enlèvement attesté par les 100 fils des prophètes ne suffit plus ; Quand la résurrection de Jésus-Christ attestée par plus de 500 témoins oculaires ne suffit plus ;

                   Quand des miracles venant confirmer son caractère de Fils de Dieu ne suffisent plus ;

Quand tout a été essayé sans succès, il ne reste plus que l’attente d’un terrible jugement (Héb. 10 :27). Car il est toujours vrai qu’on ne se moque pas de Dieu et qu’on ne lui résiste pas toujours impunément.

 

Ce soir-là à Béthel, une autre voix s’est fait entendre, la voix des 42 absents. Et parmi ceux qui ont pleuré ce soir là, plus d’un ont été amenés à revoir leur position personnelle devant Dieu.

Je ne fais aucune excuse pour ce texte ; je n’y apporte aucun amendement. Je l’accepte tel qu’il est. C’était une génération qui, par ses mauvaises œuvres, s’était attiré la malédiction. Car il y a un genre de vie qui appelle la malédiction.

Il ne faut pas nous leurrer : le même Dieu qui par Jésus-Christ a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants », est aussi Celui qui en a fait déchirer 42 par les ourses.

Le Dieu qui réserve le ciel et ses félicités à ceux qui se laissent toucher par le message de la croix, est aussi celui qui réserve les tourments de l’enfer réservé aux impénitents, au diable et à ses anges.

Celui qui s’est inquiété de la salubrité de Jéricho et qui y fit une œuvre sociale en assainissant ses eaux est aussi celui qui a discerné ce qu’il y avait de monstrueux dans ces péchés d’adolescents et qui les a condamnés.

Ne nous faisons pas un Dieu à la mesure de nos sentiments décadents et de notre sainteté boiteuse ; sachons seulement que Celui qui a pleuré sur Jérusalem (alors que nous ne l’aurions pas fait) a aussi maudit les villes de Chorazin et de Bethsaïda.

Le récit que nous avons lu n’est pas à la stature d’Elisée, Il est à la taille de Dieu. Et de peur que nous ne nous attardions trop sur l’homme qui occupe la scène, à peine a-t-il prononcé la malédiction que Dieu l’a fait exécuter immédiatement. Dieu prend à son corps défendant la malédiction. C’est Dieu tout entier qui est dans cette scène. Et la preuve c’est que si même on suppose que la malédiction est une initiative du prophète (ce qui n’est pas le cas), la sortie des deux ourses ne peut en aucun cas être attribuée au seul Elisée mais à Dieu.

 

Mais il s’est sans doute trouvé à Béthel des esprits forts pour expliquer cet « accident » tout en évitant de mentionner le nom d’Elisée et le nom de Dieu. On a trouvé des causes naturelles. On a sans doute suggéré que la présence des ourses dans la région était due à des conditions climatiques inhabituelles qui les avaient poussées à venir rôder aux abords même de la ville, en quête d’une nourriture devenue rare. On a accusé la fatalité. C’est plus facile que de se repentir. De même les cataclysmes de plus en plus fréquents et de plus en plus destructeurs qui frappent le monde sont tant bien que mal expliqués sans jamais faire la moindre allusion à Dieu. Ca n’engage plus à rien. Car dès qu’on y insère le nom de Dieu il y a obligation pour l’homme de rentrer en lui-même et de faire le point dans sa vie pour savoir où il en est devant Dieu Mais pour ceux en qui il y avait encore un reste de crainte de Dieu, il n’y avait qu’une explication : Dieu avait parlé.

 

IV – La portée prophétique de ce message.

Et c’est là un aspect à ne pas négliger. Je ne voudrais pas être un coupeur de cheveux en quatre ni abuser du symbolisme. Je sais et j’affirme qu’on ne bâtit pas une doctrine ou un enseignement solides sur des similitudes. En me servant de l’incidence des chiffres et des images, et je dis bien l’incidence, on se trouve projeté d’un seul coup dans les temps de la fin où des moqueurs se lèveront et diront : « Où est la promesse de sa venue et de l’enlèvement de l’Eglise ? … ». Ces temps se sont approchés de nous. Dans les chapitres 11 à 20 de l’Apocalypse  il est aussi question de deux bêtes appelées, l’une, la Bête et l’autre le faux prophète. Elles vont séduire et embrigader la fleur de la jeunesse Occidentale, celle qui n’a pas voulu de Jésus-Christ, celle prophétisée dans le Psaume 2 qui se ligue contre l’Eternel et contre son Christ et qui dit des lois de Dieu et de l’évangile : « Brisons leurs liens, délivrons nous de leurs chaînes... ». Et nous y retrouvons le chiffre 42 cité nommément. Et après 42 mois de moqueries et de sévices contre le peuple de Dieu à Jérusalem, la crème de cette jeunesse sera conduite par ces deux bêtes à Harmaguédon pour y être déchirée. Je n’en dis pas plus sur ce point particulier ; je n’en fait pas un point de doctrine, je le laisse à votre réflexion.

 

Ont-ils tous péri ?

- Je ne sais si les 42 jeunes ont tous péri dans cette pitoyable aventure, mais ceux qui y ont échappé, si toutefois il en est qui ont échappé, ils en ont gardé des cicatrices toute leur vie.

Ne nous y trompons pas, il y a une profanité, une désobéissance à Dieu qui laissent des marques indélébiles. Que les parents donc qui ne veulent pas que les dents de leurs enfants soient agacées, ne mangent pas eux-mêmes les raisins verts de la désobéissance.

-   Un appel retentit aujourd’hui encore : Que le peuple de Dieu, se reconsacre sans réserve au Seigneur Jésus-Christ. Il est notre seul rempart contre des brisements de cœur  qui n’ont point de remède.

Elisée a dû être très affecté tant par les insultes qu’on lui a lancé à la tête que par la sentence qu’il a dû prononcer. S’il y a des larmes au service de Dieu, Il les essuiera. Mais en dehors de Lui, il n’y a que des larmes sans consolation.

Jérémie a fait l’expérience d’un service dont il aurait voulu sortir tant était écrasant le poids des prophéties qu’il était contraint de prononcer. Ecoutez la plainte qu’il fait monter à Dieu  en «20 :7,ss: « Eternel, tu m’as saisi et tu m’as vaincu...je suis chaque jour un sujet de raillerie, tout le monde se moque de moi et ta parole est un sujet de risée tout le jour...j’ai dit : Je ne ferai plus mention de lui, je ne parlerai plus en son nom...mais il y a dans mon coeur comme un feu dévorant renfermé dans mes os, je m’efforce de le contenir mais je ne le puis ».

 

Après avoir répandu son coeur devant Dieu, il prolonge sa pensée dans son livre des Lamentations au chapitre 3 où il conclu : « Voici ce que je veux repasser dans mon coeur...les bontés de Dieu ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin...Il est bon d’attendre dans le silence le secours de l’Eternel ».